Lors de ses voeux pour la nouvelle année 2015, le président français François Hollande a déclaré : "L'année 2014 fut une année rude et jalonnée d'épreuves de toutes sortes". Cette phrase ne saurait mieux décrire la tendance économique de la zone euro l'année dernière, qui a connu des hauts et des bas avec des perspectives initiales largement optimistes et une fin morose. Avec l'arrivée de 2015, quel cap prendra l'économie de la zone euro?
Pour cette nouvelle année, la tâche principale de l'économie de la zone euro sera de stimuler la croissance. A l'heure actuelle, la zone euro est confrontée à un scénario économique difficile, étant donné la faiblesse de sa croissance, la flambée du chômage, le surendettement et la faiblesse de l'inflation. Pour la plupart des pays de la zone euro, il est impératif de stimuler la croissance économique pour résoudre ces problèmes épineux.
Cependant, selon des observateurs, la voie que la zone euro empruntera pour accélérer sa croissance économique en 2015 sera semée d'embûches et les pays devront franchir trois épreuves importantes.
Tout d'abord, les mesures fiscales pourront-elles se combiner efficacement avec les mesures monétaires? Afin de stimuler la croissance économique, la Banque centrale européenne (BCE) a lancé en 2014 plusieurs politiques d'assouplissement monétaire. Selon les spéculations du marché, la BCE pourrait lancer en janvier une politique européenne d'assouplissement quantitatif.
Toutefois, les faits montrent que la stimulation monétaire seule aura un effet limité sans des mesures fiscales adaptées. A la fin du mois de décembre 2014, la Commission européenne a officiellement lancé un plan d'investissement de plus de 310 milliards d'euros pour les trois ans à venir, qui vise à stimuler la croissance économique dans toute l'Europe grâce aux investissements.
Or, pour éviter une nouvelle augmentation de la dette, le plan de la Commission européenne ne mobilise que 21 milliards d'euros de ressources fiscales, et le reste des capitaux doit provenir du secteur privé. Ces maigres ressources fiscales suffiront-elles pour la mise en oeuvre de ce plan ambitieux? Les investisseurs privés se mobiliseront-ils comme prévu? De nombreux experts de groupes de réflexion européens se montrent sceptiques à ce sujet.
Deuxièmement, une restructuration économique pourra-t-elle rapidement s'opérer? Comme chacun sait, la raison pour laquelle les pays de la zone euro sont confrontés aux difficultés actuelles est étroitement liée aux fortes dépenses engagées par ces pays pour leurs systèmes sociaux et la protection des travailleurs.
Pour sortir de l'impasse, il est indispensable de réformer les systèmes sociaux et économiques actuels. En bref, les pays de la zone euro qui souhaitent relancer l'économie doivent libéraliser le marché en vue de créer un environnement d'affaires souple pour les entreprises.
Or, les réformes, touchant aux intérêts de certains groupes sociaux, ne sont pas faciles à mettre en oeuvre. Prenons l'exemple de la France. Celle-ci est prête à mettre en œuvre en 2015 un programme de réforme majeur, dite "loi Macron", qui vise à déréglementer une variété de domaines, tels que le notariat, la grande distribution et les transports. Cependant, ce projet de loi, qui reste à être officiellement adopté, a déjà suscité de nombreuses protestations de la part des parties intéressées, ce qui prouve à quel point la mise en oeuvre d'une réforme est difficile.
En outre, un changement soudain de la situation politique aurait également une incidence sur la confiance que la communauté internationale porte à l'économie de la zone euro. A la fin de 2014, face à la perspective d'une victoire éventuelle du parti de gauche radical Syriza lors des élections présidentielles grecques, le marché boursier du pays a connu une dégringolade et le taux de rendement des obligations a fortement grimpé.
Selon certains analystes, la Grèce pourrait, dans le pire des cas, être expulsée de la zone euro. D'après un rapport de Rabobank, plusieurs pays d'Europe du Sud organiseront dans les années à venir des élections législatives à l'issue desquelles les partis au pouvoir pourraient être remplacés, ce qui pourrait avoir un impact non négligeable sur la zone euro.
Bien que de nombreuses incertitudes et difficultés jalonnent le chemin de la croissance de la zone euro en 2015, de nombreux facteurs favorables seront également présents. La sécurité du secteur bancaire s'est grandement renforcée grâce aux restructurations de ces dernières années.
Des instituts de recherche allemands et français ont indiqué que la faiblesse du cours du pétrole et des taux d'intérêt insufflerait un nouvel élan à l'économie européenne. La confiance à l'égard de la zone euro restera également solide, comme le montre la récente adhésion de la Lituanie à la zone euro.
Après la pluie viendra le beau temps. C'est ainsi que l'on pourra décrire la situation économique complexe de la zone euro en 2015. La réforme macro-économique sera encore confrontée à de rudes épreuves, dont les résultats concrets resteront à évaluer. Nous espérons toutefois qu'après l'année mouvementée de 2014, la zone euro pourra bientôt s'engager sur sa voie de redressement.