Le président italien Giorgio Napolitano a déclaré jeudi qu'il effectuerait un nouveau round de consultations après que Pier Luigi Bersani, dirigeant de la coalition de centre-gauche mandaté la semaine dernière pour tenter de former un nouveau gouvernement italien, soit revenu bredouille.
« L'issue des consultations n'a pas été décisive », a indiqué un communiqué du bureau présidentiel à l'issue de cette réunion tard dans la journée. « M. Napolitano se réserve le droit de prendre sans délai des mesures pour déterminer personnellement les développements possibles », a-t-il dit.
M. Bersani a présenté son rapport à M. Napolitano après plusieurs jours de consultations avec les forces politiques et partenaires sociaux.
« J'ai décrit à M. Napolitano les difficultés suscitées par les exclusions ou conditions que je ne considérais pas acceptables », a-t-il déclaré à l'issue de cette réunion.
Le président a souligné ces derniers jours que « l'Italie doit se doter d'un gouvernement dans le plein exercice de ses pouvoirs, ce qui est nécessaire pour assurer la viabilité du nouveau mandat » et introduire les réformes urgentes pour relancer l'économie en proie à la récession.
Après un nouveau round de consultations qui doit débuter vendredi, le président pourra remettre à nouveau ce mandat à une personnalité politique, ou opter pour une personnalité respectée d'une organisation non-partisane, comme cela avait été le cas avec le Premier ministre sortant Mario Monti, nommé au plus fort de la crise de la zone euro en fin 2011.
Malgré son appel à libérer les options pour améliorer les chances de l'Italie, M. Bersani n'a pas réussi à rassembler les soutiens nécessaires pour permettre à sa coalition de gouverner depuis les élections indécises de février, dans lesquelles le Parti démocrate (PD) avait recueilli le plus de voix mais pas suffisamment pour obtenir une majorité au Sénat.
M. Bersani a tenté en vain de s'allier avec le Mouvement des cinq étoiles (M5S), parti opposé aux institutions qui a remporté une grande partie du vote contestataire, après avoir exclu de former une coalition large avec Silvio Berlusconi, dirigeant de centre-droite et adversaire politique de longue date de M. Bersani, qui a provoqué la démission de M. Monti en décembre dernier.
Le programme de centre-gauche semblait présenter de nombreuses similarités avec celui du M5S, mais le mouvement populaire a refusé de donner sa confiance à un tel gouvernement et annoncé qu'il proposerait à la place son propre candidat au poste de Premier ministre.
Toutefois, selon les observateurs, l'escalade des problèmes de M. Bersani et du chef de gouvernement sortant, M. Monti, montre combien il sera difficile pour tout nouveau Premier ministre de réunir le soutien du Parlement. Si un nouvel exécutif ne se montre pas capable de gouverner, de nouvelles élections anticipées deviendraient le seul scénario possible.
L'élection prochaine d'un successeur de M. Napolitano, dont le mandat de sept ans s'achèvera en mai, ajoute encore à ces pressions, car le président italien n'a pas le pouvoir de dissoudre le Parlement pendant les six derniers mois de son mandat.
L'absence prolongée de gouvernement a suscité à l'échelle internationale des craintes que ce pays, qui connaît sa plus longue récession depuis 20 ans, ne tombe dans une spirale de déclin.
Jeudi, le spread (écart) entre les obligations italiennes et allemandes, qui sert de baromètre de la confiance des marchés, s' est creusé de 10 points pour atteindre les 360.