Dernière mise à jour à 11h24 le 06/10
L'ambassadeur de Chine aux Etats-Unis, Cui Tiankai, a précisé la position de son pays sur une série de dossiers d'intérêt commun avec les Etats-Unis, dont les relations bilatérales, les frictions commerciales et la mer de Chine méridionale.
FRICTIONS COMMERCIALES
A en croire la transcription d'une interview publiée mercredi par la radio NPR, il assure que Beijing ne veut "certainement pas une guerre commerciale avec les Etats-Unis ou tout autre pays".
Affirmant que son pays entendait régler ce différend "par des négociations et des consultations entre les deux parties", M. Cui souligne que pour que ces négociations réussissent, "nous avons vraiment besoin de bonne volonté et de bonne foi de part et d'autre".
Or, Washington n'a pas fait preuve de suffisamment de bonne foi à cet égard, déplore l'ambassadeur. "La position américaine change tout le temps, donc nous ne savons pas exactement ce que les Etats-Unis définissent comme priorité".
"Deuxièmement, je pense qu'il y a eu des tentatives côté américain pour pousser à ce type de situation : 100% pour les Etats-Unis et 0% pour la Chine. Je ne pense pas que ce soit juste. Je ne pense pas que ce soit possible", dit-il. "Nous sommes prêts à conclure un accord. Nous sommes prêts à faire des compromis, mais cela nécessite de la bonne volonté des deux côtés".
"Ces derniers mois, des contacts ont eu lieu entre les deux gouvernements", rappelle-t-il. "Je pense que nous sommes parvenus plus d'une fois à des accords de principe entre les deux groupes de travail. Et le lendemain, ces accords ont été rejetés et les demandes américaines ont changé. Donc c'est très troublant et ça rend les choses très difficiles", souligne M. Cui.
"Nous avons besoin de quelqu'un qui nous donne la bonne version", martèle le diplomate. "Je pense que nous avons besoin de davantage de bonne foi".
LES RELATIONS BILATERALES
Commentant la coopération entre Beijing et Washington, M. Cui estime qu'il est "naturel" qu'un certain degré de compétiton existe entre deux pays, en particulier entre la Chine et les Etats-Unis. Mais les deux pays partagent un besoin encore plus grand de coopération, ce qui est "la réalité du monde d'aujourd'hui".
"Nos deux pays et d'autres sur la planète sont confrontés à de nombreux défis communs (...) et aucun pays ne pourra les résoudre lui-même", assure-t-il, ajoutant : "Nous devons coopérer, que cela nous plaise ou non. Il existe un besoin mutuel et des intérêts communs croissants".
"La Chine demeure pour sa part toujours prête à coopérer avec la partie américaine en dépit des différences et c'est précisément parce que nous avons ces différences que le besoin de coopérer est encore plus fort", note le diplomate.
Concernant les informations évoquant une possible fermeture des Etats-Unis aux étudiants chinois, M. Cui y voit "une situation très dangereuse" si cela se confirmait.
"Un grand nombre d'étudiants chinois étudient aux Etats-Unis, et vice versa. Des tels échanges humains devraient être le vrai socle de l'amitié et de la coopération entre nos deux grands pays", assure-t-il.
Et de citer l'exemple d'une exposition sur la culture chinoise il y a quelques années dans un musée pour enfants dans l'Indiana, la qualifiant de "grand succès".
"J'ai prononcé un discours lors de la cérémonie d'ouverture et rencontré le gouverneur d'alors Mike Pence, qui était un grand partisan pour des échanges intellectuels et humains de ce genre", se souvient M. Cui.
"Ces échanges apportent des bénéfices à nos deux pays et à nos deux peuples. Les habitants sont très demandeurs de ces événements culturels", souligne-t-il en demandant : "Pourquoi faudrait-il rompre ces liens naturels entre les peuples?"
L'ambassadeur assure que son pays est toujours ouvert aux étudiants, aux universitaires et aux journalistes américains.
STABILITE REGIONALE
En ce qui concerne la mer de Chine méridionale, M. Cui rappelle que la Chine exerce "sa souveraineté sur beaucoup d'îles" dans cette mer. "C'est une position de longue date de la Chine".
"Mais nous sommes également conscients qu'il y existe des différends territoriaux. Aujourd'hui, nous sommes prêts à travailler avec d'autres pays pour avoir des négociations afin de parvenir à une solution définitive. Nous comprenons que cela prendra du temps", reconnaît-il. "Mais dans le même temps, il est de notre intention d'y maintenir la stabilité. C'est pourquoi que nous travaillons à un code de conduite avec les pays de l'ASEAN".
"Nous faisons de bons progrès à cet égard (...) Cela signifie qu'avant d'être capables de résoudre les litiges territoriaux, nous devons travailler ensemble pour préserver la stabilité, s'engager au développement commun des ressources là-bas et maintenir un bon ordre dans la région", résume M. Cui.
"J'espère simplement que les Etats-Unis se joindront à nos efforts, qu'ils se montreront utiles au lieu d'essayer de perturber le processus vers les négociations pacifiques", conclut le diplomate.