La police anti-émeute ukrainienne a pris d'assaut mercredi matin les campements de protestataires dans le centre de Kiev, en Ukraine, suite à l'explosion de violence la plus sanglante depuis le début des manifestations il y a trois mois.
La police a commencé à encercler la place de l'Indépendance (le Maïdan), le site de campement principal des protestataires, mardi vers 20h00 heure locale (1800 GMT), démantelant les barricades et dispersant les manifestants avec des grenades incapacitantes et des canons à eau.
Au moins 14 manifestants et sept policiers auraient été tués au cours des violences qui ont éclaté mardi et se sont poursuivies jusqu'aux premières heures de mercredi.
Les affrontements ont également fait des centaines de blessés des deux côtés, dont des dizaines reposent dans un état grave, ont déclaré la police et les chefs de l'opposition.
Mardi matin, des protestataires ont attaqué la police avec des cocktails Molotov près du Parlement et ont incendié deux véhicules bloquant l'accès au Parlement.
Les protestataires ont également mis feu au quartier général du Parti des régions (au pouvoir) au centre-ville de Kiev. La police a répliqué avec des grenades incapacitantes et du gaz lacrymogène afin de repousser la foule.
Ces troubles ont marqué la dernière vague d'affrontements entre les manifestants et la police anti-émeute dans cette impasse politique qui a débuté en novembre après qu'une décision du gouvernement de faire marche arrière concernant l'intégration du pays à l'Union européenne a suscité la colère des Ukrainiens.
Les rassemblements ont sombré dans la violence le 19 janvier, lorsque des activistes radicaux ont attaqué la police anti-émeute avec des feux d'artifices et des cocktails Molotov, faisant au moins quatre morts et des centaines de blessés.
A New York, le porte-parole de l'ONU Martin Nesirky a déclaré lors d'un briefing de presse quotidien que le secrétaire général Ban Ki-moon a exprimé ses profondes inquiétudes face à la recrudescence des violences et aux décès à Kiev.
M. Ban a suivi de près l'évolution de la situation ukrainienne et "réitère son appel à toutes les parties prenantes pour qu'elles agissent avec retenue afin d'éviter de nouvelles violences", a affirmé M. Nesirky.
Le vice-président des Etats-Unis Joe Biden a également demandé mardi au président ukrainien Victor Ianoukovitch de retirer les forces du gouvernement et de faire preuve d'un "maximum" de retenue dans la crise.
M. Biden a appelé M. Ianoukovitch mardi pour lui faire part de ses "sérieuses" préoccupations quant à la crise qui se poursuit dans les rues de Kiev, indique un communiqué diffusé par la Maison Blanche, ajoutant que le vice-président a souligné l'urgence de reprendre les dialogues avec l'opposition.
A Paris, le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a condamné la nouvelle vague de violence en Ukraine, exhortant toutes les parties à faire preuve de retenue et à relancer le dialogue.
"Je condamne la reprise des violences à Kiev et l'usage indiscriminé de la force qui a fait plusieurs victimes. J'appelle l'ensemble des parties à faire preuve de la plus grande retenue et à reprendre immédiatement le chemin du dialogue", a affirmé le chef de la diplomatie française dans un communiqué.
"C'est la seule voie possible pour parvenir à une solution politique qui puisse répondre aux aspirations du peuple ukrainien", a-t-il souligné.
Parallèlement, le chef de l'opposition ukrainienne Vitali Klitschko a déclaré que M. Ianoukovitch avait fait part aux dirigeants de l'opposition de sa décision de ne pas arrêter l'opération policière contre la place de l'Indépendance.
"M. Ianoukovitch a dit qu'il n'y a qu'une option (...) vider le Maïdan et tout le monde doit rentrer à la maison", a confié M. Klitschko à la chaîne de télévision indépendante Hromadske, à l'issue d'une réunion avec le président.
En réponse aux inquiétudes et aux reproches, le ministre suppléant des Affaires étrangères d'Ukraine Leonid Kojara a demandé mardi à la communauté internationale de procéder à une évaluation objective des violences récentes dans le centre de Kiev.
"Nous appelons les gouvernements étrangers et les organisations internationales à procéder à une évaluation juste et impartiale de la situation en Ukraine", a indiqué M. Kojara, cité par le service de presse du ministère des AE.
M. Kojara a par ailleurs exprimé l'espoir que la communauté internationale "condamnera fermement" les actions illégales des activistes radicaux, qui ont initié une nouvelle vague de "violence et de désordre" en Ukraine.
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