Le ministre bruxellois de l'Economie et du Commerce extérieur, Benoît Cerexhe, a annoncé jeudi, dans le quotidien La Libre Belgique, une mission économique dans les pays du Golfe en décembre prochain pour attirer, à terme, des banques islamiques dans la capitale belge.
"Il est important de pouvoir mobiliser des capitaux pour des investissements ... Désormais, notre objectif est d'aller prospecter dans les pays du Golfe où sont concentrés des moyens financiers extrêmement importants", a-t-il affirmé, citant le poids de la finance islamique de 1.100 milliards de dollars américains en 2011.
Pour M. Cerexhe, la population musulmane importante à Bruxelles est également un atout dans les discussions avec les pays du Golfe.
Il a indiqué que sa mission en Arabie saoudite, au Bahrein et aux Emirats arabes unis aurait pour objectif de "faire passer le message auprès des organismes de régulation de la finance islamique que Bruxelles est, comme centre politique de l'Europe, la ville idéale pour approcher les institutions européennes. Ces organismes pourrait faire du lobbying auprès d'elles, dans le but de pouvoir influencer la législation financière".
Pour la première étape, "on veut convaincre les opérateurs financiers de ces pays que Bruxelles est 'the place to be' et établir une relation de confiance", dans un deuxième temps, Bruxelles envisage d'attirer des banques islamiques pour qu'elles y développent leurs activités commerciales, pour la troisième étape, Bruxelles souhaite attirer des fonds d'investissement des pays du Golfe sur des projets d'entreprises dans ses quartiers en développement, a précisé M. Cerexhe. A cette fin, Bruxelles doit d'abord modifier la législation.
Dans le cadre de sa réaction à l'enthousiasme de M. Cerexhe, le député bruxellois, Alain Destexhe, a soufflé du froid. Il a mis en cause des investissements islamiques.
"Quant aux objectifs de nos partenaires des pays du Golfe, notamment le Qatar, il me semble ainsi qu'il ne serait pas inutile de vérifier que ces investissements s'accompagneront de garanties relatives à leur utilisation. Il est, me semble-t-il, dangereux de ne pas s'assurer au préalable que ceux-ci ne serviront pas à des fins d'évangélisation ou de propagande politique ou religieuse, par exemple via le financement d'activités 'culturelles' ou 'éducatives', un phénomène que l'on a par exemple observé dans les banlieues françaises à l'occasion d'investissements du Qatar", a déclaré M. Destexhe.
"Il serait inacceptable que ces investisseurs puissent imposer une réglementation conforme à la charia au sein de leurs établissements", a-t-il commenté, mettant en garde contre les " risques que le développement de tels investissements ne s'accompagnent d'un renforcement du communautarisme et du repli sur soi, avec l'émergence d'une société parallèle et le renforcement de la césure".