Des diplomates chinois jugent l'affaire Huawei "nuisible" à la concurrence libre et équitable

Deux hauts diplomates chinois en poste en Europe ont récemment dénoncé les accusations "infondées" visant Huawei, le géant chinois des télécommunications, soulignant que cette entreprise ne constituait en rien une menace pour qui que ce soit.

Liu Xiaoming, ambassadeur de Chine au Royaume-Uni, a signé une tribune intitulée "N'écoutez pas les Cassandre - Huawei n'est pas une menace sécuritaire pour le Royaume-Uni" parue samedi dans le quotidien britannique The Telegraph.

Zhang Ming, chef de mission auprès de l'Union européenne, a confié au journal économique The Financial Times paru le 22 janvier qu'"on n'épargne aucun effort pour inventer une histoire de sécurité sur Huawei", estimant que tout ceci va à l'encontre d'une concurrence libre et équitable.

Dans sa tribune, M. Liu relève des "inquiétudes inutiles" et "une interdiction dans certains pays" visant des entreprises telles que Huawei.

"Si on ne fait rien, ils peuvent perturber les règles de marché, saper la confiance en l'entreprise, empoisonner la coopération commerciale et provoquer des incertitudes et une instabilité dans le monde économique", écrit-il.

Le haut diplomate rappelle que la filiale britannique de Huawei a considérablement contribué à l'économie et au progrès social de ce pays ces cinq dernières années, injectant deux milliards de livres en investissements et en acquisitions, créant 7.500 emplois et se forgeant une réputation de fournisseur de produits et de services de haute qualité.

Au fil des années, poursuit M. Liu, le géant chinois a élargi sa présence mondiale et s'est adapté aux normes internationales, tandis qu'à l'avenir, il aura à contribuer grandement au développement sur le long terme de l'industrie britannique des télécommunications.

"Ayant promis plus de trois milliards de livres sterling en investissements et en acquisitions au Royaume-Uni ces cinq prochaines années, Huawei continuera de jouer un rôle actif dans l'application des technologies d'information dans ce pays, représentant un vote de confiance pour les perspectives économiques britanniques à l'heure de son retrait de l'UE", ajoute-t-il.

"Pour que ce vote compte, le Royaume-Uni doit demeurer attaché à l'ouverture et la coopération et fournir un environnement commercial loyal et non discriminatoire à Huawei et aux autres sociétés chinoises", écrit l'ambassadeur chinois.

Ne constituant de menace pour personne, Huawei a fait des efforts incessants pour offrir des solutions globales en matière de cybersécurité, selon lui. "Le gouvernement chinois n'a jamais soutenu le vol électronique par quelque compagnie que ce soit, tandis qu'aucune loi ou règle ne permet de forcer des entreprises à installer des portes dérobées" (backdoors).

Remarquant qu'on n'avait jamais prouvé ces 30 dernières années que Huawei avait fait quoi que ce soit pour saper la sécurité nationale d'un pays, l'ambassadeur appelle donc le Royaume-Uni à "continuer d'avoir une politique indépendante fondée sur ses intérêts nationaux au lieu de suivre le mouvement avec d'autres".

Pour répondre à la question de savoir comment réagir au battage autour de Huawei, M. Liu "pense que le Royaume-Uni doit décider s'il considère le développement de la Chine comme une opportunité ou une menace".

Selon la transcription révisée de l'interview accordée dimanche soir au Financial Times par M. Zhang, fournie par la mission chinoise, le diplomate dit ne pas croire que toute cette histoire "ait à voir quoi que ce soit avec la sécurité. Les prétendues préoccupations en matière de sécurité ne sont soutenues par aucun fait ou preuve".

"Au contraire, je pense que c'est un acte de protectionnisme avec un aspect politique. Cela signifie une contestation de la mondialisation", remarque-t-il.

"Un tel mouvement essaie de transformer un problème commercial en un problème politique, voire sécuritaire, et cela viole totalement tous les principes d'une concurrence libre et équitable", note M. Zhang.

Huawei est un fabricant mondial de smartphones et d'infrastructures dans les technologies de l'information et des communications (TIC), notamment dans la 5G.

Pour M. Zhang, la technologie 5G est le produit d'une coopération mondiale ouverte. Elle est le résultat d'une innovation dans les hautes technologies menée par toute la communauté internationale et une bonne chose pour tout le monde.

"Les chaînes industrielles, d'approvisionnement et de valeur de la planète sont étroitement imbriquées dans ce domaine et elles ne peuvent être artificiellement et délibérément coupées par quiconque", avertit-il.