Dernière mise à jour à 08h13 le 25/12
Octogénaire, à l'esprit vif, Alain Mérieux, qui ne sait pas parler le chinois, mais a des attaches innombrables avec la Chine durant les 40 dernières années. En tant que lauréat de la prestigieuse Médaille de l'amitié pour sa contribution à la réforme de la Chine, le président de la Fondation Mérieux privilégie une approche en partenariat avec les autorités et les acteurs de la santé pour répondre aux grands enjeux de santé publique de la Chine.
Après avoir participé à Beijing au grand rassemblement pour célébrer le 40e anniversaire de la réforme et de l'ouverture de la Chine, M. Mérieux vient de regagner Lyon, ville dans le sud-est de la France, et a exprimé lors d'une interview exclusive avec l'Agence de presse Xinhua, que "c'est une grande fierté d'avoir ainsi honoré par la Chine et par son président. Et ça a aidé pour moi, pour ma famille, pour toute histoire de notre engagement en Chine".
"Il est très difficile de comparer la Chine d'il y a 40 ans avec celle d'aujourd'hui", a déclaré M. Mérieux en se souvenant de sa première visite en Chine en 1978 : "J'étais très frappé de donner des conférences à un public dans l'âge moyen de 70 à 80 ans, parce que les universités avaient été complètement vidées. Et aujourd'hui, je vois les universités avec énormément de jeunes gens et jeunes femmes extraordinairement activés, brillants."
Au début des années 1980, M. Mérieux, alors vice-président du Conseil de la région Rhônes-Alpes, a fait progresser le processus d'établissement des relations amicales entre la région Rhônes-Alpes et la municipalité de Shanghai. Et pendant les années 1980 et 1990, il a visité la Chine deux fois par an.
"En 1987, lorsque j'étais à une université à Shanghai, et j'ai écouté un cours de troisième année de médecine, et le cours d'hématologie était donné par le professeur Wang Zhenyi, en français, ça c'est un moment d'émotion extraordinaire pour moi", a-t-il indiqué.
"Le ministre chinois de la Santé (à l'époque) Chen Zhu, élève de M. Wang, m'a dit qu'il s'inspirait de la réforme du général de Gaulle pour la réforme de santé chinoise, c'est-à-dire l'accès aux soins de toute la population chinoise", a-t-il poursuivi et d'ajouter : "il m'a dit que 97% de la population chinoise a un accès aux soins essentiels de la santé. C'est un extraodinaire travail à accomplir en deux décennies".
M. Mérieux figure parmi les pionniers qui travaillaient avec les acteurs chinois de la santé dans le combat contre les épidémies de SARS et de grippe aviaire. Il a notamment joué un rôle moteur en tant que co-président du Groupe franco-chinois sur les maladies infectieuses émergentes, dans la création du Laboratoire de recherche de haute sécurité P4 inauguré fin 2014 à Wuhan, dans le centre de la Chine.
Il a constaté que la coopération avec la Chine dans le domaine de la santé se renforçait davantage. "Nous avons signé un accord avec la Chine il y a deux ans, sur la collaboration au Mali, à Bamako, avec les collègues chinois, sur la lutte contre les maladies infectieuses", a-t-il précisé.
M. Mérieux a affirmé avoir aujourd'hui un très grand projet avec la région du Yunnan, qui consiste à travailler ensemble à établir un réseau de laboratoires sentinelles sur les risques d'épidémies de maladies infectieuses, avec l'appui des Instituts Pasteur et des laboratoires au Laos, au Cambodge, au Bagladesh, dans le but de mettre en place un réseau franco-chinois de luttre contre les maladies infectieuses, qui protègerait la Chine.
"La Chine ...a retrouvé la fierté, la force et la puissance, et elle joue un rôle de plus en plus important à travers le monde", a fait remarquer M. Mérieux en évoquant les changements en Chine.
Au terme de l'interview, M. Mérieux a présenté aux journalistes de Xinhua sa Médaille de l'amitié pour la contribution à la réforme de la Chine. "C'était ma troisième fois en Chine cette année. J'ai eu le privilège de visiter l'exposition sur les 40 ans de la réforme chinoise, j'ai pu voir ce que je savais, j'ai pu le voir, parce que, très concret, l'évolution de la Chine en 40 ans dans tous les domaines, dans le domaine de l'éducation, de la science et la technologie, des transports, de la lutte contre la pollution et pour la diminution de CO2 dans l'atmosphère, etc. Et c'est pour moi, le privilège extraordinaire pour un étranger d'avoir participé à l'évolution de la Chine".