Dernière mise à jour à 09h07 le 15/07
Le refus de la Chine de participer à l'arbitrage initié unilatéralement par les Philippines devant la Cour d'arbitrage de La Haye (Hollande) sur leur litige en mer de Chine méridionale, est approuvé par plusieurs analystes maliens.
A l'instar de nombreux "pays amis" de la Chine à travers le monde, ils sont convaincus que les îles au cœur du litige font partie de son "territoire historique" où la souveraineté chinoise est incontestable.
Convaincus que les Etats-Unis sont derrière la procédure engagée par les Philippines, des diplomates maliens n'ont pas souhaité s'exprimer officiellement sur la question.
N'empêche qu'ils ont presque tous rappelé que le Mali a toujours manifesté un "soutien indéfectible" à la Chine dans les litiges frontaliers et de souveraineté. A leur avis, dans le cas des îles de la Mer de Chine méridionale, le "dialogue bilatéral était plus approprié que la Cour d'arbitrage".
Et ils sont convaincus que "le soutien du Mali à la Chine ne va pas changer maintenant au moment où la coopération sino-malienne a franchi un palier important ces des dernières années". D'autant que "la Chine continue à accompagner le gouvernement malien dans ses efforts pour sauvegarder son intégrité territoriale et l'unité nationale, ainsi que dans sa reconstruction nationale à travers la relance économique", comme l'a réaffirmé l'ambassadeur de Chine au Mali, Mme LU Huiyin, lors d'une réception à l'occasion du 66e anniversaire de la fondation de la République populaire.
"Le refus de la République populaire de Chine d'accepter la procédure d'arbitrage initiée unilatéralement par les Philippines concernant des îles en mer de Chine méridionale est raisonnable et légitime", souligne Salif Cissé, professeur de relations internationale et chargé de cours dans de nombreux établissement supérieurs privés du Mali.
Comme beaucoup d'experts à travers le monde, il est d'avis que la Cour permanente d'arbitrage (CPA) de La Haye (Pays-Bas) "abuse du mandat qui lui a été confié par la Convention des Nations unies sur le droit de la mer (CNUDM) en s'impliquant dans un différend territorial qui n'est pas de son ressort".
Pour M. Cissé, "l'arbitrage en mer de Chine méridionale ne fera qu'empirer les tensions entre les voisins et mettre ainsi en danger la paix et la stabilité en mer de Chine méridionale".
Des analystes interrogés pensent que les Philippines ont cédé à la pression des Etats-Unis pour porter plainte contre Beijing. L'objectif étant "d'empêcher l'ascension de la Chine".
"La mer de Chine méridionale est une voie stratégique de navigation convoitée par les Américains qui ont poussé des voisins de la Chine à des revendications territoriales", souligne un diplomate africain en poste à Bamako.
Ce dernier est convaincu que, sans la pression américaine, les deux pays peuvent trouver un terrain d'entente sur la base des accords bilatéraux et de la Déclaration sur la conduite des parties en mer de Chine méridionale (DOC). Ce cadre juridique offre à la Chine et aux Philippines une base de négociation pour résoudre leurs différends.
La décision du tribunal arbitral risque surtout de semer la division au sein des Etats membres de l'Association des Nations de l'Asie du Sud-Est (ASEAN) dont les relations avec la Chine peuvent être compromises.
"Sur cette question épineuse et complexe, mon sentiment est que les rapports bilatéraux et les discussions entre les parties devraient être priorisés. Les questions maritimes notamment les aspects liés aux limites de souveraineté ne sont pas faciles et les procédures d'arbitrage ou judiciaires peuvent difficilement satisfaire les parties", rappelle Moussa Mara, leader politique et ancien Premier ministre du Mali.
"Je reste un partisan des vieilles habitudes diplomatiques bilatérales. Entre amis, entre époux comme entre nations, le dialogue direct est souvent la solution. On dit bien qu'un mauvais arrangement vaut mieux qu'un bon procès. Cela est valable pour ce cas", conclut-il.