Dernière mise à jour à 10h23 le 28/07
En arrivant dans une école primaire du village de Yaohe, dans la municipalité chinoise de Chongqing (sud-ouest), Ranaivoarinsoa Hery Santara a été envahi par un sentiment de familiarité.
"Les bâtiments d'enseignement de faible hauteur sont entourés de terres agricoles, ce qui m'a fait penser à ma ville natale de Madagascar", a déclaré ce jeune homme de 24 ans.
Mais il a vite repéré les différences.
"Nous avions très peu d'enseignants dans notre village. Un enseignant était souvent chargé de trois classes, chacune comptant plus de 50 élèves", se rappelle-t-il. "Mais ici, les élèves de chaque classe ont leur propre professeur, les installations sont également bien meilleures".
D'après ce jeune étudiant, il n'y avait pas d'électricité ni de tableau noir dans la salle de classe lorsqu'il étudiait à l'école primaire à Madagascar. "Il y avait même des fuites dans la salle les jours de pluie."
Au lycée et à l'université, il devait se lever à 3 heures du matin et il fallait deux heures de bus pour se rendre à l'école. S'il manquait le bus, il devait marcher pendant des heures.
C'est le premier étudiant universitaire du village et la seule personne à avoir étudié à l'étranger. "Obtenir le diplôme d'études secondaires est déjà un événement important dans ma ville natale", indique le jeune homme.
Il y a environ quatre ans, il est venu à l'Université du Sud-Ouest à Chongqing pour obtenir une maîtrise en éducation internationale chinoise.
Cette année, il s'est inscrit à un programme qui invite dix étrangers à réaliser des documentaires sur Chongqing selon leurs points de vue. Il a décidé de braquer sa caméra sur l'éducation dans les zones rurales de la Chine.
"L'ambiance à l'école est très bonne. Les enfants savent bien qu'il est important d'étudier et les enseignants sont responsables", note-t-il, ajoutant que l'éducation est souvent ignorée dans les zones rurales de Madagascar et que beaucoup de gens choisissent de se marier et de travailler après avoir terminé le lycée.
L'enseignement obligatoire gratuit de neuf ans, à savoir six ans d'école primaire et trois ans de collège, est accessible à tous les enfants chinois. Au cours des dernières décennies, cette politique a considérablement augmenté le taux de scolarisation alors que le taux d'achèvement des études en 2019 était de 94,8%.
"C'est une bonne politique. Si la même politique peut être mise en œuvre à Madagascar, je pense que le taux d'abandon scolaire serait plus faible et que davantage de gens pourraient aller à l'université", indique-t-il, ajoutant que bien qu'il existe des écoles gratuites à Madagascar, leur qualité d'enseignement n'est pas si élevée. "L'éducation gratuite signifie également l'égalité des chances."
Après avoir obtenu son diplôme, l'étudiant prévoit de rapporter dans sa ville natale ce qu'il a appris en Chine, afin d'aider davantage d'enfants à sortir des zones rurales reculées.
"Je n'ai rien de spécial, mais j'ai travaillé un peu plus dur. Si je peux étudier à l'étranger, eux aussi le peuvent", précise-t-il. "Maintenant, étudier en Chine est devenu un rêve pour tous les enfants de mon village".