Une enquête indépendante sur l'attaque contre le consulat américain de Benghazi, survenue le 11 septembre, révèle que des "lacunes administratives" de haut niveau au sein du département d'Etat ont contribué à l'issue mortelle.
"Des défaillances systémiques et des défauts de leadership et de gestion au niveau de deux bureaux du département d'Etat ont conduit à la mise en place d'un dispositif de sécurité de la Mission spéciale, qui était inadéquate pour Benghazi, et largement inadéquat face à l'attaque du 11 septembre", selon le rapport, rendu public mardi par le Comité de révision (ARB).
Cette attaque, survenue dans la ville de Benghazi, dans l'est de la Libye, a coûté la vie à l'ambassadeur des Etats-Unis en Libye, Christopher Stevens, et à trois autres agents américains.
L'administration Obama a initialement déclaré que l'attentat avait été la conséquence d'une manifestation contre une vidéo anti-musulmane tournée en Californie, et a ensuite statué qu'il s'agissait d'un acte terroriste perpétré par des militants proches d'Al-Qaïda.
Cet attentat a provoqué de vives émotions aux Etats-Unis, en particulier parmi les députés républicains, à quelques semaines de l'élection présidentielle du 6 novembre.
Susan Rice, l'actuelle ambassadrice américaine à l'ONU, qui était en lice pour remplacer Mme Clinton comme secrétaire d'Etat, est devenue la première victime de cette tempête politique. La semaine dernière, elle a demandé au président Barack Obama de l'exclure de la course à ce poste.
Mme Rice avait subi une attaque virulente menée par des sénateurs républicains, qui ont avancé leur volonté de bloquer sa nomination. Elle est accusée d'avoir brouillé les pistes en attribuant la responsabilité aux grandes chaînes de télévision des Etats-Unis cinq jours après l'assaut de Benghazi.
L'ARB, mis sur pied par la secrétaire d'Etat Hillary Clinton, a clôturé cette enquête cette semaine, et a envoyé une copie du rapport à Mme Clinton pour qu'elle l'examine. La secrétaire a annulé sa participation à l'audition du Congrès sur l'attaque, en raison d'un malaise subi la semaine dernière suite à une "déshydratation extrême" due à un "vilain virus gastrique".
Ses deux adjoints, William Burns et Thomas Nides, témoigneront jeudi en son nom devant les commissions des Affaires étrangères de la Chambre des représentants et du Sénat.
Le rapport montre également qu'aucune manifestation ne s'était produite avant les attaques, et les attaques étaient "imprévues en termes d'ampleur et d'intensité". Il a également noté que "de multiples requêtes de la Mission spéciale de Benghazi et de l'ambassade de Tripoli pour des effectifs supplémentaires" avaient été ignorées par le département d'Etat.
L'enquête "a révélé que le personnel qui servait à Benghazi en était arrivé à la conclusion percutante que la Mission spéciale ne constituait pas une grande priorité pour Washington", a signalé le rapport.
La presse américaine a rapporté que Mme Clinton a accepté "chacune" des 29 recommandations faites par l'ARB, et son département est en train de travailler avec le Pentagone pour "envoyer des centaines de Marines supplémentaires pour renforcer nos postes".
Thomas Pickering, un diplomate de carrière présidant l'ARB, et Mike Mullen, ancien chef d'état-major interarmées, également membre de l'ARB, devraient témoigner mercredi à huis clos devant le Congrès.