Dernière mise à jour à 09h13 le 29/07
L'Association internationale du transport aérien (AITA) a publié mardi une mise à jour des prévisions mondiales de passagers, montrant que la reprise du trafic aérien va être plus lente que prévu, et a averti que la tempête à laquelle l'industrie faisait face était loin d'être terminée.
Dans son scénario de base, le trafic mondial de passagers mesuré en passagers-kilomètres payants ne reviendra pas aux niveaux pré-COVID-19 avant 2024, un an plus tard que prévu, a déclaré l'organisation commerciale internationale de sociétés de transport aérien dans un communiqué.
Bien qu'il y ait eu une amélioration des voyages court-courrier, les marchés internationaux restent largement fermés et la confiance des passagers est déprimée, a fait remarquer Alexandre de Juniac, directeur général et PDG de l'AITA, lors d'une interview accordée à Xinhua.
"Nous avons une demande de passagers très faible qui ne se rétablit que lentement, d'abord sur les marchés intérieurs mais pas les voyages intercontinentaux en raison des fermetures de frontières et des restrictions de voyage imposées par les gouvernements", a-t-il indiqué.
Selon M. de Juniac, de nouvelles réglementations en matière de santé et de sécurité telles que les contrôles de température aux aéroports et les règles relatives aux masques pourraient aider à restaurer la confiance des passagers.
L'AITA a estimé que la récupération dans les voyages à courte distance devrait se produire plus rapidement que dans les voyages à longue distance.
Le délai pour revenir aux niveaux d'avant le COVID-19 sera plus long, selon l'AITA, évoquant l'année 2023 au lieu de l'année 2022. En ce qui concerne l'année en cours, le nombre de passagers dans le monde chutera de 55% par rapport à 2019.
En juin, le trafic des passagers a connu une chute de 86,5% par rapport à la même période de l'année précédente, selon l'AITA. Cela n'est que légèrement amélioré par rapport à une contraction de 91% signalée en mai.
M. de Juniac a constaté une demande croissante dans des marchés intérieurs, en particulier en Chine.
"Les compagnies aériennes chinoises se rétablissent surtout en ce qui concerne les voyages intérieurs, mais comme de nombreux pays ont fermé leurs frontières ou mis en place des mesures de contrôle sanitaire très strictes, les voyages internationaux sont très faibles", a-t-il déclaré.
"Nous nous attendons à ce que les compagnies aériennes chinoises soient dans une meilleure situation que leurs partenaires dans d'autres pays, mais toujours dans une position plus faible que l'année passée", a-t-il ajouté.
Des compagnies aériennes dans le monde entier, notamment British Airways, Air France, easyJet et Lufthansa Group, ont annoncé des plans de licencier des milliers de travailleurs dans le contexte de la crise du coronavirus.
"Nous sommes également préoccupés par les emplois liés à l'industrie du voyage aérien, au tourisme, au secteur du divertissement, toutes ces industries qui sont gravement touchées par la crise du COVID-19 directement et indirectement en raison de la réduction des voyages aériens", a déclaré M. de Juniac.
PIRE ANNEE DE L'HISTOIRE
En juin, l'AITA a averti que 2020 serait "la pire année de l'histoire de l'aviation" et que les compagnies aériennes devraient perdre 84,3 milliards de dollars.
"Nous demandons toujours aux gouvernements de nous aider. La première série de mesures annoncées par les gouvernements avait été importante", a dit M. de Juniac à Xinhua.
"Mais les choses ne doivent pas s'arrêter là, car la crise n'est pas terminée. Nous demandons donc toujours aux gouvernements d'investir de l'argent dans l'industrie s'ils veulent conserver des compagnies aériennes et une bonne connectivité pour leur pays, ce qui est absolument essentiel pour la reprise économique", a-t-il poursuivi.
Le chef de l'AITA a également affirmé être préoccupé par la réduction des voyages d'affaires, car les entreprises continuent d'être sous pression financière alors même que l'économie s'améliorait.
"Nous allons récupérer. C'est une industrie qui a déjà fait face à de nombreux chocs et crises, nous allons donc nous en remettre", a-t-il souligné, ajoutant que "les voyages d'affaires sont plus à risque car les gens utilisent désormais des outils virtuels, des ordinateurs, et des technologies web pour organiser des réunions."
M. de Juniac a confirmé que le secteur était toujours déterminé à atteindre ses buts de réduction des émissions de CO2 malgré la pandémie.
"Les objectifs pour lesquels nous nous sommes engagés sont d'être neutres en carbone à partir de 2021 et de réduire nos émissions de CO2 de moitié en 2050, nous sommes toujours déterminés à le faire, et nous le ferons", a-t-il déclaré.
L'industrie de l'aviation civile internationale a pour objectif de réduire de moitié les émissions aériennes prévues pour 2050 par rapport à celles de 2005.