Dernière mise à jour à 15h14 le 15/05
La Conférence sur le dialogue des civilisations asiatiques (CDCA) initiée par le président chinois Xi Jinping s'ouvre ce mercredi à Beijing.
M. Xi est depuis longtemps un partisan, défenseur, modèle et contributeur des communications entre les civilisations. Qu'il vive dans une grotte d'un village de campagne isolé il y a plusieurs décennies ou à la barre du pays le plus peuplé du monde aujourd'hui, il pense toujours que les échanges et l'apprentissage mutuel entre civilisations ont contribué au progrès de l'humanité ainsi qu'à la paix et au développement dans le monde.
Cette conviction est d'autant plus importante aujourd'hui.
LA PASSION D'UN ADOLESCENT
Il y a plus de 40 ans, un adolescent fasciné par Faust, un chef d'œuvre de la littérature occidentale écrit par Johann Wolfgang von Goethe, a parcouru plus d'une dizaine de kilomètres sur une route poussiéreuse et crevassée dans le seul but d'emprunter ce livre à l'un de ses camarades de classe.
Cet adolescent était Xi Jinping.
C'est vers la fin des années 1960, une époque de pénuries avec peu de livres disponibles, que M. Xi a été envoyé de Beijing pour travailler en tant que fermier dans un village pauvre de la province chinoise du Shaanxi, dans le nord-ouest du pays.
Lecteur avide d'œuvres littéraires aussi bien chinoises qu'étrangères, M. Xi a lu tous les livres sur lesquels il a pu mettre la main au cours de ses sept années là-bas, des vieux manuels de chinois aux pièces de théâtre écrites par William Shakespeare.
"Etre ou ne pas être", s'interrogeait M. Xi sur le plateau aride du lœss, avant de finalement décider d'entrer au service de son pays et de son peuple.
Comme les autres jeunes hommes de son âge, M. Xi imitait ses personnages de roman préférés.
Après avoir lu "Que faire ?", un roman écrit par Nikolaï Tchernychevski dans lequel le personnage principal mène une vie d'ascète, allant même jusqu'à dormir sur un lit de clous pour renforcer sa volonté, M. Xi a retiré son matelas rembourré de coton et a choisi de dormir directement à même les briques de son lit afin de renforcer sa propre volonté.
"Les œuvres artistiques et littéraires sont les meilleurs moyens pour les différents pays et peuples de se comprendre et de communiquer les uns avec les autres", a affirmé M. Xi en 2014 alors qu'il se remémorait les livres qu'il avait lus dans sa jeunesse.
LES EFFORTS D'UN PRESIDENT
M. Xi, l'un des chefs d'Etat qui voyagent le plus, ne manque pas une occasion de promouvoir le respect, la compréhension et l'apprentissage mutuels entre les différentes cultures et civilisations où qu'il aille.
"Le passé est un prologue", a-t-il cité Shakespeare, dont il avait lu les œuvres la première fois 40 ans plus tôt, au Parlement britannique durant sa visite au Royaume-Uni à l'automne 2015, mettant au jour les perspectives de son pays sur les relations sino-britanniques.
En référence à une tribune publiée par M. Xi dans un journal italien, Francesco Sisci, conseiller principal auprès du ministère italien des Affaires européennes, a déclaré qu'il avait "lu entre les lignes un dirigeant amical et sage".
La citation de perles de sagesse d'autres cultures est une marque de fabrique des discours du président chinois sur la scène internationale, ce qui démontre non seulement son art de la communication mais aussi l'ouverture des Chinois aux autres civilisations.
Son engagement va pourtant bien au-delà. Ses séjours à l'étranger lui ont donné l'occasion de participer à des événements culturels, s'adresser aux populations locales et visiter de hauts lieux du patrimoine culturel.
Dans un discours prononcé en 2014 au siège de l'UNESCO, M. Xi a listé ses visites de sites du patrimoine culturel, de Chichen Itza au Mexique, site archéologique de la civilisation maya, à Samarkand en Ouzbékistan, l'une des villes habitées depuis le plus longtemps sans interruption en Asie centrale.
"J'ai visité beaucoup de lieux dans le monde", a-t-il indiqué, ajoutant que "ce que j'aime le plus est d'explorer les diverses civilisations de nos cinq continents".
LA VISION D'UN HOMME D'ETAT
Un temps fort de la visite de M. Xi en Italie avait pour cadre la Villa Madama, lieu pittoresque et d'une grande importance culturelle, où le président chinois et le Premier ministre italien Giuseppe Conte ont assisté à la signature d'un mémorandum d'accord sur la coopération bilatérale dans le cadre de l'Initiative la Ceinture et la Route (ICR).
L'ICR, proposée par M. Xi en 2013, a été inspirée par l'un des héritages les plus connus de l'histoire de la communication entre les civilisations : la Route de la soie, un réseau d'anciennes routes commerciales reliant la Chine en Orient à la Rome antique en Occident et au-delà.
Une des priorités de l'initiative phare de M. Xi est de bâtir une route connectant différentes civilisations et où le respect mutuel remplacera la discrimination, les échanges remplaceront la séparation et l'apprentissage mutuel remplacera les affrontements.
Cette vision s'est reflétée dans le discours de M. Xi à l'UNESCO, au cours duquel il a mis l'accent sur la diversité, l'égalité et l'intégration entre les civilisations et le rôle joué par les échanges et l'apprentissage mutuel entre civilisations dans l'avancée du progrès de l'humanité.
Parmi les menaces globales de sécurité et le changement climatique, on trouve également un sentiment de supériorité à peine voilé de la part de certains pays occidentaux qui sont en voie de faire renaître une théorie dépassée de "choc des civilisations".
Ce qui alimente les différends et mène aux conflits armés est l'absence de véritable dialogue, a indiqué Helmy al-Namnam, ancien ministre égyptien de la Culture, en amont de la Conférence sur le dialogue des civilisations asiatiques.