Les patrouilles d'un navire américain en mer de Chine méridionale menacent la paix dans la région

Les patrouilles effectuées par un navire américain au large des îles chinoises de Nansha, en mer de Chine méridionale, menacent gravement la paix et la stabilité de la région Asie-Pacifique, ont estimé des experts de politique étrangère et des observateurs des politiques régionales.

Mardi dernier, le destroyer américain USS Lassen s'est approché du récif de Zhubi sans autorisation du gouvernement chinois.

La Chine participe actuellement à des consultations actives avec ses partenaires de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ASEAN) en vue de rédiger un code de conduite en mer de Chine méridionale fondé sur le consensus établi dans une déclaration conjointe sur ce dossier, a indiqué Qian Feng, vice-président du quotidien thaïlandais Asian Daily.

C'est dans ce contexte que le navire américain est entré dans les eaux au large des îles chinoises en mer de Chine méridionale de manière remarquée, a poursuivi M. Qian.

Ce geste des Etats-Unis représente une violation ouverte du consensus conclu entre les dirigeants des deux pays il y a quelques jours et il s'agit d'une provocation à l'égard de la position de la Chine sur la mer de Chine méridionale, a-t-il estimé.

Etant donné que ce passage n'était pas "innocent", la patrouille navale américaine a violé le droit international et peut créer un précédent dangereux, a ajouté M. Qian.

Chheang Vannarith, président de l'Institut cambodgien d'études stratégiques, a indiqué que cet acte américain visait à remettre en cause les revendications de Beijing sur la mer de Chine méridionale et pourrait attiser les tensions dans la région.

Joseph Matthews, directeur du département de la coopération internationale de l'Université Asia Euro de Phnom Penh, a estimé que la décision américaine d'entrer dans les eaux de la mer de Chine méridionale visait à étaler la puissance navale de Washington, ce qui est absolument inutile.

Il a indiqué que l'ASEAN devait s'opposer à l'unanimité à cette action américaine et la condamner, car il s'agit d'un acte d'ingérence dans les affaires régionales.

"Si les pays régionaux ont des disputes maritimes ou terrestres, il vaut mieux les résoudre par l'intermédiaire de négociations bilatérales sans ingérence d'une troisième partie", a-t-il indiqué.

Cet acte des Etats-Unis est une "erreur stratégique", car seuls quelques pays de la région pourraient soutenir cette action américaine, tandis que beaucoup d'autres adopteront une position prudente, a estimé Tseng Hui-yi, chercheur associé de l'Institut de l'Asie de l'Est de l'Université nationale de Singapour.

Soulignant que la patrouille de mardi n'était pas un incident isolé, Huang Xiaoming, professeur de politique internationale à l'Université Victoria de Wellington, en Nouvelle-Zélande, a indiqué que depuis que Washington avait commencé à opérer son rééquilibrage stratégique vers l'Asie, certains avaient appelé le gouvernement à renforcer la présence militaire américaine en Asie afin d'y asseoir les intérêts des Etats-Unis, et les manoeuvres américaines en mer de Chine méridionale visent en réalité à tester la réponse de la Chine.

Madhav Nalapat, professeur de relations internationales à l'Université de Manipal en Inde, a indiqué que le dossier de la mer de Chine méridionale servait d'instrument pour renforcer les relations militaires entre certains pays d'Asie et les Etats-Unis.

La patrouille navale américaine de mardi est simplement un moyen pour les Etats-Unis de dire : "Je suis plus puissant que la Chine", a ajouté M. Nalapat.

Un autre analyste stratégique indien, Ramesh Chopra, a indiqué que la Chine et les Etats-Unis devaient mettre en place suffisamment de canaux de communications pour éviter des incidents inattendus en ce qui concerne la mer de Chine méridionale.

Ibrahim Yusuf, président du conseil d'administration du Conseil indonésien sur les affaires étrangères, a exprimé l'espoir que les pays concernés puissent tenir compte des préoccupations des pays riverains de la mer de Chine méridionale et résoudre leurs différends par des moyens diplomatiques.