Au milieu des tensions croissantes sur la péninsule coréenne et des accusations américaines contre la Chine concernant la cyber-sécurité, John Kerry entamera samedi sa première visite en Chine en tant que secrétaire d'Etat américain.
Sa visite intervient moins d'un mois après celle du secrétaire au Trésor américain Jacob Lew, au cours de laquelle les nouveaux dirigeants de la Chine ont réaffirmé leurs engagements à faire progresser le partenariat de coopération basé sur le respect et le bénéfice mutuels.
Après l'entrée en fonctions de la nouvelle direction de la Chine et le début du second mandat du président Obama, les relations sino-américaines se situent actuellement à un nouveau carrefour suite aux récents remaniements gouvernementaux des deux pays.
Le nouveau président chinois Xi Jinping et son homologue américain Barack Obama ont tous deux adopté l'idée de chercher un nouveau modèle de relation qui défie la théorie traditionnelle à somme nulle, selon laquelle une puissance émergente est destinée à confronter la puissance existante.
L'amélioration des relations sino-américaines au cours des dernières décennies démontre qu'un tel objectif est non seulement réaliste, mais bien réalisable, si chacun des deux pays continue de respecter les intérêts fondamentaux et les préoccupations majeures de l'autre et de résoudre de façon appropriée leurs différends.
Malgré des divergences sur diverses questions telles que le commerce, les droits de l'Homme, la cyber-sécurité et les disputes territoriales en Asie, la Chine et les Etats-Unis partagent, entre autres, un large éventail d'intérêts dans la promotion de la croissance économique mondiale, le maintien de la paix régionale et mondiale, la lutte contre le réchauffement climatique, la lutte anti-terrorisme.
La prochaine tournée de M. Kerry en Asie, qui comprend des visites en Corée du Sud et au Japon, revêt une importance particulière en raison de l'escalade dangereuse des tensions sur la péninsule coréenne, qui menacent la paix et la stabilité de l'Asie-Pacifique.
Washington et Beijing ont des intérêts communs dans la prévention de toute perte de contrôle de la situation, qui pourrait émerger de malentendus et de mauvais calculs.
La Chine s'oppose à toute action qui pourrait aggraver les tensions dans la péninsule, tout en exhortant les parties concernées à se réconcilier et à coopérer.
Au cours du séjour de M. Kerry à Beijing, les deux côtés devraient également fixer les détails de la poursuite des consultations bilatérales et les mécanismes de dialogue, dont le plus important est le Dialogue stratégique et économique annuel, et le renforcement de la coordination au sein des cadres multilatéraux tels que le G20 et la Coopération économique Asie-Pacifique, afin d'améliorer la gouvernance économique mondiale et atteindre une croissance forte, durable et équilibrée de l'économie mondiale.
En tant qu'expert de la politique étrangère de Washington et exécuteur en chef des politiques sur la Chine de l'administration Obama, M. Kerry devrait jouer un rôle important dans la promotion des relations sino-américaines dans une perspective stratégique à long terme, en renforçant les dialogues bilatéraux, la confiance mutuelle et la coopération.
Un optimisme renouvelé a été ressenti en janvier par rapport aux relations sino-américaines quand M. Kerry a fait remarquer, lors d'une audience au Sénat sur sa nomination, qu'en dépit de la concurrence économique avec la Chine et de nombreux autres différends, les Etats-Unis ne devraient pas considérer la Chine comme un adversaire.
Il croit qu'il est critique pour Washington de renforcer la coopération avec la Chine sur un certain nombre de questions telles que le dossier nucléaire de la péninsule coréenne, le programme nucléaire iranien et le changement climatique.
En outre, M. Kerry a mis en garde contre la montée en puissance de l'armée américaine dans le cadre de son "pivot" vers la région de l'Asie-Pacifique, affirmant que cela pourrait mener la Chine à avoir des doutes sur la tentative américaine de l'encercler militairement.
Alors que les politiciens américains tentent de baisser le ton au Sénat afin d'éviter toute controverse inutile afin de gagner la confiance de M. Kerry, il ne reste qu'à attendre pour voir si ce dernier transformera ses paroles en actes pour l'avenir des relations sino-américaines.