Dernière mise à jour à 16h02 le 18/04
Des consommateurs regardent les produits vendus dans le magasin vedette d'Apple à Shanghai, rue de Nankin. Les pièces qui constituent les modèles d'iPhone sont fabriquées dans différents pays à travers le monde pour être ensuite assemblées et manufacturées en Chine. Or, les calculs réalisés à partir des statistiques commerciales attribuent la majeure partie de la valeur créée à la Chine. [Crédit photo : China Daily] |
Selon plusieurs experts, les restrictions commerciales initiées par les États-Unis pourraient infliger d'immenses pertes aux entreprises américaines travaillant en Chine.
Les États-Unis accueillent de nombreuses multinationales dont les chaînes d'approvisionnement sont globalisées et, selon Long Guoqiang, vice-président du Centre de recherche et de développement du Conseil des affaires d'État, l'actuelle méthode statistique de calcul de la valeur totale déforme la réalité.
« Les biens que la Chine exporte vers les États-Unis comportent une importante part d'apports intermédiaires issus de pays comme le Japon et la Corée du Sud, voire même des États-Unis, notamment pour tout ce qui est puce électronique », explique-t-il.
Prenons l'exemple de l'iPhone. Le produit comporte des composants fabriqués dans différents pays à travers le monde qui sont alors uniquement assemblés et manufacturés en Chine, alors que les calculs des statistiques commerciales attribuent la plus grande partie de la valeur créée à la Chine.
« Les échanges de valeur internationale n'adviennent pas seulement au niveau du commerce de produits transformés, mais aussi dans d'autres formes d'échanges commerciaux », soutient Long.
De la même manière, les exportations des États-Unis vers la Chine comporte des échanges de valeur internationale. Depuis que la Chine est en réalité au bout inférieur de la chaîne de la création globalisée de valeur, tandis que les États-Unis sont au bout supérieur, le pourcentage d'afflux de valeur des États-Unis dans les exportations chinoises est bien supérieur à celui de la Chine dans les exportations des États-Unis, comme l'explique Long.
« Dans de telles circonstances, la Chine est accusée et prend pour les autres », affirme Xue Rongjiu, vice-directeur de la Société de Chine pour les Études de l'OMC, basée à Beijing.
Il ajoute que la plupart des profits sont actuellement empochés par les entreprises américaines, bien que la valeur des produits figure dans les exportations chinoises, provoquant ainsi des données statistiques erronés.
Compte tenu de l'attractivité des politiques d'ouverture de la Chine et de l'immense potentiel de son marché, l'avionneur américain Boeing s'est lancé dans la construction d'un centre de finition et de livraison de ses avions de ligne B737 et B737 MAX à Zhoushan, dans la province du Zhejiang. La construction a démarré en mars 2017 et la livraison du premier avion est prévue pour 2018.
« Si les États-Unis commencent à imposer des droits de douane sur les produits et les pièces détachés de l'aéronautique fabriqués en Chine, ce sont l'ensemble de leurs grandes entreprises qui vont subir les conséquences du protectionnisme commercial », prévient Tu Xinquan, professeur à l'université des affaires internationales et de l'économie.
Selon Tu, il est également difficile pour les États-Unis de chercher une puissance manufacturière alternative dans le monde actuel pour fabriquer les produits de télécommunication, de traitement des données et d'électronique dont ils ont besoin s'ils persistent dans leur volonté d'imposer davantage de droits de douane sur les produits d'électronique expédiés depuis la Chine.
Boeing avait précédemment déclaré que le centre de production de Zhoushan fabriquerait 100 appareils chaque année et que l'entreprise américaine coopérerait avec les fournisseurs chinois sur place, aidant ainsi à l'élévation de leur niveau de qualification, de la matière première jusqu'à l'assemblage.
D'ici 2025, le parc industriel d'aviation de Zhoushan sera en mesure d'assembler, de livrer et de modifier plus de 600 appareils. La valeur totale de la production annuelle pourrait s'élever à 10,1 milliards de dollars.