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Chine-Afrique : les pays africains plaident pour une coopération axée sur l'intégration économique continentale

Xinhua | 05.12.2015 10h02

Le sommet des chefs d'Etat et de gouvernement du Forum sur la coopération sino-africaine (FCSA) qui se tient vendredi et samedi à Sandton, en Afrique du Sud, marquera une nouvelle étape dans le renforcement des relations entre la Chine et l'Afrique, qui devrait favoriser l'intégration économique du continent, ont estimé les participants à cette rencontre.

Organisé en Afrique pour la première fois depuis la création du FCSA en 2000, ce sommet sur le thème "La Chine et l'Afrique avancent ensemble : coopération gagnant-gagnant pour un développement commun" réunit plus d'une quarantaine de chefs d'Etat et de gouvernement africains et le président chinois Xi Jinping.

Dans un entretien accordé à Xinhua, la ministre nigérienne des Affaires étrangères, Aichatou Biulama Kané, a estimé que beaucoup de choses changeraient dans le monde à partir de 2015 compte tenu de l'adoption des Objectifs de développement durable (ODD) et du sommet qui se tient actuellement à Paris sur les changements climatiques.

"Je pense que la coopération sera renforcée, compte tenu des réunions qui viennent d'avoir lieu. Le Plan d'action que nos chefs d'Etat adopteront renforcera l'ancien Plan d'action et sera plus axé sur les questions qui préoccupent les deux parties", a-t-elle indiqué.

Le sommet devrait aboutir à l'adoption par les dirigeants africains et chinois d'une déclaration politique et d'un nouveau Plan d'action triennal 2016-2018, documents déjà approuvés jeudi lors d'une réunion ministérielle à Pretoria qui mettent l'accent sur les infrastructures, le commerce, l'industrie, la formation professionnelle et technique, la paix et la sécurité.

Pour le ministre togolais des Affaires étrangères, Robert Dussey, les Africains doivent "tenir un langage d'amitié et de vérité avec les partenaires chinois" et les attentes sont élevées, car l'Afrique est en pleine croissance.

MOTEUR DE L'ECONOMIE MONDIALE

"Nous pensons que nous pouvons être le moteur de l'économie mondiale avec la Chine. Nous souhaitons que la Chine nous aide, mais nous devons aussi apprendre à nous prendre en main. C'est aux Africains ou aux Togolais d'avoir une vision pour leur pays ou pour leur continent et de demander à la Chine de nous aider à réaliser cette vision", a ajouté M. Dussey.

La Chine et l'Afrique comptent environ 2,4 milliards d'habitants, soit un peu plus du tiers de la population mondiale. Selon les statistiques officielles, le volume de leurs échanges s'élève à quelque 300 milliards de dollars en 2015, contre 6,484 milliards en 1999.

"Au Togo, nous pensons que l'expertise chinoise est importante, en particulier dans le domaine agricole. La Chine nous soutient énormément dans les domaines des infrastructures et de l'énergie, qui est aujourd'hui une priorité du gouvernement togolais. Ces trois points essentiels sont pour nous un nouvel axe sur lequel la coopération sino-togolaise peut s'orienter", a-t-il ajouté.

Au Togo, la Chine a ainsi participé aux projets de construction du palais présidentiel, du stade Omnisports, de l'aéroport international de Lomé et de routes et d'autoroutes.

La ministre rwandaise des Affaires étrangères, Louise Mushikiwabo, a pour sa part salué le rôle que la Chine joue sur le continent dans le développement, car la Chine dépense des milliards de dollars en Afrique dans de multiples projets dont tous les pays africains bénéficient, y compris le Rwanda.

"On ne peut trouver mieux en matière de coopération, de déblocage rapide de fonds et d'amitié, car la Chine est un pays qui a des liens historiques avec l'Afrique et qui a un modèle de coopération assez particulier, qui tient compte des priorités des pays et leur témoigne aussi beaucoup de respect", a-t-elle estimé.

Sur les 55 pays que compte l'Afrique, 51 sont membres du FCSA. "La Chine a aidé la Guinée-Bissau après son accession à l'indépendance. Les premiers cadres bissau-guinéens ont été formés en Chine. Aujourd'hui, nous sommes satisfaits de cette relation", indique à son tour le ministre des Affaires étrangères, Artur Silva.

"Nous travaillons dans les secteurs de production, en particulier le secteur agricole : une équipe travaille avec le gouvernement dans ce secteur. D'autres domaines de coopération sont la pêche et la construction d'infrastructures", a-t-il précisé.

Depuis 2009, le géant asiatique est titré le premier partenaire commercial de l'Afrique. Cependant, "certains aspects doivent être améliorés, surtout dans le cadre du partenariat entre les Etats, mais aussi avec le secteur privé", a estimé M. Silva. "Il faut donner un espace au secteur privé", a-t-il souligné.

ENTREPRENARIAT AFRICAIN

"Les relations entre les Etats se développent bien, mais le potentiel de partenariat entre les entreprises africaines et chinoises doit être pris en compte pour renforcer cette coopération [...]. Le secteur privé est le moteur économique pour faire avancer certaines questions. En Afrique, la population est très jeune. Pour qu'il y ait des emplois, un pays doit être suffisamment solide pour agir", a indiqué M. Silva.

Robert Dussey a pour sa part souhaité que la main-d'oeuvre africaine soit davantage associée aux projets chinois.

Lors de la sixième réunion ministérielle du FCSA qui a eu lieu jeudi à Pretoria, le ministre sénégalais des Affaires étrangères, Mankeur Ndiaye, a surtout plaidé pour l'orientation de cette coopération vers l'intégration économique africaine, objectif poursuivi par l'Union africaine (UA) depuis sa création en 2002 après plus de 40 ans de résultats mitigés de l'Organisation de l'unité africaine (OUA).

"L'intégration régionale est un pilier très important et c'est l'un des domaines prioritaires de la coopération définie par la Chine et par l'Afrique", a-t-il indiqué à Xinhua.

Pour son homologue rwandaise, les pays africains doivent tirer parti de la coopération chinoise pas seulement d'un point de vue bilatéral, mais aussi pour faire avancer leur intégration continetale, un objectif extrêmement important, en particulier dans le domaine des infrastructures, où la Chine travaille beaucoup sur le continent. Pour être efficaces, les projets d'infrastructures doivent être intégrés dans une vision régionale, et non uniquement nationale, a-t-elle souligné.

C'est notamment le cas de grands projets de chemin de fer visant à relier plusieurs pays d'Afrique de l'Est.

Cette coopération serait particulièrement bénéfique pour le financement de projets dans le cadre du Programme de développement des infrastructures en Afrique (PIDA) en cours et du premier programme décennal 2013-2023 de l'Agenda 2063 de l'UA.

(Rédacteurs :Qian HE, Yin GAO)
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