Dernière mise à jour à 10h25 le 01/07
Un responsable du Fonds monétaire international (FMI) a déclaré que le secteur chinois de la technologie financière (fintech) jouait un rôle déterminant pour aider les petites et moyennes entreprises (PME) à avoir accès au crédit, ajoutant qu'il s'agissait d'un élément crucial pour traverser le confinement dû au COVID-19.
"Les paiements qui sont effectués et facilités par des entreprises technologiques sont très importants en Chine", a confié à Xinhua Tobias Adrian, conseiller financier et directeur du Département des marchés monétaires et des capitaux du FMI, lors d'un récent entretien par vidéo.
Malgré la présence des banques en tant que créanciers dominants, en plus d'un grand marché d'obligations d'entreprise, M. Adrian a expliqué que la fintech constituait un élément important pour les ménages et pour les PME, qui représentent une fraction substantielle du PIB chinois.
Notant qu'il y a une immense innovation dans les services financiers à travers le monde, le responsable du FMI a souligné que dans certains secteurs, "la Chine a vraiment montré la voie" en matière de développement de la technologie financière.
M. Adrian a ajouté s'attendre à ce que les développements de la fintech se propagent plus rapidement dans le monde entier en réponse au virus, parce que les paiements sans contact et le crédit en ligne revêtent à l'heure actuelle une importance d'autant plus grande.
Dans une récente version de son Rapport sur la stabilité financière mondiale en avril, le FMI a averti jeudi que le décalage continu entre les marchés financiers et l'économie réelle était une "vulnérabilité", qui pourrait constituer une menace pour la reprise si l'appétit pour le risque des investisseurs devait s'estomper.
"Ce à quoi nous faisons référence, c'est une tension entre les conditions financières et économiques", a indiqué M. Adrian.
"Dans certains pays et dans certains secteurs, les prix des actifs sont revenus aux niveaux antérieurs à la pandémie de COVID-19 (...) pourtant, les prévisions pour les bénéfices futurs sont plus faibles, et l'incertitude autour de la voie à suivre pour l'avenir s'accentuent", a-t-il dit à Xinhua.
Alors que les gouvernements adoptent une politique monétaire "non conventionnelle" dans le contexte de la pandémie de COVID-19, les taux d'intérêt ont été plus bas, et la tarification du risque s'est comprimée, ce qui a fait monter les prix des actifs, a poursuivi M. Adrian.
Notant que les banques centrales ont contribué à l'assouplissement des conditions financières, le responsable du FMI a dit ne pas croire qu'il existât à ce stade des preuves claires de bulles qui seraient générées par des prix irrationnels.
Un certain nombre d'évolutions pourraient toutefois déclencher une baisse des prix des actifs à risque, y compris une récession plus profonde et plus longue que prévu, une deuxième vague d'infections avec les mesures de confinement qui s'ensuivent, ainsi que des tensions géopolitiques ou une aggravation des troubles sociaux en réponse à l'augmentation des inégalités mondiales, selon le rapport actualisé.
Les attentes quant à l'ampleur du soutien des banques centrales pourraient s'avérer "trop optimistes", ce qui amène les investisseurs à réévaluer leur appétit et la tarification du risque, a ajouté le rapport.
"Je crois que les banques centrales devraient continuer à adopter cette position facile et accommodante de la politique monétaire parce qu'elle aide l'économie réelle", a estimé M. Adrian. "Dans le même temps, les autorités prudentielles doivent s'assurer que les marges de manœuvre prudentielles des banques, mais aussi celles des ménages et des entreprises, sont suffisantes".
Le responsable du FMI a noté que les banques disposent de capitaux et de liquidités beaucoup plus élevés à la suite de réformes ayant duré une décennie, et que le montant des capitaux sera suffisant "dans la plupart des pays et pour la plupart des banques".
M. Adrian a noté qu'environ 70 pays ont reçu un financement d'urgence du FMI au milieu de la pandémie, et le prêteur multilatéral a travaillé en étroite collaboration avec d'autres organisations, y compris la Banque mondiale pour aider les pays à faire face à la crise.