Des dirigeants du monde entier ont déploré mardi la mort du président vénézuélien Hugo Chavez, qui dirigeait la nation latino-américaine riche en pétrole depuis 14 ans.
A la radio et la télévision nationales, le vice-président Nicolas Maduro, successeur désigné de M. Chavez, a décrit la mort du président de 58 ans atteint de cancer comme "une tragédie historique", tout en exhortant tous les Vénézuéliens à s'unir.
La nouvelle, triste bien que peu surprenante, est survenue à peine un jour après que le gouvernement vénézuélien ait annoncé que M. Chavez souffrait d'une sévère infection respiratoire et que son état de santé restait "très délicat".
En Argentine, la présidente Christina Fernandez a déclaré trois jours de deuil national, a ordonné la mise en berne des drapeaux, et a affirmé qu'elle se rendrait à Caracas pour les funérailles.
La présidente brésilienne Dilma Rousseff a décrit M. Chavez comme un "grand homme d'Amérique latine" et "un ami du Brésil", dont la mort est une "perte irréparable" pour la région.
En outre, des dirigeants d'autres pays d'Amérique latine, dont le Mexique, le Pérou, le Costa Rica, la Colombie, l'Equateur, et le Nicaragua, ont également transmis leurs condoléances.
Aussi, mardi, dans un communiqué publié par son porte-parole, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon s'est déclaré attristé par le décès de M. Chavez et a exprimé ses condoléances à la famille du président défunt, au gouvernement et au peuple du Vénézuela.
"Le président Chavez a abordé les défis et les aspirations des Vénézuéliens les plus vulnérables", indique le communiqué.
A Washington, le président américain Barack Obama a affirmé dans un court communiqué écrit que les Etats-Unis espéraient améliorer les relations bilatérales, qui se trouvent présentement dans des conditions précaires.
"En ces moments difficiles liés au décès d'Hugo Chavez, les Etats-Unis réaffirment leur soutien au peuple vénézuélien et leur intérêt à développer des relations constructives avec le gouvernement vénézuélien", a poursuivi M. Obama.
Cependant, le gouvernement vénézuélien a demandé mardi à deux attachés des Forces aériennes américaines de quitter le pays dans les 24 prochaines heures, les accusant d'espionnage.
Selon M. Maduro, un émissaire américain expulsé aurait entretenu des contacts non autorisés avec des officiels de l'armée vénézuélienne, a-t-il révélé dans un discours télévisé à l'issue d'un entretien avec les dirigeants civils et militaires du pays.
Le vice-président a également accusé les "ennemis du pays" d'avoir induit le cancer du président Chavez.
Il a fait savoir qu'une commission scientifique serait mise en place et révélerait que M. Chavez "a été attaqué par la maladie".
Un porte-parole de l'armée américaine s'est dit au courant de ces allégations, et a affirmé qu'un des diplomates expulsés, David Delmonico, était "en route vers les Etats-Unis".
En fait, ce n'est pas la première fois que le Vénézuela accuse "l'ennemi du pays", en faisant clairement allusion aux Etats-Unis, d'être responsable du cancer de M. Chavez, et de celui de plusieurs autres dirigeants de la région.
A la fin de 2011, M. Chavez a spéculé que les Etats-Unis auraient possiblement développé une méthode pour inoculer le cancer aux dirigeants d'Amérique latine.
En plus de M. Chavez, plusieurs autres dirigeants dans la région, dont Fernando Lugo du Paraguay, Mme Rousseff du Brésil et l'ancien président brésilien Luiz Inacio Lula de Silva, sont tous atteints de cette maladie.
Cependant, les Etats-Unis ont immédiatement démenti ces allégations, les qualifiant de "répréhensibles".
En 14 ans au pouvoir, M. Chavez a régulièrement accusé le gouvernement américain d'essayer de déstabiliser son gouvernement. En outre, les deux pays n'ont pas échangé d'ambassadeurs au cours des deux dernières années.
Ailleurs en Occident, le Premier ministre canadien Stephen Harper a exprimé ses condoléances au Vénézuela, disant que son pays espère travailler avec le successeur de M. Chavez pour construire une région "plus prospère, plus sûre et plus démocratique".
A Londres, le secrétaire aux Affaires étrangères William Hague s'est dit "attristé" par la mort de M. Chavez, précisant que le dirigeant vénézuélien avait laissé une "impression durable" au sein de son peuple.
Dans un communiqué, le président français a fait l'éloge de M. Chavez pour sa détermination "à lutter pour la justice".
"Malgré son tempérament et ses prises de position qui ne faisaient pas l'unanimité, le défunt président exprimait une volonté indéniable de lutter pour la justice et le développement", selon le communiqué.
M. Hollande s'est déclaré convaincu que le Vénézuela saurait surmonter cette épreuve pour sa démocratie et sa stabilité.
Le cancer de M. Chavez a été diagnostiqué dans sa région pelvienne en juin 2011.
Bien qu'il ait remporté son troisième mandat en tant que président du pays à la fin de l'année dernière, le cancer l'a forcé à reporter sa cérémonie d'investiture.
Selon la Consitution vénézuélienne, une élection présidentielle doit être organisée dans les 30 jours suivant l'annonce que le président en poste n'est pas apte à rentrer au pouvoir.
Les groupes d'opposition ont déjà entamé des pourparlers afin de choisir un candidat après l'annonce de l'élection.