Au Moyen-Orient, le changement de pouvoir en Egypte est ce qui attire l'attention du monde entier en ce moment, ce qui fait que la situation en Syrie intéresse moins l'opinion publique que précédemment. Cependant, ce que les gens ont peut-être oublié, c'est que la guerre civile en Syrie rend la situation au Moyen-Orient encore plus compliquée. Les retombées de la guerre civile syrienne sont de plus en plus évidentes. En raison de la guerre civile en Syrie, l'Egypte, le Liban, sont aussi pris dans la tourmente, et il est évident que l'onde de choc va également affecter et d'autres pays voisins de la Syrie.
La crise en Syrie a été un facteur important dans la chute de l'ancien président égyptien Morsi. La guerre civile en Syrie a conduit à de lourdes pertes et à un exode de nombreux réfugiés (le nombre de réfugiés a atteint 1,5 million). Dans cette affaire, M. Morsi non seulement n'a pas joué un rôle constructif, mais il a aussi annoncé publiquement son soutien à l'opposition syrienne. À cette fin, il a également annoncé la rupture des relations diplomatiques entre l'Egypte et la Syrie, et expulsé l'ambassadeur de Syrie en Egypte. Ce faisant, il a non seulement irrité le Gouvernement syrien, mais aussi irrité l'armée égyptienne. L'armée égyptienne s'est toujours opposée à toute ingérence dans les affaires intérieures d'un autre pays, et s'est toujours faite l'avocat de la neutralité dans les conflits régionaux. Comme nous le savons tous, quelque 2 500 Égyptiens ont rejoint l'opposition armée syrienne, pour affronter l'armée syrienne. Le problème est que ces Egyptiens, une fois revenus dans leur patrie, sont susceptibles de mettre sur pied des groupes de « jihad », menaçant la stabilité et l'harmonie interne de l'Égypte. C'est la plus grande inquiétude actuelle des militaires égyptiens. Aussi le renversement du régime par les militaires égyptiens a-t-il eu également pour objectif d'éviter que Morsi n'implique l'Egypte dans la crise syrienne et que celle-ci plonge à son tour dans le chaos que connaît actuellement le Moyen-Orient.
La guerre civile syrienne cause également des bouleversements dans un pays voisin, le Liban. Chacun le sait, le Hezbollah est un allié du régime syrien. Ses troupes sont effectivement impliquées dans la guerre civile en Syrie, et se sont rangées aux côtés de l'armée syrienne pour affronter l'opposition armée. Il y a un mois, l'appui du Hezbollah a permis aux forces gouvernementales de prendre la ville frontière syrienne d'Al Qusayr. Mais l'opposition armée syrienne et ses partisans ont juré de se venger du Hezbollah. Et de fait, le 9 juillet, des attentats à la voiture piégée ont eu lieu dans le sud de Beyrouth, zone contrôlée par le Hezbollah, faisant 50 blessés, ce qui devrait à son tour provoquer des représailles sévères de la part du Hezbollah. A cause de la guerre civile syrienne, la situation au Liban va probablement se détériorer davantage.
La crise en Syrie touche aussi maintenant d'autres pays voisins. En Irak, les chiites sont au pouvoir. Dans la guerre civile en Syrie, ils se tiennent naturellement aux côtés du Gouvernement syrien, mais ils ne sont pas disposés à voir la guerre en Syrie se propager à leur propre pays. À l'heure actuelle, une branche de l'organisation Al Qaida est active dans ce pays. Cette organisation mène constamment des attaques terroristes en Irak, ce qui constitue un véritable casse-tête pour le Gouvernement irakien. Cependant, les rebelles syriens du « Front de soutien » (Front al-Nosra) donnent aussi la main à la branche irakienne d'Al-Qaida pour fomenter des troubles. Les autorités irakiennes craignent que si ce danger que constitue le « Front de soutien » ramène des armes occidentales envoyées en Syrie vers l'Irak, et plus encore s'il les livre à la branche d'Al Qaida en Irak, alors cette organisation en fera usage pour perpétrer des attaques terroristes. Par conséquent, on ne pas exclure que l'Irak et la Syrie joignent leurs forces pour lutter contre l'extrémisme islamique.
La crise en Syrie provoque aussi des tensions en Jordanie. Parce que le Hezbollah a depuis longtemps dit que si la Syrie était victime d'attaques de forces extérieures, il viserait la Jordanie. Cela inquiète beaucoup le Gouvernement jordanien, ce qui a fait que la Jordanie a récemment demandé aux Etats-Unis, avec qui elle a procédé aux exercices militaires conjoints « Eager Lion » en Jordanie, de lui laisser certains des équipements utilisés après le départ des forces américaines (y compris des missiles « Patriot » et des chasseurs). Les États-Unis ont accepté les demandes de la Jordanie, ce qui risque de renforcer encore les tensions au Moyen-Orient.
Du fait que certaines puissances occidentales et régionales hésitent encore à abandonner l'idée de soutenir l'opposition armée syrienne, les perspectives en Syrie et au Moyen-Orient deviennent plus confuses. Les retombées de la guerre civile en Syrie deviennent encore plus évidentes. Après le changement de situation en Egypte, quel sera le deuxième domino qui va tomber?