Dernière mise à jour à 08h31 le 14/07
Le sinologue français Pierre Picquart a qualifié d'"excessivement dangereuse" la décision rendue mardi par la Cour permanente d'arbitrage (CPA) de La Haye (Pays-Bas) en vertu de laquelle la Chine n'a pas de "droits historiques" sur la majorité des eaux stratégiques de la mer de Chine méridionale.
"La décision du tribunal de La Haye est excessivement dangereuse" dans la mesure où "elle risque d'alimenter des alliances de tierces parties et des sentiments anti-chinois au détriment de la paix en mer de Chine méridionale et dans le monde", a estimé le géopolitologue spécialiste de la Chine dans un entretien accordé à l'agence Xinhua.
La CPA a rendu sa décision mardi suite à la procédure initiée unilatéralement en 2013 par les Philippines contre la Chine concernant leur litige en mer de Chine méridionale, soulignant que la Chine n'avait pas de "droits historiques" sur la majorité de cette mer et qu'elle avait "violé les droits souverains" des Philippines.
"Refusant les droits historiques et légitimes de la Chine, cette décision sera très lourde de conséquences", a prévenu M. Picquart.
En effet, selon l'universitaire français, les rivaux de la Chine "vont profiter de cette décision pour favoriser des conflits locaux, la livraison d'armements aux petits pays et attiser les tensions territoriales en mer de Chine méridionale".
"Si certains responsables aux Etats-Unis, en Europe ou ailleurs n'oseront pas s'attaquer directement à la Chine, ils pourraient être tentés de la faire via des pays tiers et aux dépends des voisins de la Chine", a-t-il expliqué.
Et le spécialiste du monde chinois a rappelé que "la Chine a été habituée à subir dans son passé, des invasions occidentales ou japonaises, des découpages territoriaux, des traités injustes et illégaux, notamment après la défaite du Japon et la Seconde Guerre mondiale".
"La Chine se voit comme un pays pacifique", a souligné M. Picquart, notant qu'elle "a toujours valorisé le développement économique, les échanges commerciaux et le progrès humain, aux dépends des conflits et des guerres".
"La Chine, qui se veut éprise de paix, devrait rejeter fermement cette décision qui va à l'opposé d'un règlement pacifique", a poursuivi le sinologue pour qui accepter cette décision risquerait de conduire à "une escalade dangereuse dans la région, y compris pour les petits pays pris en otage, aux dépends de la paix".
"Les pourparlers entre la Chine et les Philippines doivent être soutenus par des dialogues bilatéraux" et "contester les droits de la Chine en mer de Chine est totalement absurde, dangereux et nuirait à la paix", a conclu le géopolitologue français.
Les autorités chinoises ont déclaré mardi qu'elles n'accepteraient aucune proposition ou action basée sur la décision du tribunal arbitral sur la question de la mer de Chine méridionale.