Dernière mise à jour à 08h39 le 29/10
Avec la conclusion de l'accord de libre-échange (ALE) entre la Chine et la Corée du Sud, ainsi que de nouvelles opportunités rendues possibles par un environnement politique amélioré, Beijing, Tokyo et Séoul devraient accélérer leurs négociations pour un ALE trilatéral.
Dans un signe de réchauffement des relations, un sommet trilatéral devrait avoir lieu début novembre, le premier depuis trois ans, offrant une occasion nouvelle mais précieuse pour les trois parties de faire avancer leurs pourparlers pour un ALE longtemps attendu.
IMPORTANCE D'UN ALE TRILATERAL
La flambée du nombre de touristes chinois et leur pouvoir d'achat en hausse, ce qui ravit les commerçants japonais, illustrent par le détail des relations économiques et commerciales croissantes entre les deux pays.
Les touristes venus de Chine continentale ont dépensé 466 milliards de yens (3,8 milliards de dollars) entre juillet et septembre derniers, selon l'Agence nationale du tourisme du Japon.
La Chine est le plus grand partenaire commercial du Japon et de la Corée du Sud, tandis que le Japon est le deuxième plus grand pays partenaire commercial de la Chine et le troisième de la Corée du Sud, avec des échanges commerciaux totalisant l'an dernier respectivement 307,5 et 235,4 milliards de dollars, selon le ministère chinois du Commerce.
En outre, les trois pays, dont le montant combiné du PIB représente 20% de celui de la planète, constituent l'un des trois plus grands blocs économiques avec l'Union européenne (UE) et l'Amérique du Nord, qui ont tous deux déjà conclu un ALE dans leur zone.
Cependant, malgré le volume élevé de leurs échanges commerciaux, la dépendance commerciale entre les trois pays est de seulement 19,4%, soit nettement mois que les 63,8% dans l'UE et les 40,2% en Amérique du Nord, ce qui laisse une grande marge de progression.
Lors de la 8e session de négociations de l'ALE en septembre, le vice-ministre chinois du Commerce Wang Shouwen a estimé dans un entretien à Radio Chine Internationale que la levée des barrières commerciales était cruciale, en particulier étant donné ce qui s'est passe en Asie de l'Est cette année.
S'il est conclu, cet ALE trilatéral accroîtra le commerce et les investissements à la fois bilatéraux et trilatéraux, tout en fournissant à la coopération trilatérale un cadre global et institutionnel.
En renforçant la coopération au sein des trois pays d'Asie du Nord-Est, cet ALE marquera le point de départ de l'intégration économique de l'Asie dans son ensemble, estime Lee Bong-Geol, expert à l'Association coréenne du commerce international (KITA).
OBSTACLES AUX NEGOCIATIONS DE L'ALE
Depuis leur lancement en novembre 2012, les négociations de cet ALE trilatéral se sont poursuivies en dépit d'un environnement politique défavorable. Jusqu'ici, huit sessions ont eu lieu, avec une neuvième prévue pour décembre prochain.
Cependant, les progrès sont lents et des résultats concrets n'ont pas encore été atteints, les trois pays n'ayant par exemple pas encore abordé la question des tarifs douaniers.
De plus, les facteurs politiques représentent plus d'obstacles à ces discussions que les simples calculs économiques, juge M. Lee. Le mécanisme de réunion trilatérale de haut niveau a été suspendu en 2012, lorsque les relations Chine-Japon et Corée du Sud-Japon se sont détériorées en raison de différends sur des questions historiques et territoriales.
Cependant, malgré les barrières politiques et économiques, les milieux économiques et commerciaux de chaque pays attendent un ALE pour promouvoir leur interaction économique.
Un total de 332 entreprises japonaises et sud-coréennes ont participé activement en septembre dernier à la première Exposition industrielle Chine-Japon-Corée du Sud, a rapporté le quotidien sud-coréen JoongAng Daily sur son site en chinois.
La coopération entre les trois pays s'étendant progressivement à plus de domaines, la communauté des affaires de chaque pays réclame de plus en plus cet ALE, assure Yang Houlan, secrétaire général du secrétariat de la coopération trilatérale Chine-Japon-Corée du Sud.
SAISIR DES OPPORTUNITES QUI NE SE PRESENTENT PAS FACILEMENT
Les relations sino-japonaises ont montré des signes d'amélioration avec la signature d'un accord de principe de quatre points en novembre 2014, qui comprend la reprise du dialogue politique, diplomatique et sécuritaire tout en reconnaissant leurs différends concernant les îles Diaoyu (Senkaku pour les Japonais).
Evénement diplomatique important, une réunion trilatérale des ministres des Affaires étrangères a eu lieu pour la première fois depuis trois ans en mars dernier. A cette occasion, ils ont exprimé leur espoir de voir cette réunion marquer le début d'un processus de restauration du mécanisme de coopération trilatérale.
"J'espère que le Japon saisira cette opportunité et fera face à l'Histoire afin de se décharger d'un fardeau historique et avancer vers l'avenir avec ses voisins", a déclaré le chef de la diplomatie chinoise Wang Yi.
Les ministres ont également promis d'accélérer leurs négociations sur l'ALE trilatéral, qui seront sans doute stimulées par le prochain sommet trilatéral de Séoul.
En outre, la conclusion en juin dernier d'un accord de libre-échange Chine-Corée du Sud est également considérée comme un coup de pouce pour la signature future d'un ALE trilatéral.
Junichi Sugawara de l'Institut de recherche Mizuho estime que le Japon devrait conclure d'urgence un ALE avec la Chine et la Corée du Sud, car l'ALE sino-coréen place les entreprises japonaises en position défavorable lorsqu'elles sont en compétition avec les entreprises des deux autres pays.
Les experts pensent également que cet ALE trilatéral devrait fonctionner en parallèle avec le Partenariat transpacifique (TPP) récemment conclu et le Partenariat économique global régional (RCEP) en cours de négociation, et que le Japon devrait les apprécier tous les deux.
"Si le Japon n'intègre pas l'ALE trilatéral et le RCEP parce qu'il choisit le TPP, alors le TPP perdrait pour lui tout son sens", pense Junichi Arai du Centre japonais de recherche économique.
Une fois mis en œuvre, un ALE trilatéral représenterait un marché de plus de 1,5 milliard de consommateurs, augmentant le PIB de la Chine de 2,9%, celui du Japon de 0,5% et celui de la Corée du Sud de 3,1%, selon le Financial Times.