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La puissance industrielle chinoise alimente la croissance africaine

Xinhua | 05.12.2015 11h15

La société qui est derrière la construction du Barrage des Trois Gorges, en Chine, pose son regard sur l'Afrique subsaharienne.

Lorsque la China Gezhouba Group Corp. (CGGC) a terminé l'énorme projet hydraulique sur le fleuve Yangtsé en 1991, les sociétés industrielles prospéraient en Chine et le pays connaissait une croissance à deux chiffres.

Aujourd'hui, les activités des entreprises chinoises telles que la CGGC ralentissent et se tournent vers les marchés d'outre-mer, surtout vers les régions sous-développées d'Afrique.

La CGGC a acquis une centrale de fuel lourd en 2014 au Liberia pour la somme de 155 millions de dollars et elle envisage de fonder des joint-ventures dans l'industrie cimentière au Nigeria et en Angola pour répondre aux besoins locaux.

Un autre géant chinois de la construction, la China Railway Construction Corp. Ltd. (CRCC), exploite des projets ferroviaires en Ethiopie et au Kenya. Elle est également en train de discuter de la construction de logements sociaux et de centrales électriques dans d'autres pays africains tels que le Zimbabwe, le Cameroun et le Mali.

Ces projets sont conformes au soutien national à la "coopération de la capacité de la production industrielle". Cette coopération devrait être soulignée lors du Sommet du Forum sur la coopération sino-africaine qui se déroule les 4 et 5 décembre en Afrique du Sud.

L'Afrique est un partenaire naturel de coopération, ont assuré des économistes et des responsables chinois et africains.

La Chine est le plus grand partenaire commercial de l'Afrique. L'économie africaine a augmenté de plus de 5% chaque année durant la dernière décennie, mais la plupart des pays africains sont en retard en matière de production industrielle et d'infrastructures. La surcapacité industrielle de la Chine, avec ses coûts bas et sa bonne qualité, peut combler l'écart.

Plus de 3.000 entreprises chinoises exploitent actuellement en Afrique les marchés des finances, des télécommunications, de l'énergie, de la production et de l'agriculture, entre autres. Les sociétés chinoises ont créé plus de 100.000 emplois sur le continent africain.

En comparaison avec les économies développées telles que les Etats-Unis, le Japon et l'Europe, la Chine n'apporte pas à l'Afrique des produits ou des technologies avancés, mais des avantages en termes de coût et d'utilité, a indiqué Zhang Yansheng, économiste de la Commission nationale du développement et de la réforme.

"La Chine et l'Afrique sont les partenaires de coopération économique les plus appropriés," a-t-il estimé, notant que l'Afrique avait une forte demande en produits et technologies industriels chinois, moins chers et plus pratiques que ceux des pays occidentaux.

La plupart des pays africains sont en voie de développement et se situent actuellement au début de l'industrialisation. La Chine est relativement en avance en matière de développement industriel et elle possède des technologies et des fonds. Le moment est propice pour la coopération bilatérale, a relevé Yang Fuchang, ancien vice-ministre chinois des Affaires étrangères, lors d'un forum tenu en novembre.

Selon Zhang Jun, cadre de la CGGC responsable des opérations en Afrique subsaharienne, il existe nombre d'opportunités commerciales pour la coopération sino-africaine en matière de transport, d'énergie, d'approvisionnement en eau et de soins de santé.

Les producteurs chinois du ciment et du verre plat, qui font face à un important surplus de l'offre en Chine, fonctionnent bien en Afrique, a-t-il rappelé.

Les grandes entreprises chinoises des télécommunications, dont Huawei et ZTE, ont aidé à réduire le coût des télécommunications à travers l'Afrique, tandis que la Banque d'import-export de Chine a fourni des prêts de manière active pour des projets de chemins de fer et de réseaux routiers.

Investir en Afrique peut aider la Chine à assimiler le surplus de l'offre industrielle qui a tiré vers le bas sa croissance économique, tout en stimulant le développement et en améliorant les conditions de vie des Africains, a indique M. Zhang de la CGGC.

La coopération sino-africaine a contribué à plus de 20% de la croissance économique de l'Afrique, selon un rapport du Fonds monétaire international (FMI).

L'infrastructure inadéquate a restreint le développement durable de l'Afrique, et ce continent est ouvert aux investisseurs chinois, a déclaré en novembre à Beijing Victor Sikonina, directeur de l'African Diplomatic Corps et ambassadeur de Madagascar en Chine.

Les investissements de la Chine en Afrique ont dépassé 30 milliards de dollars fin 2014, soit une hausse multipliée par soixante par rapport à l'année 2000. La Chine s'est engagée à porter le volume à quelque 100 milliards de dollars d'ici 2020.

Comme l'économie chinoise est entrée dans la "nouvelle normalité", marquée par le ralentissement de la croissance et la modernisation industrielle, ses industries à forte demande en main-d'oeuvre devraient être délocalisées à l'étranger, surtout en Afrique, où les coûts de main-d'oeuvre sont beaucoup plus bas, a indiqué Junstin Yifu Lin, professeur de l'Ecole nationale du développement à la Peking University et ancien économiste en chef de la Banque mondiale.

Ce transfert pourra contribuer à maintenir une forte croissance en Afrique pour une durée de dix à vingt ans, a déclaré M. Lin lors d'un forum.

Le secteur du commerce mis à part, un facteur important pour la croissance de la coopération industrielle sino-africaine réside dans le fait que la Chine n'applique pas de restriction politique à l'investissement, selon les observateurs.

La Chine et ses amis africains ont convenu de promouvoir la coopération et d'adopter la politique de non-ingérence dans les affaires des autres pays, a déclaré Peter Kagwanja, PDG de l'Institut de la politique de l'Afrique.

A l'inverse des pays occidentaux, la Chine possède une culture de partage et de recherche des bénéfices mutuels, et a évité l'invasion et l'impérialisme, a déclaré M. Zhang de la CNDR.

"Tant que le peuple africain en aura besoin, les entreprises chinoises investiront en Afrique, même si elles ne peuvent pas gagner beaucoup d'argent là-bas", a-t-il indiqué à Xinhua.

Les entreprises chinoises essaient de localiser leurs opérations en Afrique, en formant du personnel de gestion local et en recrutant davantage d'habitants locaux, a déclaré Li Shubin, un directeur en charge des projets à l'étranger d'une filiale de la CRCC.

La Chine a accordé des milliards de dollars de prêts aux pays africains. Elle a également élaboré environ 900 programmes d'aide couvrant notamment les secteurs de l'agriculture, la santé, l'éducation, et a offert une formation à plus de 30.000 habitants locaux depuis 2012.

(Rédacteurs :Qian HE, Yin GAO)
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