L'Europe peut être un miroir de l'avenir de la Chine

25.11.2013 à 16h27

Chaque fois que je rencontrais des amis chinois pendant les trois années que j'ai passées en Europe, on me demandait : « Comment un si bel endroit a-t-il pu s'endetter à ce point ? ».

Une question qui était généralement suivie par : « Est-ce que l'UE s'affaiblit ? ».

Ma réponse a toujours été un « non » franc et massif. Les difficultés que l'Union Européenne connaît sont tout simplement des douleurs de croissance au moment où elle s'efforce de rééquilibrer la consommation et la production et de réaffuter sa compétitivité. Pour peu que vous restiez assez longtemps en Europe, c'est une chose que vous pourrez comprendre facilement.

Une partie des efforts de rééquilibrage de l'UE réside dans la promotion des relations économiques avec les grandes économies mondiales - la Chine étant l'une d'elles.

Voici l'histoire de deux amis qui donnent un aperçu de la façon dont les liens économiques et culturels entre la Chine et l'UE se renforcent de plus en plus.

Le premier, c'est mon ami belge Eric Goldschneider, un homme d'affaires. Après avoir fait des affaires avec des partenaires chinois pendant des années, il s'est dit que la Chine offrait plein de possibilités. Il a ouvert un compte de négociation en actions pour son fils de 14 ans, Edouard, et lui a dit de se concentrer sur le marché chinois. Goldschneider disait que son fils était peut-être le plus jeune négociateur de titres sur le marché boursier chinois.

Puis il y a aussi mon ami Peng Xiancheng, qui comme moi vient de la Province du Sichuan. Peng a embauché un cadre allemand du secteur des produits chimiques pour transformer son entreprise privée en un leader de l'industrie en introduisant des systèmes de gestion sophistiqués conformes aux normes mondiales.

Ces deux histoires montrent que les dirigeants chinois et européens auraient dû prendre de meilleurs engagements pour faciliter davantage encore les échanges au cours de leurs réunions mercredi et jeudi à Beijing.

La Chine et l'Europe sont des partenaires naturels -chacun bénéficiera du développement de l'autre. Les dirigeants, en particulier ceux de l'Europe, auraient dû faire montre de leur volonté politique, plutôt que de placer des obstacles, afin de faire progresser les relations bilatérales.

De fait, certains politiciens européens ont fait des choses qui ont nui aux liens au fil des ans. Ils ont notamment lancé des enquêtes antidumping sur les exportations chinoises de textiles et de panneaux solaires, et autorisé les visites du Dalaï Lama.

Shada Islam, directeur de politique du groupe de réflexion Friends of Europe, basé à Bruxelles, a déclaré que ce que dont manque actuellement Bruxelles, ce sont des leaders visionnaires pour le développement des relations UE-Chine, par rapport à ses dirigeants du début du siècle.

Glyn Ford, ancien membre du Parlement européen, a déclaré dans un courriel avant que les dirigeants européens ne s'envolent pour leur sommet à Beijing que l'amour et la haine de l'Europe envers la Chine est la principale cause des hauts et des bas dans les relations bilatérales. Il a dit que le manque d'efforts de Beijing pour éviter que les liens se détériorent davantage n'a fait qu'aggraver une méfiance politique croissante.

S'il y avait une confiance politique, l'Europe pourrait être un miroir du développement croissant de la Chine, en particulier après que celle-ci ait récemment adopté des réformes économiques et sociales radicales.

En ce qui concerne les rôles respectifs du gouvernement et du marché, j'ai l'impression que la Chine a des choses à apprendre de l'Europe par la mise en œuvre partielle de mesures d'austérité, plutôt que par la reproduction de la politique monétaire libérale des Etats-Unis.

Alors que les gouvernements de Chine sont invités à lutter contre les capacités de production excessives, ils sont en outre tenus de développer l'éducation, la santé, les retraites et la protection de l'environnement. Dans ces secteurs, la Chine a beaucoup à apprendre de l'Europe. La Chine doit apprendre comment équilibrer sa compétitivité et ses responsabilités sociales.

L'Europe a également offert une leçon ou deux en termes de développement industriel.

Des industries creuses sont apparues dans certains pays européens, menaçant l'emploi. Le marché chinois est presque trois fois plus grand que celui de l'Europe tout simplement du fait de son énorme population. Les leçons de l'Europe ne devraient pas être oubliées, afin que la Chine ne reproduise pas les faux-pas économiques du Vieux Continent.

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