En 2011, le gouvernement chinois a mis en place un mécanisme de récompense pendant cinq ans pour soutenir la protection des prairies dans huit provinces, notamment en Mongolie intérieure et dans le Xinjiang.
Les principaux objectifs consistent à tenter de résoudre les problèmes de dégradation environnementale, de fragilisation du système écologique, de la baisse des emplois et des revenus des éleveurs, causés surtout par le surpâturage et le manque d'investissement.
Aujourd'hui, en réduisant l'élevage des animaux, on assiste à une certaine amélioration environnementale. Cependant, il est encore difficile de restaurer le système écologique en si peu de temps.
La Mongolie intérieure, avec les plus grandes zones pastorales et le meilleur résultat au niveau de la protection environnementale pendant quatre années consécutives, permet des cas d'études concrets pour démontrer la nécessité de prolongation du mécanisme de récompense.
Un mouton pour 5.33 hectares de pâturage
La famille de Rinchen, installée à Gacha, est considérée comme un ménage rural pauvre. En 2000, ses animaux sont tous morts dans une grande inondation qui a aussi causé des dettes importantes. Jusqu'en 2010, l'éleveur vivait avec peu de revenus provenant de la location des 700 hectares de terrain loués aux autres bergers.
Depuis 2011, avec la mise en place d'un système de récompense, la famille peut percevoir chaque année 60 000 yuans d'indemnité pour récompenser la réduction du nombre des animaux, avec la mesure d'un mouton pour 5.33 hectares de terrain. Cet argent a permis à Rinchen d'acheter plus de brebis pour s'enrichir.
A Xilin Gol, le gouvernement subventionne annuellement 6.36 yuans par acre chinois dans les zones d'interdiction de pâturage, et 1.71 yuan dans les zones d'équilibrage. Au cours des quatre dernières années, le gouvernement central a versé au total plus de 16 milliards de yuans à la Mongolie intérieure, plus 4 milliards de yuans provenant de la province. La surface totale des zones protégées a atteint 68 milliards d'hectares, bénéficiant à 1.46 million de familles et à 5.34 millions d'éleveurs.
Un calcul de récompense flexible
La famille de Wuyundalai vit à Changtu Gacha, aux frontières de la Mongolie. Douze membres de la famille gèrent une surface de 3 000 hectares de terrain avec 1200 brebis qui donnent chaque année naissance à 800 agneaux. Avec la mise en place des zones d'interdiction de pâturage, le nombre de brebis a été réduit à 700, mais les revenus de la famille n'ont pas été diminués, notamment avec 80 000 yuans d'indemnités par an. Les membres se sentent également plus à l'aise à gérer les troupeaux avec des coûts moindres.
«Auparavant, les éleveurs préféraient augmenter le nombre de moutons, ce qui a considérablement affecté la qualité des prairies tout en alourdissant leurs dépenses», a souligné le directeur adjoint du Bureau de l'agriculture et de l'élevage de Dong Ujimqin Banner. En Mongolie intérieure, la surface de zones de prairies exploitables par habitant varie entre 20 et 267 hectares, alors que l'écart du revenu peut être multiplié par 10.
Actuellement, le calcul des indemnités est basé sur les critères de 2010. Or, le changement des prix et l'augmentation des coûts ces dernières années exigent une actualisation des calculs. Par exemple, en 2013, un kilo de viande de mouton se vendait 62 yuans, et en 2014 le prix a chuté à 19.5 yuans, tandis que les coûts ont augmenté. Des experts ont conseillé de prendre aussi en considération l'inflation et autres facteurs économiques pour rendre le principe de récompense plus flexible.
Comment stabiliser un mécanisme à long terme ?
Depuis 2011, la Mongolie intérieure a établi un système de suivi sur les changements environnementaux et les conditions de travail et de vie pour les 120 familles d'élevage.
Les études montrent que la récupération et la restauration du système écologique dans les zones de pâturage prendront plus de temps que prévu, notamment dans les régions désertifiées. En se rapprochant de la phase de 5 ans, le système de récompense est loin d'atteindre son objectif en vue des cycles de production pastorale souvent très longs.
Aujourd'hui, de nombreux éleveurs hésitent à réduire davantage le nombre d'animaux en attendant les réactions du gouvernement. Certains experts s'inquiètent aussi d'une possible régression écologique une fois ce mécanisme atteindra son terme.
« A long terme, l'objectif des autorités est de permettre aux prairies de pâturage de se restaurer pour être utilisées de manière plus raisonnable », ont indiqué des spécialistes agricoles. Il est désormais nécessaire d'établir certaines planifications dans l'agenda de l'Etat.
Une transition de l'interdiction totale des prairies de pâturage vers l'interdiction périodique devrait être également mise en place, selon le directeur adjoint du Bureau de l'agriculture et de l'élevage du ministère des finances de Mongolie intérieure, afin d'établir l'équilibre entre la protection de l'environnement et le développement économique.