Liu Heung Shing, photographe américain d'origine chinoise, saisit la Chine avec son appareil photo depuis plus de 30 ans.
Cela fait plus de 30 ans que le photographe américain d'origine chinoise Liu Heung Shing a publié son livre de photographies « La Chine après Mao ». Lauréat du prix Pulitzer, il présente, pour la première fois en Chine, 115 de ses œuvres au Musée d'art de Chine à Shanghai, jusqu'au 27 août. L'exposition, « Le Rêve chinois, trente ans » s'étend sur une période d'observation de 35 ans du pays à travers l'objectif de son appareil photo. La Chine a connu 30 ans de changements drastiques et de développement sans précédent, a dit le photographe. Pour beaucoup de gens en Chine, ce fut une période où les rêves se sont réalisés.
Le pays est comme un navire géant se déplaçant dans une nouvelle direction depuis 1978, lorsque la Chine a commencé à se concentrer sur son développement économique et à s'ouvrir au monde. M. Liu en a été témoin et a capturé la transformation du pays, qui est passé du collectivisme à l'individualisme.
Les photos de Liu Heung Shing occupent deux salles d'exposition au rez-de-chaussée du musée. Le conservateur a organisé l'exposition d'une telle manière que, dans l'une des salles, les images se concentrent sur la vie collective de la Chine, tandis que les autres montrent diverses personnalités et particuliers.
Liu Heung Shing est né en 1951 et a passé la plus grande partie de son enfance dans la Province du Fujian avant de s'installer à Hong Kong. Lors de ses études à la City University de New York, il a lu de nombreux articles sur la Chine, comparant ce qu'il a lu avec ses impressions d'enfance.
Après son diplôme, son enthousiasme pour la Chine l'a conduit vers le pays en tant que journaliste.
Sa première mission en Chine en tant que photographe a eu lieu en 1976. Il n'a pas reçu la permission de se rendre à Beijing pour photographier le deuil qui a suivi la mort de Mao Zedong, alors il est resté à Guangzhou, mais il était déjà assez sensible pour déceler des traces d'une société prête à changer.
« Les gens pratiquaient le tai-chi dans le parc, comme d'habitude, mais leurs épaules semblaient, en quelque sorte, détendues, un peu différentes », se rappelle Liu Heung Shing.
En 1978, il a commencé à travailler en tant que fondateur et journaliste du bureau de Beijing du magazine Time.
Il a été impressionné par la prévalence de l'intervention politique dans la vie quotidienne.
Une de ses œuvres les plus célèbres montre des ouvriers retirant le portrait du président Mao de la façade du Musée national d'histoire chinoise, sur le côté Est de la place Tian'anmen, illustrant la fin d'une époque.
Il a continué à photographier les gens en train d'essayer des lunettes de soleil lors d'une foire aux objets d'usage courant, des artistes en herbe présentant leurs créations le long d'un mur public, et des jeunes amoureux recherchant un moment d'intimité sans le luxe de la vie privée.
« Je garde les yeux et les oreilles ouverts », a déclaré aux médias le photographe, lors de l'ouverture de « Le Rêve chinois, trente ans » à Shanghai.
« J'espère avoir pu sentir le pouls de la Chine lors de chaque période et montré ses moments les plus hauts et les plus bas avec mes photos quand les mots ne parviennent pas à le faire ».
Ces dernières années, Liu Heung Shing a consacré beaucoup de temps et d'efforts à la compilation de photos documentaires sur la Chine. Son livre, « La Chine, Portrait d'un pays », a été traduit en six langues depuis 2008 et vendu à plus de 250 000 exemplaires dans le monde entier.
En 2010, Liu Heung Shing a travaillé avec la Britannique Karen Smith, critique et commissaire d'expositions d'art contemporain, pour publier « Shanghai : une histoire en photographie, 1842-aujourd'hui ».
Mme Smith est également commissaire de l'exposition de Liu Heung Shing au musée d'art de Chine à Shanghai.
La photographie est très différente aujourd'hui par rapport à ce qu'elle était dans les années 1970, lorsque Liu Heung Shing a commencé sa carrière en Chine, a dit Karen Smith.
On ne pouvait prendre que 36 photos avec un rouleau de film et le photographe devait garder toute sa tête quand il appuyait sur le bouton.
Parfois, on pouvait saisir un grand coup de chance, mais la plupart du temps, tout dépendait de la perception aiguë et de la compréhension du temps et du lieu où il travaillait, dit Mme Smith.
Aujourd'hui tout le monde prend des photos avec des appareils photo numériques et des téléphones mobiles. La photographie n'est plus aussi fiable, puisqu'elle peut être modifiée numériquement en utilisant le programme informatique Photoshop.
Liu Heung Shing dit qu'il appartient à la dernière génération de photojournalistes. Aujourd'hui, les agences et les publications envoient des membres de leur personnel partout où quelque chose se passe. Les journalistes ont rarement le luxe de vivre pendant des années dans un pays, pour se baigner dans la culture et le mode de vie locaux.
« J'ai appris à voir la Chine et à digérer ce que j'ai vu à travers la photographie », dit Liu Heung Shing.
« J'espère pouvoir présenter nos souvenirs communs des 30 dernières années, quand des changements drastiques et le développement de la Chine ont impressionné le monde entier ».
« C'est impossible de présenter ça avec les statistiques sèches du PIB, et ce n'est pas mon travail », a dit Liu Heung Shing.
Sa photographie des détails de la vie quotidienne -comment les gens vivent, leurs loisirs et l'amour- a comblé les lacunes énormes entre les chiffres secs de la narration historique Ce sont les détails et les sentiments personnels qui se connectent à tous les êtres humains, et rendent ses photos spéciales, dit Mme Smith.