Dernière mise à jour à 08h24 le 19/06
Les représentants des entreprises et des industries américaines ont exprimé lundi leur frustration et leur opposition à une nouvelle proposition de hausse des tarifs douaniers sur les importations chinoises, partageant leurs points de vue sur la façon dont le protectionnisme commercial des Etats-Unis aurait l'effet inverse.
En tant que témoins, ils ont assisté à la première audience publique tenue par le Bureau du représentant américain au Commerce, au siège de la Commission du commerce international des Etats-Unis, au sujet de la proposition d'imposer 25% de droits de douane supplémentaires à l'importation de marchandises chinoises d'une valeur totale de 300 milliards de dollars.
S'adressant aux responsables fédéraux du commerce et à Xinhua, ils ont clairement affirmé qu'ils ne soutenaient pas la hausse des tarifs sur les importations chinoises, importantes pour leurs opérations commerciales et le maintien des emplois. Ils ont ajouté qu'il est difficile de délocaliser la production à l'extérieur de la Chine ou de trouver des sources alternatives, tout en avertissant que les entreprises, les industries et finalement les foyers et les consommateurs américains en paieraient le prix.
Brent Cleaveland, directeur exécutif de l'Association commerciale américaine des bijoux fantaisie et des accessoires de mode, le premier témoin lors de l'audience, a fait savoir que les industries qui ont délocalisé leur production en Chine dans les années 1980 afin de fournir une plus grande valeur au marché domestique se sont fortement appuyées sur les importations chinoises, ajoutant que les droits de douane proposés représenteraient une véritable menace pour les entreprises et les emplois américains.
Selon les estimations de son association, des dizaines de milliers d'employés de ses membres seraient touchés par la hausse des tarifs douaniers qui entraînerait l'augmentation des coûts, la diminution des marges et la chute des ventes.
"On craint vraiment que ces tarifs douaniers n'engendrent des licenciements et la fermeture d'entreprises américaines", a poursuivi M. Cleaveland.
L'audience a eu lieu moins d'une semaine après que plus de 600 entreprises et associations américaines ont signé une lettre adressée à la Maison Blanche indiquant que de nouveaux tarifs douaniers auraient un impact significatif, négatif et à long terme sur les familles, l'économie et le commerce américains.
Interrogés par les membres de la commission sur la possibilité de délocaliser la chaîne d'approvisionnement à l'extérieur de la Chine, nombre de représentants ont répondu que ce serait extrêmement difficile et même impossible dans certains cas.
"La vérité est que nous cherchons à sortir de Chine depuis des années" mais que les quelques localisations possibles en dehors de ce pays, telles que le Vietnam, l'Inde, l'Indonésie et le Bangladesh, ne s'avèrent pas rentables, a expliqué Rick Helfenbein, président et PDG de l'Association américaine des vêtements et des chaussures.
En mars dernier, le gouvernement américain a dévoilé un rapport d'enquête au titre de la Section 301 de la loi commerciale américaine de 1974 accusant la Chine de "vol de propriété intellectuelle" et de "transfert forcé de technologies", des prétextes pour justifier sa hausse des tarifs douaniers sur les importations chinoises.
Cependant, nombre de témoins ont indiqué lundi que ces droits de douane étaient déplacés car il n'y a pas de technologies de pointe dans leurs entreprises et industries.
La semaine dernière, la Chambre de commerce américaine, la plus grande fédération d'entreprises du pays, a déclaré dans un communiqué qu'elle s'oppose résolument au recours à des "tarifs douaniers unilatéraux comme une réponse politique", tout en exhortant l'administration Trump à retourner à la table des négociations pour trouver un accord qui pourrait "mettre fin aux tarifs douaniers existants et prévenir d'autres perturbations touchant tous les Américains".