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A l'époque du numérique, quel futur pour les jeunes ouvriers migrants chinois ?

Xinhua | 21.11.2016 08h44

Les machines feront disparaître plus de 70% des emplois actuels au cours de la quatrième révolution industrielle, à savoir celle du numérique, de la robotique et de l'Internet industriel. Comment les jeunes migrants issus d'une famille rurale pourront se faire une place dans les villes chinoises ? Auront-ils encore la chance de réussir, face à un fossé technologique ? Ces deux questions ont été posées par Tang Min, conseiller du Conseil des Affaires d'Etat lors d'un forum, récemment organisé à Beijing, sur l'emploi et le futur de cette population.

Les chiffres du Bureau d'Etat des statistiques montrent que la Chine comptait 277 millions d'ouvriers migrants fin 2015, dont plus d'un tiers d'entre eux avaient entre 16 et 30 ans.

L'éducation reste l'élément principal pour faire fonctionner l'ascenseur social, ont indiqué plusieurs experts participant au forum.

Paradoxalement, le pays connaît un grand nombre de jeunes diplômés d'un master et d'un doctorat au chômage, alors que les usines ont une grande difficulté à embaucher des techniciens compétents, a précisé Yang Jin, chef de l'Institut de recherche de l'éducation professionnelle relevant du ministère de l'Education. Il a critiqué à cette occasion le système éducatif d'aujourd'hui qui n'est pas compatible avec le marché du travail.

Tang Min, également président de la Fondation de Leping de Beijing, a fait part d'une situation gênante à laquelle faisait face l'arrondissement de Longgang, de la métropole technologique de Shenzhen, dans la province méridionale du Guangdong. Il y a quelques années, Longgang a lancé un programme de formation ambitieux destiné aux ouvriers migrants. Ce projet visait à donner à 15.000 travailleurs migrants une formation de technicien supérieur, mais le programme n'a accueilli finalement que 2.000 jeunes. Les cours avaient lieu le week-end, tandis que ces ouvriers migrants, au bout de cinq ou six jours de travail difficile, n'avaient plus d'énergie pour suivre une formation, a ajouté Tang Min.

La formation traditionnelle n'est plus adaptée à l'évolution rapide des technologies. "Internet plus" va révolutionner définitivement le modèle éducatif, selon les prévisions de Tang Min, ajoutant que la solution était de concevoir des formations peu chères, avec un accès facile, en constant renouvellement et de grande envergure, à savoir des formations en ligne, pour les jeunes travailleurs migrants. Ces derniers sont les principales forces de la restructuration de l'industrie nationale et les héritiers de l'esprit des maîtres du savoir-faire chinois.

Le jeune PDG d'une société de formation en ligne, Xing Shuai, âgé de 32 ans, vient d'obtenir son deuxième financement de 300 millions de yuans pour agrandir davantage son empire de la formation destinée aux jeunes à bas revenus.

Après sept ans d'études au lycée, Xing Shuai, fils de paysans, a été admis en 2007 à l'Institut de Dali, une petite ville de la province du Yunnan (sud-ouest), au lieu de la prestigieuse Université de Tsinghua dont il rêvait.

"Traditionnellement, il y a deux voies qui garantissent le destin des jeunes ruraux qui veulent s'installer un jour dans les villes. L'une est d'entrer dans une usine et l'autre est d' entrer à l'université. En réalité, ces deux chemins sont devenus de plus en plus difficiles, à cause de l'industrie davantage orientée vers la robotique et de l'accès plus facile à l'enseignement supérieur. Tout cela rend plus féroce la compétition entre les demandeurs d'emploi à la sortie de l'université", a noté M. Xing.

En 2008, il a abandonné ses études de graphisme publicitaire qui, selon lui, avait dix ans de retard par rapport aux techniques populaires du marché." J'ai décidé de créer ma propre entreprise pour les jeunes ruraux comme moi, pour qu'ils aient un accès moins cher à l'apprentissage des technologies les plus utilisées", a-t-il déclaré avec fierté.

Brandee Mc Hale, présidente de la fondation Citi, relevant du groupe Citibank, et également sponsor du forum, a présenté un sondage mené récemment par sa fondation auprès de 5.000 jeunes à l'échelle mondiale. Selon l'enquête, cette population a montré qu'elle avait des perspectives optimistes et la volonté croissante de créer des entreprises.

"Cependant, le changement ne se fait pas automatiquement", a indiqué la présidente de la fondation Citi, appelant aux efforts de divers milieux sociaux, et du gouvernement, pour créer un bon environnement de soutien et d'orientation pour les jeunes marginalisés.

"Le soutien du gouvernement est important", a ajouté Chen Zupei, président de l'Ecole de formation des femmes de ménage de Fuping, à Beijing. "Si le gouvernement peut admettre une partie des évaluations faites lors de la formation en ligne et les intégrer dans son système de qualification professionnelle, cela encouragera davantage de jeunes migrants à suivre des cours en ligne.

(Rédacteurs :Wei SHAN, Guangqi CUI)
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