Dernière mise à jour à 08h31 le 09/04
Autrefois petit port de pêche peu connu du monde extérieur, Boao, dans la province chinoise du Hainan (sud), a acquis aujourd'hui une réputation de "Davos asiatique" à l'occasion du Forum annuel de Boao pour l'Asie.
Le président chinois Xi Jinping prononcera cette année le discours inaugural à l'occasion de cet événement de quatre jours qui a débuté dimanche sous le thème "Une Asie ouverte et innovante pour un monde plus prospère".
Lancé en 2001, le forum a toujours servi de plateforme pour forger un consensus asiatique, promouvoir la coopération régionale et renforcer l'influence du continent sur la scène mondiale.
Le mot "Asie" est apparu 19 fois dans les thèmes des conférences annuelles du forum de 2002 à 2018, illustrant un engagement à améliorer le bien-être économique et social du continent. D'autres mots clés, dont "gagnant-gagnant", "monde" et "ouverture", indiquent également une approche asiatique pour promouvoir la prospérité mondiale et embrasser la mondialisation.
LA PROCHAINE PHASE DE LA MONDIALISATION
Ce rendez-vous rassemble des responsables gouvernementaux, des hommes d'affaires et des universitaires pour discuter du rôle futur de l'Asie. La planète entre dans une nouvelle phase de la mondialisation sur fond de montée du populisme et du protectionnisme dans certaines parties de l'Occident, en particulier aux Etats-Unis du président Donald Trump.
L'imposition de droits de douane par l'administration Trump sur les importations d'acier et d'aluminium ainsi que la menace d'une guerre commerciale contre la Chine ont déclenché une vague de frustration et de confusion dans le monde.
Le directeur général de l'OMC, Roberto Azevêdo, a mis en garde contre un éventuel "effet domino" face aux politiques de plus en plus protectionnistes de Washington. Et des annonces "unilatérales" comme celles faites par M. Trump ont tendance à provoquer des mesures de rétorsion.
"Ce processus d'action/réaction conduit parfois à des guerres commerciales qui ne sont dans l'intérêt de personne, où il n'y a que des perdants, puisqu'il n'y a pas de gagnant dans une guerre commerciale", a-t-il averti.
Alors que certains pays ont pris du recul par rapport à la mondialisation, les pays asiatiques, qui ont connu un développement rapide ces dernières décennies, accueillent la mondialisation et le libre-échange au lieu de les rejeter.
Par ailleurs, depuis le début de la crise financière internationale en 2008, l'Asie a servi de moteur important pour la reprise et la croissance de l'économie mondiale, contribuant à près de la moitié de la croissance mondiale.
Au cours de ces dernières années, les investissements asiatiques à l'étranger ont été remarquablement actifs. Une grande population et une classe moyenne croissante en Asie ont fourni d'énormes opportunités de consommation et constituent un marché d'investissement pour le monde entier.
Pour sa part, la contribution de la Chine à la croissance économique mondiale a dépassé les 30% ces cinq dernières années.
DES PORTES PLUS OUVERTES EN CHINE
L'année 2018 marquant le 40e anniversaire de la politique de réforme et d'ouverture de la Chine, le forum de Boao devrait évaluer l'expérience réussie de la Chine de ces quatre dernières décennies et explorer de nouvelles possibilités de croissance pour la Chine.
"Certaines économies avancées se tournant vers l'intérieur, une réinitialisation réussie de la mondialisation pourrait dépendre du fait que la Chine pèse de tout son poids en faveur d'une nouvelle approche", indiquait l'institut McKinsey Global basé à Chicago dans un rapport paru l'an dernier.
Beijing a réitéré son engagement à poursuivre son ouverture ainsi qu'à soutenir la mondialisation économique.
Lors de la session annuelle de l'Assemblée populaire nationale (APN) en mars dernier, le Premier ministre chinois Li Keqiang a déclaré que son gouvernement ouvrirait les portes du pays plus largement aux investisseurs étrangers et qu'il libéraliserait et faciliterait davantage le commerce et les investissements.
La réforme et l'ouverture ont été "une mesure révolutionnaire qui a fait de la Chine ce qu'elle est aujourd'hui" et demeurent "une mesure révolutionnaire pour nous permettre d'atteindre les objectifs des Deux centenaires", selon le chef du gouvernement chinois.
Les objectifs des "Deux centenaires" consistent à édifier une société raisonnablement prospère d'ici 2021, année du centenaire de la création du Parti communiste chinois (PCC), ainsi qu'un pays socialiste moderne, prospère, fort, démocratique, culturellement avancé, harmonieux et beau d'ici 2049, année du centenaire de la fondation de la République populaire de Chine.
"Face aux opportunités et aux défis de la mondialisation économique", avait déclaré le président Xi à Davos il y a un an, "la bonne chose à faire est de saisir toute opportunité, de relever ensemble les défis et de définir le bon cap pour la mondialisation économique".
UN AVENIR PARTAGE DE PROSPERITE COMMUNE
Le président chinois a présenté et défendu sa vision qui est de de construire "une communauté de destin", laquelle insiste sur la nécessité de rendre la mondialisation plus ouverte, inclusive et équilibrée afin que ses bénéfices soient partagés par tous.
Proposition majeure de la Chine pour concrétiser cette grande vision, l'initiative "la Ceinture et la Route", présentée par M. Xi en 2013, a offert au monde une vision nouvelle pour promouvoir la prospérité mondiale.
En mai dernier, les représentants de plus de 140 pays ont participé au Forum de "la Ceinture et la Route" sur la coopération internationale, un véritable vote de confiance de la part de la communauté internationale. A ce jour, plus de 80 pays et organisations internationales ont signé des accords de coopération avec la Chine dans ce cadre.
Selon le ministère chinois du Commerce, les entreprises chinoises ont réalisé 14,36 milliards de dollars d'investissements directs non financiers dans 59 pays le long de "la Ceinture et la Route" en 2017, dont une grande partie à Singapour, en Malaisie, au Laos, en Indonésie et au Pakistan.
L'initiative "la Ceinture et la Route" est "le meilleur bien public" que la Chine ait offert au monde, juge Bambang Suryono, président du Centre d'études sur l'innovation en Asie, basé en Indonésie. Cette initiative incarne aussi un peu de la sagesse chinoise : l'harmonie et la coexistence, a-t-il ajouté.
Une autre plateforme initiée par la Chine, la Banque asiatique d'investissement pour les infrastructures (BAII), est en train de devenir une source clé d'investissement en Asie et au-delà. Cette banque multilatérale de développement, forte de 84 membres, a financé au cours des deux dernières années plus de 20 projets d'infrastructures durables ainsi que d'autres projets productifs au profit de dizaines de millions de personnes.