Dernière mise à jour à 16h51 le 09/06
Photo combinée montrant Meng Xuanren (à gauche), étudiant en deuxième année dans un collège, et son frère Meng Xuantai, qui travaille dans une usine de réparation automobile après avoir obtenu son diplôme d'une école professionnelle, posant pour une photo près d'un tunnel conduisant vers leur école primaire le 20 janvier 2023 (ci-dessus) et les frères (2e à gauche et 1er à gauche) se rendant à l'école le 3 septembre 2012 (ci-dessous) dans le village de Nongyong du comté autonome Yao de Dahua, dans la région autonome Zhuang du Guangxi (sud de la Chine). (Photo / Xinhua)
Sans le savoir, Meng Xuantai a fait la une des journaux il y a près de 11 ans lors de son trajet d'une heure vers l'école dans les montagnes escarpées de Dahua, dans la région autonome Zhuang du Guangxi (sud de la Chine). Sur une photo prise par un photographe de Xinhua en septembre 2012, l'enfant alors âgé de huit ans avait du mal à escalader une falaise, une main appuyée contre un rocher pour garder son équilibre et l'autre tenant un sac en plastique contenant tout ce dont il avait besoin pour l'école.
Le petit Meng a été placé au milieu d'un groupe, pris en sandwich entre deux enfants plus âgés qui devaient lui donner un coup de main en cas de danger. De leur village natal Nongyong, ils devaient se rendre de l'autre côté de la montagne jusqu'à l'école la plus proche. La randonnée était longue et dangereuse, et c'est pourquoi ils ne rentraient chez eux que le week-end.
Le Guangxi est l'une des régions confrontées au pire niveau de désertification pierreuse, et le comté de Dahua, majoritairement habité par l'ethnie Yao, est situé dans des paysages karstiques recouverts de roches. Le village natal de Meng Xuantai a déjà été identifié comme inhabitable par l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture en raison de ses conditions naturelles extrêmement difficiles.
Sur la photo, le frère du jeune Meng, Meng Xuanren, alors âgé de 11 ans, portait un drap de lit en fibre de bambou.
Les deux garçons avaient des rêves différents. Meng Xuantai avait hâte de grandir, de gagner sa vie « quelque part en dehors des montagnes » et de subvenir aux besoins de ses parents, tandis que son frère rêvait d'aller à l'université et de « changer son destin par la connaissance ».
L'un de leurs plus beaux souvenirs d'enfance était d'être devant la porte et d'attendre que leur père rentre à la maison pour le Nouvel An chinois, convoitant les bonbons et les cadeaux qu'il leur apporterait de la ville lointaine où il travaillait. Leur père, Meng Guisu, qui n'a même pas terminé l'école primaire, a rejoint la majorité des villageois qui travaillaient loin de chez eux. Mais il a insisté pour que ses propres fils reçoivent une meilleure éducation et gagnent décemment leur vie. Pour de nombreux parents, la scolarisation valait les difficultés du long et dangereux périple de leurs enfants.
Certains enfants étaient toutefois mieux protégés que d'autres. Meng Keyou a commencé l'école à neuf ans, deux ans plus tard que ses pairs, car ses parents pensaient qu'il était trop dangereux pour un enfant de sept ans de monter et descendre une falaise, où une chute pouvait être mortelle.
Meng Qiuyan, 11 ans à l'époque, se souvient d'une fille plus âgée qui tomba un jour de la falaise en se rendant à l'école. « Heureusement, elle a été attrapée par des rochers et des arbres. Un enseignant s'est précipité à son secours, mais aujourd'hui encore, elle a une longue cicatrice sur le front », a-t-il raconté.
La plupart des familles du village portent le même nom de famille, Meng, bien qu'elles ne soient pas toutes apparentées.
Huang Xiaobang, photographe de l'agence Xinhua, a suivi ces enfants sur le chemin de l'école pour la première fois en 2012 et a continué à mettre à jour ses archives photographiques au fil des ans. Peu à peu, il a remarqué les changements : les enfants sont devenus des adultes et les routes asphaltées ont remplacé le sentier rocheux et périlleux que leurs petits pieds parcouraient naguère.
« Onze ans, ça semble longs », a-t-il dit. « J'ai enregistré la vie à la montagne avec l'objectif de mon appareil photo et classé les photos. Les enfants vont à l'école, rentrent à la maison, gardent les moutons, font leur lessive, aident à la cuisine et aux champs, et ils ont grandi ».
Il a pris des instantanés de leur vie difficile et de chaque changement pour le mieux : des réseaux routiers étendus, plus de véhicules, ainsi que des repas nutritifs gratuits et de nouveaux dortoirs pour les écoliers. « Enfin, mais non des moindres, les jeunes adultes que je connais depuis 11 ans ».
La plupart des anciens écoliers sur les photos de Huang Xiaobang ont maintenant entre 18 et 24 ans. Certains sont en dernière année du secondaire et se préparent à entrer à l'université cet automne, certains sont déjà à l'université et d'autres occupent des postes d'enseignants, de médecins ou d'ouvriers.
Les frères Meng ont tous deux réalisé leurs rêves : Xuanren étudie au Collège provincial des communications du Liaoning dans le nord-est de la Chine, tandis que son jeune frère Xuantai a terminé l'école technique et a obtenu un emploi dans la province voisine du Guangdong, où il répare des véhicules.
Huang Xiaobang a pris une autre photo pour les frères lorsqu'ils sont rentrés chez eux pour le Nouvel An chinois en janvier, dans un tunnel qui mène de l'autre côté de la montagne. Pour les plus jeunes enfants du village, une promenade à l'école le long de la nouvelle route prend 20 minutes. Un trajet en voiture ou à moto réduit de moitié le temps de trajet.
Meng Qiuyan, qui regrette toujours la cicatrice sur le visage de son amie qui a glissé de la falaise, étudie désormais dans une université de sciences médicales à Nanning, la capitale régionale.
La Chine a déclaré une victoire totale dans sa lutte contre la pauvreté en février 2021. Le pays a sorti 770 millions de résidents ruraux de la pauvreté depuis le début de la réforme et de l'ouverture il y a plus de 40 ans, ce qui, selon le seuil de pauvreté international de la Banque mondiale, représente plus de 70% du total mondial.