Les Chinois voient maintenant dans les Etats-Unis une terre textile à conquérir, notamment en vue de hausse des salaires, de flambée des prix de l'énergie, de l'exclusion du traité transpacifique.
Entre 2000 et 2014, les sociétés chinoises auraient investi quelque 46 milliards de dollars en développement de projets et acquisitions aux Etats-Unis. Selon l'institut de recherche Rhodium Group, les dépenses sont principalement intervenues dans les cinq dernières années.
En dix ans, les dépenses salariales pour produire en Chine auraient triplé, selon le Boston Consulting Group.
De quelque 4,35 dollars par heure en 2004, les coûts atteindraient maintenant 12,47 dollars en 2014. Du côté des Etats-Unis, le salaire moyen n'aurait cru que de 30 % depuis 2004, à 22,32 dollars.
Du côté des Etats-Unis, ils profitent également largement de coûts d'énergie bien moindres qu'en Chine. Le pays jouit également d'un coton abondant à prix accessible, ainsi que d'aides et de détaxes pour l'industrie textile.
Enfin, l'écart de coût de production entre Chine et Etats-Unis se serait comblé : pour 1 dollar de production aux Etats-Unis, il en faut 0,96 en Chine, où la production de fil coûte 30 % plus cher.
Le New York Times a indiqué que les Etats de Caroline du Nord et du Sud comptent d'ores et déjà plus d'une vingtaine d'usines textiles chinoises. Avec des histoires d'autant plus marquantes que les industriels chinois, jadis accusés de détruire les entreprises américaines, arrivent parfois en sauveurs.
Le cas de l'entreprise Keer Group, fondée par Ni Meijuan, est un bon exemple. En avril, l'entreprise a lancé dans le comté de Lancaster une usine de 21 367 m² et 32 lignes de production, pouvant produire 85 tonnes de fil par jour. 500 emplois plus que bienvenus dans une région où le taux de chômage atteint les 18,6 %. Des emplois perdus notamment en 2007 quand l'un des plus gros employeurs textile, Springs Industries, a fermé ses portes.
« Ils ont fermé un par un », a raconté au New York Times Donnie R. Gordon, ancien ouvrier textile de la région, qui officie aujourd'hui pour Keer. « Vous pouviez vous faire pas mal d'argent dans les usines textiles, mais ces emplois se sont tout simplement envolés. »
Les investisseurs chinois ne sont pas les seuls à offrir un possible salut aux régions textiles affaiblies de l'Amérique. Il y a aussi des Indiens à Sylvania, en Georgie, des Brésilien au Texas. Et la liste des projets similaires ne cesserait de s'allonger.
(Source : fashionmag.com)