Dernière mise à jour à 15h10 le 03/06
Après avoir labouré son jardin de tomates et de concombres devant sa porte tous les matins, Yang Cungui parcourt des centaines de mètres jusqu'à son musée privé et ouvre ses portes. C'est un musée paysan ouvert gratuitement au public.
Il y a neuf ans, ce fermier de 79 ans du canton de Yuxin de la ville de Tianmen, dans la province du Hubei (centre de la Chine), a consacré tout ce qu'il avait pour rénover la maison ancestrale de la famille, la transformant en un petit musée folklorique. Couvrant une superficie de plus de 200 mètres carrés, le musée expose des milliers d'ustensiles de production et d'usage quotidien que les agriculteurs utilisent depuis les années 1930. L'une des salles du musée présente également une rangée de tablettes de pierre présentant la brève histoire de la vie des agriculteurs locaux gravée de plus de 10 000 caractères chinois, écrits par le fils de M. Yang.
Photo prise le 19 mai 2022 montrant du blé et du colza récoltés dans un entrepôt d'une coopérative de la ville de Tianmen, dans la province du Hubei (centre de la Chine). (Yue Wenwan / Xinhua)
« Au cours de la dernière décennie, un nombre croissant d'agriculteurs ont emménagé dans de nouvelles maisons, et beaucoup d'entre eux ont jeté les outils obsolètes qui étaient auparavant indispensables à leur survie », a souligné M. Yang, expliquant ce qui l'a amené à rassembler et présenter ces objets pour documenter l'histoire et conserver des souvenirs.
Les efforts du fermier pour collecter ces outils agricoles a commencé en 2013. Il a affiché des avis d'achat pour ce genre d'outils sur sa porte et s'est fréquemment rendu dans les villages voisins à leur recherche pendant son temps libre. Il a reçu le soutien des villageois locaux, et même des habitants des provinces du Guangdong, du Henan et du Heilongjiang lui ont envoyé de vieilles choses comme des coupons alimentaires des années 1970 et des pièces d'argent des années 1930.
Yang Cungui explique comment utiliser une roue hydraulique dans un musée folklorique du canton de Yuxin à Tianmen, dans la province du Hubei (centre de la Chine), le 19 mai 2022. (Xinhua/Wang Tianyu)
« Ces objets anciens reflètent la sagesse de nos prédécesseurs et incarnent le développement et les changements de la campagne, mais de nombreux jeunes ne les connaissent pas. Ils méritent d'être préservés », a ajouté M. Yang. De nombreux visiteurs ont vu ses collections, et chaque fois qu'il les montre à quelqu'un, ses yeux s'illuminent de joie et d'excitation.
« Ça, c'est un moulin en pierre, qui servait à broyer le riz, le blé et le soja en poudre ou en pulpe. Après la réforme et l'ouverture de la Chine en 1978, les gens pouvaient acheter du tofu et du lait de soja bon marché dans les magasins, donc moins de gens ont utilisé ces outils alors », a-t-il raconté.
« Ça, c'est une charrue manuelle que les gens utilisaient dans les années 1990, et c'est aussi mon objet préféré », a déclaré le conservateur. « Tenez sa poignée à deux mains et faites-la glisser dans le champ, puis vous pourrez retourner le sol et l'aérer », a-t-il poursuivi, ajoutant qu'il l'utilise encore aujourd'hui car ses champs sont petits et dispersés, ce qui rend difficile leur culture à l'aide de machines.
« Mais dans les grands champs voisins, il est courant d'utiliser des machines pour semer des graines et pulvériser des insecticides avec des drones. La technologie a apporté des changements spectaculaires dans les campagnes », a dit M. Yang.
Non loin du village de Yang Cungui réside Xu Dabin qui est responsable d'une coopérative. Il possède une terre agricole de plus de 500 mu (environ 33 hectares), où il plante des céréales et des cultures commerciales. Il a acheté différents équipements mécaniques pour la coopérative, dont un chariot élévateur, un pré-refroidisseur sous vide et un banc de glace. « Ces machines nous ont fait gagner beaucoup de temps. Il y a cinq ou six ans, il fallait au moins une semaine pour labourer, disperser de l'engrais et semer des graines dans un champ de 40 mu, mais maintenant, nous faisons tout cela en huit heures avec l'aide des machines », a-t-il noté.
M. Yang achète également de nouvelles machines de temps en temps. L'an dernier, il a ainsi ajouté un chauffe-eau solaire, deux chauffe-eau électriques et un distributeur d'eau à son immeuble de deux étages, affirmant qu'il pouvait désormais boire de l'eau propre ou utiliser de l'eau chaude n'importe quand et n'importe où. Selon lui, près de 2 000 touristes ont visité son musée à ce jour. « Je garderai toujours le musée ouvert et continuerai à collectionner divers objets pour relater de manière plus complète les changements dans la vie des agriculteurs », a-t-il conclu.