Dernière mise à jour à 11h32 le 11/09
La future chambre de compensation en renminbi (RMB, la devise chinoise) à Maurice, qui devrait faciliter les opérations commerciales entre la Chine et l'archipel, va s'inscrire dans le cadre du renforcement de l'axe économique entre l'Afrique et la Chine, a estimé Kwang Poon, président du Conseil économique Afrique-Europe-Asie (CECOAFREA) et expert en relations internationales, lors d'une récente interview accordée à l'agence Xinhua.
Cette chambre devrait bientôt voir le jour à Maurice, selon le ministre des Finances, Renganaden Padayachy, qui a annoncé cette mesure lors de la présentation du budget 2022-2023 en juin dernier.
Si elle devrait faciliter les opérations commerciales entre la Chine et l'archipel touristique du sud-ouest de l'océan Indien, elle s'inscrit aussi dans le cadre du renforcement de l'axe économique entre l'Afrique et la Chine, poursuit le président du CECOAFREA, une association d'hommes d'affaires qui promeut le commerce entre Maurice et ces trois continents, mais surtout entre l'Asie et l'Afrique.
Selon lui, la chambre de compensation en RMB permettra de régler les factures d'import-export en utilisant les devises des deux pays concernés sans passer par une tierce devise. "Aujourd'hui, si vous importez de Chine, les factures sont en général libellées en USD et non en RMB. De même, si vous exportez vers la Chine, vous facturez en USD ou EUR, mais pas en roupies mauriciennes (MUR). Avec l'entrée en opération du centre de règlement RMB, ces transferts transfrontaliers pourraient se faire sans passer par une devise intermédiaire", souligne-t-il.
Kwang Poon estime que pour Maurice, qui se positionne comme un centre financier international par excellence dans la région africaine, cette chambre de compensation va dans le sens de la consolidation et la diversification des services financiers offerts en rationalisant les transferts transfrontaliers qui deviendront plus rapides et moins coûteux.
Néanmoins, l'expert note que pour le moment, les échanges commerciaux Maurice-Chine avoisinent le milliard de dollars, "ce qui constitue une goutte d'eau dans l'océan des échanges Afrique-Chine qui dépassent les 250 milliards USD selon les chiffres pour l'année 2021".
Dès lors, cette chambre tiendra vraiment ses promesses si elle a un rayonnement régional en s'étendant sur le continent africain. "Pour schématiser, disons que sur les 250 milliards de dollars, 50 milliards passent par le centre régional de règlement RMB à Maurice. Admettons que les frais d'intermédiation soient de l'ordre de 0,5%, cela pourrait potentiellement générer quelque 250 millions USD de plus par an pour le centre financier international mauricien, sans compter les autres services connexes", espère-t-il.
Maurice est bien placé pour le rôle d'intermédiaire entre l'Afrique et la Chine, avance Kwang Poon, car, suite à la 22e réunion du Groupe anti-blanchiment en Afrique orientale et australe (ESAAMLG) qui s'est achevée le 1er septembre, Maurice est désormais reconnu comme étant l'un des rares centres financiers internationaux qui soit conforme ou largement conforme à l'ensemble des 40 recommandations du Groupe d'action financière (GAFI).
Abordant le fait qu'historiquement, les échanges commerciaux à travers le monde sont effectués avec des devises dites "fortes", l'expert rappelle qu'"avec la montée en puissance de la Chine, à partir de 2016, le yuan chinois a rejoint le dollar américain, l'euro de l'Union européenne, le yen japonais, la livre britannique dans le panier de devises constituant les Droits de tirage spéciaux (DTS) du Fonds monétaire international (FMI)".
"Cette mesure souligne l'importance de la place que la Chine occupe dans le commerce international. Cette tendance ira en s'accentuant et la Chine compte promouvoir ainsi l'internationalisation de sa monnaie, le RMB", conclut-il.