Le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a déclaré jeudi que la France et la Grande-Bretagne livreront des armes à l'opposition syrienne, avec ou sans consensus européen.
"La position que nous prenons, et qui est aussi celle des Britanniques, c'est de demander aux Européens, maintenant, de lever l'embargo pour que les résistants aient la possibilité de se défendre", a fait savoir jeudi matin sur France Info le chef de la diplomatie française.
"On se concerte en permanence (avec la Grande-Bretagne) et sur cette question-là (livraison d'armes, ndlr), nous avons des positions identiques", a-t-il poursuivi.
Le ministre a par ailleurs indiqué que "la France est une nation souveraine" et qu'à défaut de position européenne commune, il pourrait y avoir une position commune de la France et de la Grande-Bretagne pour armer l'opposition et lever l'embargo sur les livraisons d'armes aux rebelles syriens.
Evoquant la prochaine réunion de l'Union européenne sur cet embargo prévue fin mai, M. Fabius a fait savoir la volonté de Paris et de Londres d'avancer cette réunion et d'agir au plus vite.
"Il faut aller très vite. Normalement, la fois où les Européens devraient reprendre cette question ce serait dans plusieurs semaines, mais nous allons demander avec les Britanniques que la réunion (...) soit avancée" car "on ne peut pas accepter qu'il y ait ce déséquilibre actuel avec d'un côté l'Iran et la Russie qui livrent des armes à Bachar et de l'autre des résistants qui ne peuvent pas se défendre".
M. Fabius a également réfuté les arguments du ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, qui a déclaré mercredi à Londres que livrer des armes à l'opposition serait une violation de la loi internationale.
"On ne va pas entrer dans une fausse polémique. La Russie et l'Iran livrent des armes à Bachar el-Assad. Donc on ne peut pas arguer de telle ou telle considération juridique pour dire qu'on peut livrer des armes à Bachar, mais qu'on ne peut pas permettre que les résistants se défendent", a-t-il fait valoir.
"Lever l'embargo c'est un des seuls moyens qui restent pour faire bouger politiquement la situation", a-t-il conclu, déplorant la situation de blocage politique et le bilan humain de deux ans de conflit dans le pays.