La présence de Luc Besson, le célèbre réalisateur, producteur et scénariste français, a certainement renforcé l'aspect international et professionnel de la troisième édition du Festival international du film de Beijing. Mardi 23 avril, ce grand cinéaste du septième art a accordé un entretien aux médias chinois pour partager sa vision de ce représente aujourdh'ui pour lui le cinéma.
Il faut savoir se renouveler
Ces dernières années, la présence du cinéma chinois sur la scène internationale du septième art est de plus en plus forte. Pour certains critiques, les réalisateurs chinois, à la conquête du marché étranger, prônent un changement radical, au détriment de la nature artistiques du cinéma, pour satisfaire le goût du public étranger. Soit, ils s'alignent sur leurs homologues étrangers pour produire à un prix exhorbitant de banales super productions, soit, ils racontent des histoires portant des empreintes culturelles chinoises. Mais généralement, ces changements ou voire sacrifices ne séduisent pas les spectateurs.
Par rapport à ce phénomène, Luc Besson a sa propre idée : Les changements sont nécessaires ! "Pourquoi ces réalisateurs veulent-ils entrer sur un marché totalement différent de ce qu'ils connaissent ? C'est parce qu'ils tâtonnent. Ils recherchent sans cesse quelque chose de nouveau. Ils veulent toujours faire mieux et être différents. Ils ont besoin de savoir où sont les barrières et les limites. Et il faut ces changements. Si je fais un Léon XII, Allez-vous l'accepter ? J'ai également besoin de me renouveler, c'est pourquoi j'ai réalisé 'Le cinquième élément'".
Il n'y a pas de culte pour le cinéma !
Pour de nombreuses personnes, notamment les cinéphiles et les médias, les films se divisent en deux catégories : commercial et artistique. Les uns méprisent les grandes productions commerciales. Les autres dédaignent les petits films, qui cachent l'ambition de séduire dans les festivals derrière une couverture soi-disant artistique. Ils décident ce qui est bon et mauvais dans le cinéma et ils défendent ce qu'ils préfèrent.
Etant le cinéaste le plus connu en France, Luc Besson est toujours considéré comme une personnalité phare du septième art. Pourtant en 1997, la sortie du film Le cinquième élément, qui fut un grand succès commercial, lui a valu des critiques de la part des spectateurs français. Ils ont pensé que Luc Besson avait cédé à la tentation commerciale de Hollywood et que sa sensibilité artistique s'était dégradée.
Luc Besson n'en a que faire. « Ils jugent toujours tout et trop vite. Ils décident quels sont les chef-d'oeuvres, les bons films et les navets. Ensuite, ils défendent becs et ongles leurs convictions. Mais pour moi, il n'y a pas de culte dans le cinéma. Je fais des films pour tout le monde. »
Les bons scénarios ne manquent pas dans le cinéma chinois
Bien que de plus en plus de productions chinoises s'exportent, peu de films ont la chance de rayonner sur les marchés étrangers. Pour certains, cela est dû, au manque de bons scénarios.
Mais pour le Français, avec un pays riche d'une histoire de plus de cinq millénaires, les récits ne manquent dans le cinéma chinois. Par contre, les critères d'un bon scénario ne résident pas dans l'histoire elle-même, ce qui importe, c'est la façon de la raconter et qu'elle puisse émouvoir le public. « Quand j'ai écrit Le cinquième élément, je n'avais que 16 ans.
Un jour, quand j'ai ouvert la fenêtre, dehors, il n'y avait que des vaches. Tout à coup, j'ai eu envie de fuir la réalité et me rendre dans l'espace. Je pense que beaucoup de jeunes partagent cette idée. C'est une belle histoire, qui à touché le coeur des spectateurs. »
Manger des sushis en écoutant du Bob Marley
Le monde d'aujourd'hui est ouvert. Les cultures coexistent, se rencontrent et fusionnent. Le cinéma est là pour en témoigner. M. Besson, lui-même, aime bien les différentes cultures. « Nous pouvons manger des sushis tout en écoutant du Bob Marley».
Au lieu de produire intentionnellement des co-productions dont le seul but de mélanger différentes cultures, celui qu'on surnomme le Spielberg Français préfère laisser faire. « Si je rencontre des cinéastes étrangers et je sens qu'il peut se passer quelque chose, alors je pourrai me dire : Ah, c'est bon, on peut essayer de travailler ensemble ! C'est ce qui m'a fait prendre la décision de faire Malavita avec les Chinois. Ce qui m'attire dans la culture chinoise, ce sont les similarités qu'elle partage avec celle de la France, comme la splendeur et la sensibilité. »
La recette pour devenir un grand maître
A la question, quel conseil pourrait-t-il donner aux jeunes cinéastes ambitieux pour réussir dans le métier, Luc Besson a répondu, sans hésitation et avec un grand sourire, que la recette miracle était de vieillir.
« Quand j'ai réalisé mon premier film, j'avais seulement 19 ans. A cet âge, j'étais complètement différent qu'à 25 ou a 40 ans. Mais je suis me souvent impressionné par ce que j'ai pu faire étant plus jeune. J'étais alors naïf et stupide. Mais les films restent le reflet de la vie des créateurs. De jeunes réalisateurs veulent faire des films profonds, qui ne correspondent pas à leur âge. Ce que je veux leur dire, c'est de ne pas se précipiter. Tout le monde vieillit ».