Dernière mise à jour à 08h14 le 18/04
L'initiative chinoise "la Ceinture et la Route" est une opportunité offerte au monde arabe pour réduire son déficit en matière d'investissements dans les infrastructures et faire passer son économie à un niveau supérieur, a estimé lundi Nasser Saïdi, un éminent économiste des Emirats arabes unis (EAU).
Lors d'un discours prononcé pendant le "Dialogue des Nouvelles Routes de la soie", organisé à Dubaï par l'antenne locale de la Harvard Kennedy School, il a estimé qu'à l'heure où la tectonique économique se déplaçait vers l'Orient, "le monde arabe devrait jouer pleinement la carte de l'initiative 'la Ceinture et la Route'".
Il devrait ainsi créer une Route de la soie numérique, coopérer avec la Chine dans le domaine des énergies renouvelables et des sciences du vivant, participer avec Beijing à la construction d'une station spatiale, a dit M. Saïdi, rappelant que les EAU disposaient d'un programme spatial, ou encore élever leurs liens financiers vers de nouveaux niveaux.
"L'Asie, Chine incluse, représentera d'ici la fin de l'année 33,3% de l'économie mondiale, tandis que la part des Etats-Unis sera de 15,1% contre 15,3% auparavant", a noté l'ancien économiste en chef du Centre financier international de Dubaï (DIFC), la plus grande zone franche bancaire du Moyen-Orient.
Proposée en 2013 par la Chine, l'initiative "la Ceinture et la Route" vise à connecter l'Asie au Moyen-Orient, à l'Europe et à l'Afrique en construisant un réseaux d'échanges commerciaux et d'infrastructures le long des anciennes Routes de la soie.
Visant à attirer 26.000 milliards de dollars sur 15 ans aux profit de projets d'infrastructures, "ce plan directeur est une opportunité donnée aux fonds souverains arabes pour investir dans le nouvel épicentre de l'économie mondiale", a lancé M. Saïdi.
Concernant l'énergie renouvelable, il a fait remarquer que la Chine était déjà le premier fabriquant mondial de panneaux solaires et donc le partenaire idéal de pays arabes qui jouissent en grande majorité d'un fort ensoleillement. Sur le chapitre de la Route de la soie numérique, il a estimé que des applications de type Alipay peuvent aider à améliorer l'inclusion financière du monde arabe, qui est encore trop sous-bancarisé avec 85 millions de ses habitants sans accès à la finance.
Il a aussi exhorté la Banque asiatique d'investissement pour les infrastructures (BAII), lancée par la Chine pour faciliter le financement de la construction de routes, de ponts, de ports, d'aéroports et de lignes ferroviaires le long des Nouvelles Routes de la soie, à ouvrir une antenne aux EAU. Les 62 pays situés le long de ces Nouvelles Routes de la soie "représentent 65% de la population mondiale, 40% du PIB mondial, 25% du commerce mondial", a rappelé Nasser Saïdi.
A ses yeux, les pays arabes exportateurs de pétrole ne devraient pas seulement libeller leurs ventes de brut en pétrodollar, mais aussi en yuan chinois. Aussi a-t-il conseillé à la fin de son intervention devant 200 personnes réunies dans le complexe des Emirates Towers "de commencer immédiatement à apprendre le mandarin, au cas où vous ne l'auriez pas déjà fait".