Les dernières données économiques de la Chine signalant un ralentissement de la croissance ont conduit certains observateurs à prévoir une éventuelle morosité économique après plus de 30 ans de croissance à deux chiffres à couper le souffle.
Il existe de nombreux signes de fatigue, déclarent-ils, citant par exemple le refroidissement du marché immobilier, la hausse de la dette et l'augmentation du coût du travail, qui ensemble pourraient aboutir à une forte baisse du taux de croissance de la deuxième plus grande économie mondiale.
Bien sûr, les problèmes de l'économie chinoise ne devraient pas être sous-estimés. Compte tenu de la rapidité et de l'ampleur de la croissance du pays au cours des dernières décennies, les décideurs politiques ont pris de plus en plus au sérieux les risques structurels qui pourraient mettre un frein à l'économie sur le long terme.
Face à la prudence des pessimistes, l'économie chinoise s'est pourtant révélée plus forte que prévu. Elle pourrait réaliser une croissance de 7,5% cette année, un niveau qui reste toujours très élevé, et donnerait aux décideurs politiques une marge suffisante pour entamer des réformes en profondeur.
L'économie chinoise est entrée dans une phase de "nouvelle normalité" caractérisée par une croissance un peu plus lente, mais de meilleure qualité. Pour les hauts dirigeants comme pour les chefs de petites entreprises, la "nouvelle normalité" est devenue le nouveau consensus.
La popularité de ce slogan démontre le changement de mentalité du peuple chinois : le ralentissement de la croissance est susceptible de se poursuivre pendant un certain temps et n'est pas un signe d'échec, mais le manque de réforme peut être fatal pour la croissance durable à long terme.
La Chine ne s'inquiète pas tellement de ne pas parvenir aux objectifs officiels de croissance, étant donné la conviction ferme qu'abandonner des sursauts de croissance à court terme au profit de réformes pourrait redynamiser l'économie.
L'acceptation par la nation du ralentissement de la croissance aidera à bâtir une économie plus forte, c'est-à-dire réalisant une croissance un peu plus faible mais accompagnée par un taux de chômage plus bas et soutenue par l'industrie de l'innovation et des services, au lieu d'une croissance élevée et d'un chômage élevé soutenus par les investissements et les exportations comme par le passé.
L'année 2014 a montré des signes prometteurs de cette transition : la contribution de la consommation finale au PIB a dépassé celle de l'investissement, et la croissance du secteur des services continue de dépasser celle du secteur secondaire. Une économie soutenue par les services et la consommation est en train de prendre forme.
En particulier, l'industrie de la technologie chinoise a connu une croissance florissante au cours des dernières années. Plus d'une douzaine d'entreprises d'Internet chinoises étaient cotées sur le marché boursier américain en 2014, parmi lesquelles le groupe Alibaba, qui a réalisé la plus grosse introduction en bourse de l'histoire mondiale.
La dynamique de l'industrie de la technologie chinoise est un symbole de la durabilité économique du pays, qui contraste fortement avec certaines industries traditionnelles largement soutenues par les investissements qui souffrent de surcapacité. L'innovation, qui se fait à peine remarquer, est en train de de modifier rapidement le visage de l'économie chinoise.
Les régulateurs sont prêts à stimuler la construction d'une économie novatrice. Ils ont promis d'alléger les processus d'autorisation administrative, d'assouplir les taux d'intérêt et de fournir des micro-financements pour soutenir les petites entreprises.
Comme promis fin 2013, la Chine est prête à laisser le marché jouer un rôle décisif dans l'économie. Des mesures de réforme seront prises sur les affaires foncières, les impôts, les entreprises publiques et le système d'enregistrement des ménages, et la campagne contre la corruption se poursuivra. Toutes ces mesures vont concourir au but de libérer un grand potentiel de croissance future.
L'épisode de croissance ultra-rapide est apparemment passé en Chine, laissant à la direction du pays des défis et des opportunités. Le monde doit patienter pour voir la Chine s'adapter à ce changement.