Christian Wulff est devenue jeudi le premier président allemand de l'après-guerre à faire face à la justice pour des accusations de corruption le soupçonnant d'avoir accepté plus de 700 Euros pour un séjour et un repas dans un hôtel pendant une fête de la bière quand il était premier ministre de Basse-Saxe. Autrefois considéré comme l'un des plus brillants talents politiques du pays, il a servi seulement 20 mois comme président avant sa démission l'an dernier à la suite d'accusations selon lesquelles il aurait accepté des faveurs avant qu'il ne soit élu président en 2010.
Wulff, 54 ans, ancien allié de la chancelière Angela Merkel, a nié les allégations, disant qu'il espérait laver son honneur avec une victoire au tribunal, après avoir refusé une offre des procureurs de l'État pour régler l'affaire avec un paiement à l'amiable. Le scandale a également éclaboussé les chrétiens-démocrates d'Angela Merkel (CDU) et contribué à la défaite de son parti aux élections régionales de Basse-Saxe en janvier.
S'il est reconnu coupable des accusations de corruption, Wulff risque jusqu'à trois ans de prison. Le procès, conduit par trois juges, mais sans jury, devrait durer jusqu'en avril, avec quelque 22 audiences. Les Allemands considèrent traditionnellement leur président, un poste essentiellement honorifique au-dessus des partis, comme une source d'autorité morale dans la société et un contrepoids au gouvernement. Après sa démission, c'est Joachim Gauck, ancien dissident anti-communiste d'Allemagne de l'Est et militant des droits de l'homme qui a été élu président.
Peu de temps après la Seconde Guerre mondiale, le Grand Amiral Karl Dönitz fut le premier président allemand à être jugé. Il fut condamné par les tribunaux militaires de Nuremberg en 1945-1946 et passé 10 ans dans une prison de Berlin-Ouest.