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China Eastern va entrer au capital d'Air France-KLM

le Quotidien du Peuple en ligne | 05.09.2017 13h06

Les actionnaires d'Air France-KLM ont voté le 4 septembre à une très large majorité l'entrée au capital de China Eastern et de Delta Air Lines. Cette nouvelle, un véritable coup de tonnerre dans le monde des compagnies aériennes européennes, a eu tôt fait de faire craindre à certains, sans doute mal informés, qu'Air France-KLM soit carrément sur le point de passer sous pavillon chinois... lundi donc, une assemblée générale extraordinaire a donné son feu vert à l'arrivée de ces deux nouveaux actionnaires au capital du groupe. Et sans la moindre hésitation, puisque l'entrée de China Eastern, l'une des principales compagnies aériennes chinoises, a été approuvée à 95,04% par les actionnaires et celle des Américains de Delta Air Lines à 94,64%.

Chacun des deux transporteurs détiendra 10% du groupe via une augmentation de capital réservée avec un prix de l'action fixé à 10 Euros, bien en dessous du prix estimé du marché. Ils seront l'un comme l'autre représentés par un administrateur, Bing Tang pour China Eastern, et George Mattson pour Delta. Autre conséquence notable de l'augmentation de capital, la part de l’État français va passer à 14% au lieu de 17,6% auparavant. Même avec seulement 10%, certains actionnaires et salariés du groupe vivent l'arrivée des deux compagnies étrangères au capital du groupe franco néerlandais comme une menace. Le syndicat CFDT, que la « dynamique de conquête » ne laisse pas insensible quand c'est Air France-KLM qui entre au capital d'une autre compagnie, évoque en revanche dans cette affaire une « perte d'autonomie dans la gouvernance ».

Et les pilotes ne sont pas en reste : sans un point de vue publié sur le site du journal La Tribune, deux pilotes d'Air France, et pas des moindres, Bernard Pedamon, ancien administrateur d'Air France et d'Air France-KLM, et Philippe Raffin, ancien vice-président du syndicat des pilotes de ligne d'Air France, vont encore plus loin : « Cette augmentation de capital réservée engendre, à terme, le risque d'une perte d'indépendance du groupe AFKL, avec l'approbation surprenante de l'État français (...). Pour l'Europe, ce n'est assurément pas une bonne nouvelle puisque, après le groupe IAG, dont 20% du capital est déjà détenu par Qatar Airways, le groupe Air France-KLM pourrait lui-même tomber un jour sous le contrôle du groupe américain ou du groupe chinois ». Certains actionnaires -peu nombreux à vrai dire- renâclent aussi : lors de l'assemblée générale, l'un d'entre eux a ainsi estimé qu'en se livrant à une telle opération -avec un prix de l'action à 10 Euros- les dirigeants « bradent le patrimoine national ».

Pour autant, l'identité européenne d'Air France-KLM, que ces contestataires chérissent tant, est loin d'être en danger. Tout d'abord parce qu'aucune compagnie non européenne ne peut détenir la majorité du capital d'une compagnie du Vieux continent. Et dans le cas d'Air France-KLM, sans aller jusque-là, Delta et China Eastern ne pourront à terme, selon les termes de l'augmentation de capital, pas dépasser les 13% du capital du groupe. Jean-Marc Janaillac, le président du groupe, s'est également attaché à préserver un équilibre stratégique, avec l'arrivée, à parts égales, de deux actionnaires qui défendent chacun leurs intérêts commerciaux : ainsi, Delta mise sur le trafic transatlantique -y compris avec Virgin Atlantic dont Air France-KLM détient 31%- et de son côté, China Eastern, comme d'autres grandes compagnies chinoises, n'a pas caché vouloir développer les routes entre la Chine et l'Europe. Autrement dit, la mise sous tutelle étrangère du groupe franco-néerlandais n'est pas pour demain, loin s'en faut. Cette arrivée au capital pourrait même lui profiter, en lui permettant de bénéficier du réseau, non négligeable, des deux actionnaires. 

(Rédacteurs :Guangqi CUI, Wei SHAN)
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