Dans la matinée du 5 mai (heure locale), des frappes aériennes israéliennes sur trois sites militaires syriens ont causé des pertes parmi la population civile et des destructions massives, les frappes aériennes ayant aussi touché les zones résidentielles des alentours. |
Le week-end dernier, l'armée israélienne a procédé à des frappes aériennes sur trois objectifs d'un centre de recherches, situé dans la banlieue nord de Damas, en Syrie. Selon les dernières nouvelles, le résultat des frappes aériennes a été qu'au moins 42 soldats syriens ont été tués. Les frappes militaires israéliennes contre un État souverain ont été condamnées par l'opinion publique internationale, et même par des pays de la Ligue des États Arabes qui soutiennent pourtant l'opposition dans la crise que traverse la Syrie actuellement.
Pourquoi Israël frappe-t-il des cibles à l'intérieur de la Syrie? Les arguments des parties en présence sont contradictoires. Un responsable syrien a déclaré qu'en agissant ainsi, Israël tente d'aider l'opposition armée syrienne. Et de leur côté, certains médias internationaux ont souligné qu'Israël a lancé des frappes pour empêcher que des missiles de fabrication iranienne en provenance des arsenaux syriens ne soient transférés entre les mains du Hezbollah libanais. Parce que ce groupe armé installé dans le sud du Liban a toujours été considéré par Israël comme une menace pour sa sécurité.
La conception des autorités israéliennes de leur propre sécurité fait qu'elles en ont établi les limites au-delà de leurs frontières. Aux yeux des Israéliens, quiconque constitue une « menace » est susceptible d'être frappé. Cependant, cette logique n'a fondamentalement aucun sens. L'élimination de soi-disant « menaces » peut-elle se faire au détriment du droit international et des règles internationales ? Est-ce qu'un pays peut librement se permettre de violer la souveraineté territoriale d'un autre pays? Si les autres pays pensaient comme ça, voyaient les choses comme ça, et faisaient de même contre Israël, comment les autorités israéliennes réagiraient-elles?
Certains médias se demandent si les actions d'Israël sont susceptibles de provoquer des représailles de la part de la Syrie et d'autres pays arabes, et craignent même que cela puisse être le début d'une nouvelle guerre au Moyen-Orient. Personnellement, je ne partage pas ce point de vue, et voici pourquoi :
Tout d'abord, la guerre civile en Syrie dure déjà depuis plus de deux ans ; sur le terrain, les forces gouvernementales syriennes ont certes l'initiative, mais cette guerre les épuise. Si jamais elles ouvraient un deuxième front, entrant en guerre avec Israël, cela demanderait davantage encore de forces militaires et de ressources financières, et si cela tournait mal, l'opposition en serait bénéficiaire, et la situation serait renversée.
Deuxièmement, Israël est une des grandes puissances du Moyen-Orient qu'il ne faut surtout pas prendre à la légère. Non seulement il a le soutien des Etats-Unis, mais sa puissance militaire et ses ressources financières sont considérables. Si elle voulait vraiment s'y frotter, la Syrie, dont les finances sont en piteux état, aurait bien du mal à prendre le dessus.
De plus, quand bien même les frappes aériennes israéliennes sur la Syrie sont fréquentes et sévères, elles constituent après tout une action militaire limitée, et il est peu probable que cela se transforme en une guerre à long terme avec la Syrie. Car Bachar al-Assad devrait faire un choix entre la lutte contre les forces hostiles intérieures ou un conflit avec Israël. Après tout, les frappes israéliennes ne constituent pas vraiment une menace pour l'existence de son régime, alors que l'objectif de l'opposition armée est de renverser le régime.
En résumé, le gouvernement syrien va probablement, comme ce fut le cas en janvier lors d'autres attaques israéliennes, à nouveau adopter une position de tolérance. Il ne va pas manquer de condamner haut et fort les crimes d'Israël pour susciter la sympathie et le soutien de la communauté internationale, et liant ces événements à l'opposition armée nationale, va décrire celle-ci comme un complice d'Israël, saisissant l'occasion de continuer le combat contre elle et de l'affaiblir. Mais rien qui justifierait des représailles militaires de grande envergure contre Israël.
Toutefois, il n'en reste pas moins que les frappes militaires israéliennes contre la Syrie font prendre le risque à Israël de se trouver « sur la corde raide ». On ne peut exclure que le gouvernement syrien s'efforce d'obtenir le soutien des pays arabes et du monde musulman contre Israël, afin de changer sa position actuelle d'isolement, et de renforcer son prestige aux yeux de son opinion publique. La possibilité d'un tel choix est cependant assez réduite.
Cependant, c'est sans aucun doute le Hezbollah, actif dans le sud du Liban, qui est le véritable ennemi. Ce sont eux qui sont les plus susceptibles de prendre des mesures de rétorsion. Aussi, dès qu'il a procédé à des raids aériens en Syrie, Israël a-t-il rapidement déployé un système anti-missiles « Iron Dome » au nord du pays pour parer à de possibles représailles.
Les médias syriens parlent de « poudrière du Moyen-Orient ». La guerre civile syrienne a causé beaucoup de pertes en vies humaines, et la misère économique, l'explosion du nombre de réfugiés a créé le chaos. Il y a également en Syrie des armes chimiques, et les enquêteurs de l'ONU soupçonnent l'opposition armée d'avoir utilisé du gaz sarin. Au vu d'un tel chaos, pour la paix et la tranquillité au Moyen-Orient, le gouvernement israélien serait donc bien avisé de cesser immédiatement ses frappes aériennes sauvages contre la Syrie. Si la poudrière du Moyen-Orient s'enflammait, les perdants ne seraient pas seulement les pays et les habitants de la région, mais aussi Israël.
Par Ren Yaqiu