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Les États-Unis remettent en cause le statut de pays en développement

le Quotidien du Peuple en ligne | 30.07.2019 14h01

Des experts se sont vivement opposés à la tentative des États-Unis de modifier le statut de pays en développement de certains membres de l'Organisation mondiale du commerce. Ils se sont exprimés après la publication par la Maison-Blanche le 26 juillet d'un mémorandum visant à modifier l'approche de l'OMC en matière de flexibilités associées au statut de pays en développement.

Selon les États-Unis, près des deux tiers des membres ont pu utiliser ce statut et chercher à obtenir des engagements plus faibles dans le cadre de l'OMC en se désignant comme des pays en développement. Le mémorandum cite notamment la Chine comme exemple.

De son côté, Wei Jianguo, ancien vice-ministre du Commerce, a déclaré qu'il est indéniable que la Chine n'est pas encore devenue un pays développé, même si elle s'efforce d'atteindre ce statut. « Les données économiques globales de la Chine indiquent une croissance continue, mais son PIB par habitant reste relativement faible », a souligné M. Wei, actuellement vice-président du Centre chinois pour les échanges économiques internationaux, un groupe de réflexion majeur du gouvernement.

D'après les statistiques de 2018, la population chinoise est plus de quatre fois supérieure à celle des États-Unis, mais, dans le même temps, selon StatisticsTimes.com, le revenu par habitant des États-Unis est 6,38 fois supérieur à celui de la Chine.

M. Wei a aussi noté que la structure économique de la Chine a connu des ajustements majeurs, mais que sa structure industrielle présente encore un écart important par rapport aux pays développés.

A en juger d'après divers faits, la Chine reste le plus grand pays en développement du monde, a pour sa part noté Yang Weiyong, professeur d'économie à l'Université de commerce international et d'économie, indiquant que la Chine avait considérablement amélioré l'intégration entre les zones urbaines et rurales, mais que son développement était toujours déséquilibré.

Il a par ailleurs affirmé que la Chine, en tant que membre de l'OMC, n'a jamais abusé du traitement spécial et différencié, qui est une disposition des accords de l'OMC conférant aux pays en développement des droits spéciaux. La Chine a même, au contraire, toujours assumé des responsabilités compatibles avec son propre niveau de développement, a-t-il dit.

Depuis son adhésion à l'OMC, la Chine a fidèlement rempli ses engagements. Ainsi, selon un livre blanc du gouvernement, en 2010, elle avait rempli tous ses engagements de réduction tarifaire, ramenant le niveau de droits moyens de 15,3% en 2001 à 9,8%.

Par exemple, a cité le livre blanc, la Chine a réduit le taux de droits moyens appliqué aux produits agricoles de 23,2% à 15,2%, soit environ un quart de la moyenne mondiale et bien moins que ceux imposés par les pays en développement membres de l'OMC (56%) et les pays développés (39%).

Cheng Dawei, professeur de commerce international à la faculté des sciences économiques de l'Université Renmin de Chine, a pour sa part déclaré que « le mémorandum américain énumère arbitrairement des clauses qui menacent d'autres pays. Il lie de nombreux problèmes, tels que le statut des pays en développement, à la sécurité nationale. Il piétine gravement les règles de l'OMC ».

« La Chine, ainsi que les autres pays en développement, ne permettront jamais aux États-Unis d'utiliser un moyen simple pour redéfinir le statut des autres pays. Les règles existantes de l'OMC doivent être respectées, et dans le même temps, l'unilatéralisme américain doit être fermement contesté », a-t-il ajouté.

S'exprimant lors de la réunion du Conseil général de l'OMC en mars, l'ambassadeur de Chine, Zhang Xiangchen, a insisté sur le fait que la question centrale du développement n'est pas de savoir si les pays en développement souhaitent apporter une plus grande contribution aux futures négociations, mais bien s'ils peuvent bénéficier des mêmes droits.

Il a également rappelé que certains pays développés membres de l'OMC bénéficient de certains privilèges lors des négociations, affirmant que si ce déséquilibre structurel persiste, le traitement spécial et différencié ne sera pour les pays en développement membres que la seule façon de remédier partiellement à ces déséquilibres.

(Rédacteurs :Xiao Xiao, Yishuang Liu)
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