Dernière mise à jour à 08h56 le 06/04
"Nous avons déjà vu des opportunités potentielles sur le marché, ce qui nous rend encore plus optimistes quant aux perspectives économiques de la Chine", s'est félicité le chef de L'Oréal Chine, Fabrice Megarbane, lors d'une récente interview accordée à Xinhua. Un constat partagé dans les secteurs représentant les atouts de l'économie française : la beauté et le luxe, l'énergie verte, l'agriculture... tous énergisés en vue d'une relance de la coopération bilatérale dans l'après-pandémie.
REPRISE DE CONSOMMATION
Depuis la première semaine de février, le trafic et les achats des consommateurs chinois ont montré des signes positifs, et L'Oréal s'attend à un rebond progressif à partir du deuxième trimestre ainsi qu'à un retour de l'enthousiasme de consommation dans toutes les catégories, selon M. Megarbane, également président de L'Oréal Asie du Nord.
Le géant des cosmétiques a réalisé en Chine des gains importants de parts de marché en 2022, malgré les difficultés et incertitudes, et prévoit d'atteindre 100 millions de consommateurs chinois supplémentaires d'ici 2030. "A moyen et long termes, la Chine n'est pas seulement un moteur de croissance pour le groupe, mais elle occupe une position stratégique en termes d'innovation, de durabilité et de talents", a-t-il fait savoir.
Pour le PDG de Kering, François-Henri Pinault, "le niveau d'énergie des Chinois (...) est frappant" dans l'après-pandémie. Il est parmi les premiers grands patrons français à retourner en janvier en Chine. "Les centres commerciaux et les rues sont pleins", a-t-il témoigné au Figaro de retour à Paris.
Selon les chiffres du Trésor français publiés en mars, les exportations de luxe ont résisté en 2022 avec une croissance de 2,0 %, et ont plus que doublé par rapport à 2019. "La volonté politique du Parti (communiste chinois) de soutenir la consommation interne est impressionnante, avec une ambition non cachée de porter la Chine à un niveau de croissance bien plus important qu'en 2022", a jugé M. Pinault cité par le quotidien français.
MARCHE CLE POUR L'ENERGIE VERTE
En janvier, l'équipementier automobile français Plastic Omnium a annoncé la création avec le groupe chinois Shenergy d'une coentreprise à Shanghai (est) pour produire et commercialiser des systèmes de stockage d'hydrogène haute pression destinés au marché chinois des véhicules commerciaux. Ils ont également signé un protocole d'accord pour étendre leur coopération à la construction d'éco-systèmes hydrogène.
"En matière d'hydrogène, nous avons commencé très tôt en Chine", a indiqué le directeur général de Plastic Omnium, Laurent Favre, lors d'une interview accordée à Xinhua. "La Chine est un pays où il faut être présent, un pays de grande production, de grande innovation. Nous avons toujours cherché des partenaires à qui nous apportons quelque chose et qui nous aident à connaître le pays."
La Chine constitue "un marché clé pour notre développement futur", a déclaré à Xinhua le responsable du pionnier français de la mobilité hydrogène.
Le gouvernement chinois s'engage à atteindre le pic des émissions de CO2 d'ici 2030 et à parvenir à la neutralité carbone d'ici 2060. Pour Lyazid Benhami, vice-président de l'Association des amitiés franco-chinoises de Paris (AAFCP), face à "la récession économique et l'instabilité (qui) tendent à se généraliser partout à travers le monde, (...) les opportunités liées au développement durable et à la transition énergétique et écologique, ou bien encore le formidable marché intérieur chinois, sont autant de voies à privilégier".
GOUT COMMUN DE L'ART DE LA TABLE
Les dernières statistiques du Trésor français montrent qu'en 2022, la France conserve sa place de premier fournisseur des vins en Chine pour la deuxième année consécutive. Pour Bernard Farges, président du Comité national des interprofessions des vins à appellation d'origine et à indication géographique (CNIV), les perspectives post-pandémie devront être encore plus prometteuses.
"Aujourd'hui, nous percevons des signaux favorables à la reprise économique avec une augmentation des commandes chinoises", a déclaré à Xinhua M. Farges, "le potentiel d'exportation vers ce très grand pays qu'est la Chine est extrêmement important", et le secteur est impatient d'"une relance des collaborations techniques et économiques entre la France et la Chine dans le même état d'esprit d'amitié qui prévalait avant la crise sanitaire".
En France, la filière des vins et spiritueux est le deuxième contributeur à la balance commerciale française. Globalement, la Chine est le troisième plus grand client des vins français. Mais pour certains vignobles, la Chine est le premier marché. Pour Bordeaux par exemple, c'est la Chine qui est en première position en volume, selon le chef de l'association couvrant plus de 95 % de la production vitivinicole française.
M. Farges a particulièrement souligné l'importance de la reconnaissance réciproque d'appellations d'origine entre l'Union européenne et la Chine, une "excellente nouvelle" pour le secteur. Pour lui, l'avancement de la coopération en matière de vin représente aussi "une caractéristique culturelle commune qu'on a entre la Chine et la France, 'l'art de la table'".