Dernière mise à jour à 14h50 le 06/04
C'était un lundi matin au Centre de médecine traditionnelle chinoise (MTC) d'Alger, la capitale de l'Algérie. Le couloir, comme d'habitude, était rempli de patients qui avaient pris rendez-vous au moins six mois à l'avance pour une séance d'acupuncture.
Parmi eux se trouvait Appomata, une Algérienne d'une quarantaine d'années venue traiter sa myélite. D'apparence saine et robuste, on pouvait difficilement imaginer qu'il y a deux mois, elle pouvait à peine bouger son corps, quasiment inerte du cou aux orteils.
"J'étais persuadée de passer le restant de ma vie dans un fauteuil roulant", avoue-t-elle. Mais grâce au traitement d'électro-acupuncture avec les "aiguilles magiques" de Yang Yi, une acupunctrice chinoise, Appomata a pu se redresser après deux semaines et se lever après un mois de traitement.
Accompagnée de son mari et de sa fille, elle est venue cette fois aussi exprimer sa gratitude envers Mme Yang, pour qui elle a même exécuté une danse.
En activité depuis six ans, le centre de MTC de l'hôpital Ben Aknoun d'Alger jouit d'une grande popularité auprès de la population locale. Beaucoup sont étonnés de voir comment une aiguille en métal pouvait soulager leurs douleurs chroniques, alors que la médecine occidentale moderne a montré ses limites pour soigner leurs maux.
"L'acupuncture chinoise est magique", s'émerveille Ayoub Touati, un patient atteint de ténosynovite. Une affection douloureuse qui limite le mouvement des pouces et du poignet en raison de l'inflammation du tendon et de sa gaine. Cet homme de 62 ans avait prévu de subir une intervention chirurgicale en France avant que sa douleur ne soit guérie par Mme Yang avec la méthode dite du "couteau à aiguille".
"J'ai été émerveillé par cette aiguille magique", a dit M. Touati. "Pas de chirurgie, pas de points de suture. En quelques secondes seulement, la douleur est partie".
Yang Yi a dit avoir avait traité environ 20 patients atteints de ténosynovite ces 18 derniers mois, précisant que la plupart d'entre eux avaient été orientés vers elle par d'autres patients.
Elle reçoit habituellement 20 à 30 patients par jour, une lourde charge de travail pour cette femme de 56 ans. Pourtant, elle se sent épanouie de pouvoir aider autant de patients et de promouvoir le traitement médical traditionnel chinois.
"L'acupuncture chinoise a pris racine en Algérie grâce au dévouement continu des équipes médicales chinoises au cours des 60 dernières années", a fait remarquer Mme Yang, membre de la 27e équipe médicale chinoise envoyée en Algérie en 2021 depuis la province centrale du Hubei en Chine.
La Chine a été le premier pays à envoyer une équipe médicale en Algérie après que ce pays a déclaré son indépendance d'avec la France en 1962. Ces 60 dernières années, elle a envoyé plus de 3.500 personnels médicaux dans ce pays d'Afrique du Nord, dont la plupart sont des acupuncteurs et des obstétriciens.
Au cours de ces six décennies, les médecins chinois ont traité environ 27,37 millions de patients en Algérie, effectué environ 1,74 million d'opérations et aidé des Algériennes à mettre au monde 2,07 millions de nouveau-nés.
L'acupunctrice chinoise Yang Yi pose pour une photo avec la patiente algérienne Appomata (droite) au Centre de médecine traditionnelle chinoise (MTC) à Alger, en Algérie, le 8 juin 2022. (Xinhua)
Yang Yi s'est dite fière d'apprendre que les médecins chinois et la MTC ont gagné la reconnaissance et le respect des Algériens pour leurs services dévoués et leurs effets magiques.
Témoignant de l'estime éprouvée à l'égard des équipes médicales chinoises qui se sont succédées en Algérie, elle a raconté qu'une Algérienne de 58 ans a montré une photo prise il y a 27 ans avec les praticiens chinois qui ont soigné sa cheville tordue, en recourant à l'acupuncture.
Arborant la vieille photo, Mme Yang a déclaré que les médecins chinois sur cette image sont encore dans la mémoire des patients algériens qui ont reçu leur aide, ce qui rend "leurs efforts d'autant plus méritoires".
La patiente algérienne a proposé de prendre une nouvelle photo avec Mme Yang et d'autres médecins chinois, affirmant qu'elle conserverait toujours les photos comme témoignage de l'amitié de longue date entre les peuples des deux pays.
Yang Shengyu, la sœur cadette de Yang Yi, également membre du 27e groupe, a dit prévoir de rester pour une troisième mission de deux ans après la fin de sa mission actuelle.
"Je suis heureuse d'avoir pu aider les gens ici", confie-t-elle. "Je suis une personne ordinaire, mais je me sens honorée de pouvoir aider".