Dernière mise à jour à 09h10 le 20/07
Plusieurs économistes américains ont estimé que le rebond de l'économie chinoise dans le contexte du COVID-19 était très encourageant, de récentes données ayant indiqué que la Chine était la première grande économie mondiale à sortir de la récession induite par la pandémie.
"C'est une nouvelle très encourageante. La mise sous contrôle de l'épidémie a rendu possible une reprise au deuxième trimestre", a indiqué par courriel à Xinhua Jeffrey Sachs, un professeur d'économie renommé de l'université de Columbia. "Dans le monde actuel, une santé publique de qualité est la clé de bons résultats économiques", a-t-il ajouté.
Le produit intérieur brut (PIB) de la Chine a de fait augmenté de 3,2% en glissement annuel au deuxième trimestre, après avoir enregistré une contraction de 6,8% au premier trimestre, selon des données récemment publiées par le Bureau national des statistiques (BNS) de la Chine.
Nicholas Lardy, un éminent chercheur de l'Institut Peterson pour l'économie internationale (PIIE), un groupe de réflexion basé à Washington D.C., a quant à lui déclaré à Xinhua dans une récente interview par téléphone que le secteur industriel chinois se redressait "très rapidement", tandis que le secteur des services connaissait également une certaine expansion, et que le commerce dans son ensemble "s'en sortait incroyablement bien" au vu des circonstances.
Les ventes de détail, qui n'ont enregistré qu'une légère baisse en juin par rapport au même mois l'année dernière, ont été "extrêmement bonnes" par rapport aux autres économies du monde, et se sont "drastiquement améliorées" par rapport aux derniers mois, a indiqué cet expert en affaires chinoises.
"Je pense que nous allons assister à une reprise encore meilleure des ventes de détail, ce qui contribuera à la croissance du secteur des services", a ajouté M. Lardy.
Andy Rothman, conseiller en investissement au sein de la société d'investissement Matthews Asia, une société basée à San Francisco, a écrit dans une récente analyse que la courbe en V affichée par la croissance économique chinoise avait continué en juin à remonter pour le quatrième mois consécutif, notamment sous l'impulsion d'une forte demande intérieure.
La reprise des ventes d'automobiles et de biens immobiliers le mois dernier reflète notamment le fait que "les consommateurs des classes moyenne et aisée ont à la fois suffisamment d'argent et suffisamment de confiance en l'avenir pour dépenser cet argent", a affirmé M. Rothman.
M. Lardy a déclaré à Xinhua qu'il pensait que la reprise économique chinoise se poursuivrait au second semestre, puisque le pays avait placé l'épidémie de COVID-19 sous contrôle.
Il a souligné que la Chine avait réussi à "étouffer" les nouvelles petites flambées de coronavirus à Wuhan - et plus récemment à Beijing - grâce à des tests de masse, à des mesures de quarantaine et à une recherche efficace des contacts des malades.
"Je pense qu'ils ont les ressources et la détermination nécessaires pour éviter que le coronavirus n'ait un impact négatif sur l'économie au second semestre", a affirmé M. Lardy.
Il a souligné qu'il pensait que la Chine allait enregistrer une croissance globale de 2 à 3% cette année - une projection plus optimiste que celles du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale, qui prévoient tous deux un taux de croissance d'environ 1% pour la Chine.
Yukon Huang, chercheur au sein du Programme Asie de la Fondation Carnegie pour la paix internationale, a cependant adopté un ton plus prudent.
"Les récentes données sont encourageantes, et suggèrent que la Chine est la première grande économie à sortir de la récession induite par le virus, mais il est encore trop tôt pour savoir si ce rebond s'est déjà stabilisé ou va encore s'accélérer", a indiqué M. Huang à Xinhua par courriel.
M. Lardy a quant à lui souligné la résilience de la Chine en matière d'exportations. "Il y a plusieurs mois, beaucoup de gens disaient que le commerce extérieur serait un gros frein à la croissance de la Chine. Mais cela n'est clairement pas encore arrivé", a-t-il affirmé.
Le commerce mondial a en effet décliné de 16% depuis le début de l'année, mais les exportations chinoises ont augmenté de 0,5% en juin par rapport à la même période l'an dernier, a indiqué M. Lardy, soulignant qu'il s'agissait d'une "performance extrêmement solide" par rapport au reste du monde.
M. Sachs, qui est également conseiller auprès des Nations unies, a ajouté que la reprise économique de la Chine allait contribuer à la reprise mondiale.
La Chine devrait s'associer au Japon, à la Corée du Sud et aux autres pays ayant réussi à endiguer la propagation du virus pour aider d'autres pays à en faire autant, en particulier en Afrique et en Asie, a déclaré M. Sachs, soulignant que cela permettrait "d'accélérer le retour d'un développement mondial durable".