Dernière mise à jour à 08h07 le 01/04
Alors que le 4e Sommet sur la sécurité nucléaire (SSN) se déroule à Washington, les dirigeants des principales puissances nucléaires de la planète martèlent que la sécurité est essentielle au bon développement de cette industrie et ont promis de la renforcer ensemble.
"La sûreté et la sécurité ont toujours été la première préoccupation de l'industrie nucléaire et nous attachons une grande importance à la sécurité dans nos opérations quotidiennes", a assuré Sun Qin, président du conseil de la China National Nuclear Corporation (CNNC).
M. Sun s'exprimait mercredi à l'occasion du Sommet de l'industrie nucléaire (NIS 2016), qui se tient en marge du SSN. Plus de 300 représentants de l'industrie nucléaire étaient présents pour discuter de questions de sécurité au sein de leur filière.
Le point de vue de M. Sun a été partagé par de nombreux participants.
"La nature même des matériaux que nous devons traiter nous pousse à placer la sûreté et la sécurité au plus haut niveau", a ainsi renchéri Thomas Häberle, PDG de la société britannique URENCO.
"Nous continuons de nous battre et d'adapter nos process aux nouveaux défis. La sûreté et la sécurité sont des objectifs mouvants et nous devons faire sans cesse des efforts pour les atteindre et cela du mieux possible. C'est la nature de notre activité", a-t-il ajouté.
Il est notable que la technologie et les matériaux nucléaires apportent une contribution vitale à la société moderne grâce à leurs applications dans l'industrie, la médecine, l'agriculture, la recherche et bien d'autres domaines.
Selon l'Institut de l'énergie nucléaire (NEI), l'énergie nucléaire fournit aujourd'hui 12% de l'électricité du monde et possède l'une des plus faibles empreintes carbone parmi les principales sources d'énergie.
Or, l'environnement de la sécurité nucléaire dans le monde est plus menacé que jamais, estime Sam Nunn, PDG du groupe de surveillance anti-prolifération Nuclear Threat Initiative. Et de citer "la hausse des attaques brutales de l'Etat islamique et d'autres organisations, qui font surgir le spectre d'un terrorisme nucléaire catastrophique au cas où des extrémistes violents feraient main basse sur de dangereux matériaux nucléaires ou bactériologiques".
En outre, l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a récemment déclaré que près de 2.800 incidents impliquant des matières radioactives hors des contrôles réglementaires lui avaient été signalés depuis 1995.
"Tenir la promesse d'avoir des technologies nucléaires utilisées à des fins commerciales et en faire bénéficier les avantages à encore plus de gens dans le monde reposent sur ce fondement inébranlable : la sûreté et la sécurité. C'est essentiel à tout ce que nous faisons", assure Marvin Fertel, PDG du NEI.
Les responsables de l'industrie nucléaire présents à Washington ont mis en avant deux grands domaines qu'ils ont besoin de gérer à l'heure actuelle : la lutte contre la menace croissante des cyberattaques et la sécurisation des matières nucléaires et radiologiques lors de leur utilisation, de leur stockage et de leur transport.
"La gestion des cyber-menaces est une grande préoccupation pour l'industrie dans le monde entier et cela implique des menaces pesant non seulement sur des informations nucléaires sensibles, mais aussi sur les contrôles et les process dans les installations nucléaires", a ajouté M. Fertel, qui préside par ailleurs le NIS 2016.
"L'industrie doit veiller à ce que tous les règlements visant à protéger ces matériaux et installations soient efficaces et elle doit non seulement observer ces exigences, mais aussi viser l'excellence", a-t-il dit.
En ce qui concerne la gestion des matières nucléaires, M. Fertel a noté que l'industrie devrait "continuer de réduire au minimum l'utilisation d'uranium hautement enrichi dans les laboratoires de recherche et les sites de production d'isotopes". Elle doit aussi "faire la transition, dès que possible, vers l'uranium faiblement enrichi tout en s'assurant que la production de ces isotopes très importants puisse se poursuivre sur ces sites".
Des progrès ont déjà été faits dans certains pays. Par exemple, un réacteur nucléaire en Chine a atteint sa capacité opérationnelle totale après être passé ce mois-ci de l'uranium hautement enrichi à l'uranium faiblement enrichi, selon M. Sun.
Des experts estiment qu'il y encore la marge pour améliorer la sécurité nucléaire.
"L'industrie doit également prendre des mesures pour renforcer la sécurité en mettant l'accent sur la culture de sécurité, en dispensant une formation professionnelle permanente, en développant des systèmes pour tester la sécurité de façon régulière et en promouvant les meilleures pratiques", a dit M. Nunn.