Dernière mise à jour à 11h04 le 22/09
Tandis que certains experts de l'Académie chinoise des sciences agricoles tropicales (ACSAT) forment leurs collègues congolais à l'utilisation d'équipements en laboratoire à Haikou, chef-lieu de la province chinoise du Hainan (sud), d'autres spécialistes de l'ACSAT partagent les secrets de la prospérité agricole avec leurs étudiants congolais sur des champs inexploités, tout en leur montrant comment cultiver des plantes telles que le manioc et le maïs au Centre de démonstration des techniques agricoles (CDTA) à la ferme de Kombe à Brazzaville, capitale de la République du Congo.
De Haikou à Brazzaville, les experts chinois sèment les graines de l'espoir dans la communauté locale grâce à leurs accumulations de sagesse en agriculture tropicale, ajoutant ainsi un chapitre dynamique à la coopération agricole sino-congolaise et sino-africaine.
DES CONNAISSANCES ET DES COMPETENCES DURABLES
La République du Congo, qui possède de vastes terres arables et d'abondantes ressources solaires, a longtemps été confrontée à des défis techniques. C'est là que l'ACSAT intervient.
En tant qu'unique institution de recherche nationale consacrée aux études générales en agriculture tropicale, l'ACSAT a envoyé successivement plus de vingt experts au CDTA depuis la construction de ce dernier en 2007.
Ces experts testent et sélectionnent des variétés de cultures tropicales adaptées au sol local, réalisent des démonstrations sur la culture et l'élevage et offrent aux habitants une formation approfondie en matière de connaissances et de compétences agricoles.
"Les talents et les technologies sont nos plus grands atouts. Nous pouvons mobiliser de riches ressources à notre disposition pour favoriser le développement de l'agriculture tropicale en République du Congo", explique Zhou Quanfa, ancien directeur du CDTA.
Pour faciliter l'apprentissage des habitants locaux, M. Zhou et d'autres experts de l'ACSAT ont compilé une "Collection de brochures pour les techniques pratiques de l'agriculture tropicale - 'Sortir des frontières'" en chinois, en anglais et en français, couvrant un large éventail de techniques de culture du manioc, du maïs, des melons ou encore l'élevage de poules pondeuses.
Ces mesures ont profité à de nombreux apprenants, dont André Diakabana Ngoma, qui a suivi des formations sur la culture de la pastèque, du manioc, de légumes et l'élevage de volailles pendant une période prolongée. Selon lui, chaque formation dure 12 ou 20 jours avec des objectifs spécifiques.
En mettant en pratique les compétences acquises, M. Ngoma a cultivé un champ de pastèques et a récolté de premiers bénéfices substantiels. "Je n'avais pas la télévision chez moi. J'en ai acheté une avec ces revenus. Donc, c'est un souvenir," confie-t-il.
Ces cinq dernières années, les experts chinois à Brazzaville ont organisé 29 séances de formation avec 2.205 participants, apportant des techniques de pointe aux agriculteurs et aux responsables locaux pour un développement agricole durable dans le pays.
Paul Valentin Ngobo, ministre congolais de l'Agriculture, de l'Elevage et la Pêche, exprime sa profonde appréciation pour le CDTA. "Le matériel s'abîme, mais c'est la formation des connaissances qui reste pour longtemps", souligne-t-il.
LES FRUITS DE LA COLLABORATION TECHNIQUE
De nombreuses variétés de légumes chinois sont déjà entrées sur les marchés locaux. Parmi elles, certaines cultures auparavant rares au Congo-Brazzaville comme le soja ont gagné en importance.
"Les apprenants ont non seulement vu et cultivé du soja pour la première fois, mais ils ont aussi goûté des produits à base de soja de Chine", relève Huang Xiaoming, un expert de l'ACSAT.
Outre la présence croissante de ces variétés de légumes chinois dans les champs congolais, des percées techniques ont également libéré le potentiel de l'agriculture locale. Ainsi, l'introduction en provenance de Chine de variétés de manioc à haut rendement et résistantes aux maladies a doublé les rendements locaux de manioc par mu (unité de mesure chinoise équivalant à environ 666 m², NDLR) sur 33.000 mu de terres cultivées, alors que le manioc, principale source alimentaire pour 90% de la population congolaise, se produisait seulement autour de 0,6 tonne par mu là-bas. De plus, d'autres ressources de cultures tropicales autochtones sont exploitées, dont 56 variétés de légumes, trois variétés de maïs fruitier et trois variétés de manioc.
En collaboration avec le ministère congolais de l'Agriculture, de l'Elevage et de la Pêche, le CDTA a mis en œuvre le projet "Démonstration et promotion de la technologie industrielle de haute qualité de farine de manioc Chine-Congo (Brazzaville)", qui a permis l'établissement d'une ligne de production de farine de manioc, dans l'espoir d'améliorer le bien-être des agriculteurs.
"Notre objectif est d'introduire les techniques chinoises de production de farine de manioc en République du Congo, en donnant l'exemple à l'industrie locale", explique Li Keming, un expert chinois au CDTA, qui promeut cette technologie.
UN AVENIR PROMETTEUR POUR LA COOPERATION AGRICOLE
La formation agricole et les avancées technologiques bénéficient de plus en plus aux populations locales, soulignant le rôle essentiel du CDTA dans la promotion de la coopération en agriculture tropicale entre la Chine et la République du Congo depuis son lancement officiel en 2012.
Ce centre de démonstration est tellement connu parmi les habitants que beaucoup viennent pour des formations ou des opportunités d'emploi, voire construisent des résidences à proximité en vue d'avoir un accès facile aux connaissances des experts chinois.
"Nous avons toujours considéré le CDTA comme un 'pont' et une 'fenêtre' par lesquels nous sommes intimement liés à l'Afrique", dit M. Zhou.
En novembre, la Chine accueillera le 2e Forum sur la coopération agricole sino-africaine à Hainan. La Chine et la République du Congo espèrent tirer parti de ce forum pour renforcer le développement mutuel, approfondir la coopération en matière d'investissement et de commerce agricoles, ainsi que créer un meilleur plan pour la coopération agricole bilatérale.
M. Ngobo s'attend à ce que les experts chinois partagent également leur expérience en matière de gestion, en plus des techniques agricoles, favorisant ainsi la modernisation de l'agriculture congolaise. "S'il y a un élément que l'on ne peut pas enlever à la Chine, c'est sa volonté de partager avec les autres", assure le ministre congolais.