Pourquoi la France envoie à nouveau le « Charles de Gaulle » frapper l'Etat islamique

Récemment, la présidence française a annoncé dans un communiqué que la France va de nouveau envoyer le porte-avions à propulsion nucléaire « Charles de Gaulle » pour lutter contre l'Etat islamique.

Ce n'est pas la première fois que le porte-avions « Charles de Gaulle » participe à la lutte contre l'Etat islamique. Au début de janvier de cette année, le navire avait quitté le port français de Toulon, et était arrivé à la mi-février dans la région du Golfe persique. A cette époque, du 23 février au 18 avril, les chasseurs basés à bord porte-avions avaient décollé en permanence, allant au-dessus de l'Irak pour effectuer des tâches militaires contre l'Etat islamique.

Après un délai de plusieurs mois, pourquoi la France envoie-t-elle le « Charles de Gaulle » en Méditerranée? Ici, il y a clairement des considérations à la fois politiques et militaires.

Nous nous souvenons tous qu'il n'y a pas si longtemps, 17 pays avaient participé en Autriche, à Vienne, à des pourparlers multilatéraux de niveau de ministre des affaires étrangères sur la crise syrienne. Parce que les parties participantes n'avaient pas réussi à parvenir à un accord sur la question concernant le sort du président syrien Bachar el-Assad, les négociations n'avaient finalement pas réussi à obtenir de progrès substantiels. Toutefois, à ce stade, les Etats-Unis ont annoncé qu'ils enverraient un peu moins d'une cinquantaine de membres des forces spéciales en Syrie. Pourquoi ? C'est bien sûr pour renforcer la puissance militaire américaine en Syrie, et pouvoir s'asseoir plus facilement à la table des négociations pour négocier avec la Russie et l'Iran.

Sur la question du sort de Bachar al-Assad, la position de la France est similaire avec celle des Etats-Unis. Les dirigeants français souligné à plusieurs reprises que Bachar el-Assad ne saurait représenter l'avenir de la Syrie. Donc, peu importe quel genre d'action les Etats-Unis peuvent entreprendre en Syrie, les Français sont prêts à coopérer. Les Etats-Unis ont envoyé des forces spéciales, la France devait donc naturellement faire quelque chose. C'est pourquoi elle a de nouveau envoyé le porte-avions « Charles de Gaulle » au Moyen-Orient. Indépendamment du fait que le groupe de combat du porte-avions puisse finalement jouer ou non un grand rôle, tout au moins peut-il jouer un rôle symbolique, celui de la solidarité avec les alliés.

Les négociations internationales sur la question syrienne se poursuivront. La France saisit l'occasion de l'envoi du porte-avions à ce moment pour montrer sa force, afin d'accroître son poids dans les négociations sur la crise syrienne. En ce moment, les forces aériennes russes continuent à cibler l'Etat islamique en Syrie avec des frappes aériennes de grande envergure. Des navires de guerre russes croisent en Méditerranée, livrant des équipements et des fournitures à la base navale de Lattaquié. L'Iran a également envoyé des conseillers militaires pour guider les opérations de l'armée syrienne. La position de la Russie et de l'Iran sur Bachar el-Assad est très claire. L'arrivée du porte-avions français va naturellement renforcer la pression sur ces rivaux potentiels.

L'envoi d'un porte-avions au Moyen-Orient obéit également à des considérations militaires. En septembre de cette année, la France a annoncé le début de frappes aériennes sur l'Etat islamique en Syrie. Ces raids s'appuient pour le moment principalement sur le concours de 6 chasseurs Rafale stationnés dans les Emirats arabes unis et de 6 chasseurs Mirage stationnés en Jordanie. L'arrivée du porte-avions « Charles de Gaulle » permettra d'améliorer grandement l'efficacité de l'armée française au combat. Le navire emporte en effet un total de 12 chasseurs Rafale, 9 chasseurs Super-Etendard et un avion d'alerte précoce E-2C « Hawkeye ». Le Charles de Gaulle est également accompagné de plusieurs frégates et d'un navire de ravitaillement. Cette force va permettre d'atteindre les forces de l'État islamique ancrées dans le Nord-est de la Syrie et le Nord-ouest de l'Irak.

Toutefois, s'appuyer sur la seule utilisation de forces navales et aériennes pour combattre les forces terroristes retranchées en Syrie ne pourra absolument pas fondamentalement inverser la situation, il faut aussi pour cela une offensive terrestre de troupes au sol, coordonnée avec les forces aériennes, pour espérer y parvenir. En Syrie, celles qui sont les plus puissantes pour contribuer à la lutte contre l'État islamique, ce sont les forces gouvernementales syriennes. Si l'Occident veut vaincre au plus vite l'Etat islamique, il devrait s'efforcer d'aider le gouvernement syrien et l'opposition modérée à parvenir à une réconciliation politique. Mais s'il s'empêtre aveuglément dans le problème du sort de Bachar el-Assad, il perdra le meilleur moment pour frapper l'État islamique et d'autres organisations terroristes.