Tout récemment, les relations entre la politique et la justice ont encore fait des vagues en France. Les trois juges de Bordeaux ayant en charge l'affaire Betancourt, ont mis en examen l'ancien président Nicolas Sarkozy, soupçonné d'« abus de faiblesse ». Cette décision a surpris le camp de la droite. L'avocat de Nicolas Sarkozy a déclaré qu'il allait déposer un recours devant le tribunal avant le procès, qui devrait avoir lieu à Bordeaux, afin de demander l'annulation de cette mise en examen, qu'il estime « injuste ».
L'affaire n'est à la base pas très compliquée : Claire Thibout l'ancienne comptable de la femme la plus riche de France, Liliane Bétancourt, héritière du groupe L'Oréal, a déclaré en 2010 à la police qu'au cours de la campagne de Nicolas Sarkozy pour les élections présidentielles de 2007, le trésorier du parti de droite, l'Union pour un Mouvement Populaire (UMP) a reçu de Mme Betancourt la somme de 150 000 euros en espèces pour financer la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy. Or, la loi française ne permet pas de dépasser, pour un don personnel à un parti politique, la somme de 4 600 Euros par an. Or, les enquêteurs soupçonnent Nicolas Sarkozy d'avoir reçu de la part de Mme Betancourt des sommes bien supérieures. Liliane Betancourt est âgée de 84 ans. Selon les experts médicaux, celle qui est la femme la plus riche de France a vu ses facultés mentales diminuer à partir de l'automne 2006. C'est ce qui a motivé le juge à accuser Nicolas Sarkozy d'avoir « exploité cette vulnérabilité à son profit». Nicolas Sarkozy nie, mais si cette accusation est confirmée, il sera contraint à comparaitre devant les tribunaux.
Quand on la regarde de près, cette histoire, en apparence guère compliquée, ressemble beaucoup à un roman policier. Nicolas Sarkozy avait déjà répondu précédemment aux questions des juges, disant que lors de la campagne électorale, il ne s'était rendu qu'une seule fois au domicile des Betancourt, le 24 février 2007, rencontrant brièvement, à cette occasion, le mari de Mme Betancourt, André Betancourt. Toutefois, le juge en charge de l'affaire, Jean-Michel Gentil, après avoir entendu d'anciens membres du personnel des Betancourt, a découvert de nombreuses failles l'amenant à penser que pendant la campagne électorale, Nicolas Sarkozy s'est rendu plusieurs fois au domicile des Betancourt. Par exemple, d'anciens membres du personnel de la famille ont déclaré que quand ils ont vu Nicolas Sarkozy, il portait un pull à col roulé, alors que d'autres ont dit que quand ils l'ont vu, il portait une chemise et une veste. Dans un autre exemple, la gouvernante a dit avoir vu Nicolas Sarkozy le 24 février 2007 au domicile de son employeur. Mais le majordome de la femme la plus riche de France a lui dit l'avoir vu plus tard. Tous ces témoignages contradictoires recueillis par le juge ne lui ont pas permis d'avoir une idée claire sur l'affaire.