L'ancien président français, Nicolas Sarkozy, a rejeté violemment les allégations de corruption contre lui, dans une tribune au Figaro à paraître vendredi.
"Des principes sacrés de notre République sont foulés aux pieds avec une violence inédite et une absence de scrupule sans précédent", a écrit Nicolas Sarkozy dans un long texte intitulé "Ce que je veux dire aux Français", publiée ce jeudi soir sur le Figaro.fr.
Pour sa première grande intervention publique depuis son départ de l'Elysée, en mai 2012, Nicolas Sarkozy a choisi les colonnes du Figaro pour contre-attaquer dans l'affaire de trafic d'influence qui le menace.
Dans ce long texte, Nicolas Sarkozy revient longuement sur l'affaire des écoutes qui le visent.
"On me met sur écoute en septembre 2013 pour des faits supposés de corruption qui auraient été commis en 2007! On le fait, non parce que l'on dispose d'indices, mais parce que l'on espère en trouver. Aujourd'hui encore, toute personne qui me téléphone doit savoir qu'elle sera écoutée. Vous lisez bien. Ce n'est pas un extrait du merveilleux film La Vie des autres sur l'Allemagne de l'Est et les activités de la Stasi. Il ne s'agit pas des agissements de tel dictateur dans le monde à l'endroit de ses opposants. Il s'agit de la France", a indiqué l'ancien président français dans cette tribune.
Contrairement à ce qui s'écrit quotidiennement, il n'éprouve nul désir de s'impliquer aujourd'hui dans la vie politique de la France, a affirmé Nicolas Sarkozy.
"Suis-je en droit de m'interroger sur ce qui est fait de la retranscription de mes conversations? Je sais, la ministre de la Justice n'était pas au courant, malgré tous les rapports qu'elle a demandés et reçus. Le ministre de l'Intérieur n'était pas au courant, malgré les dizaines de policiers affectés à ma seule situation. De qui se moque-t-on? On pourrait en rire s'il ne s'agissait de principes républicains si fondamentaux. Décidément, la France des droits de l'homme a bien changé...", a ajouté Nicolas Sarkozy.
Deux jours après les transcriptions par Mediapart des écoutes des conversations entre l'ancien président et son avocat, Nicolas Sarkozy s'adresse directement aux Français, à trois jours des élections municipales en France.
Sarkozy tente de dédouaner son avocat, Thierry Herzog, de tout trafic d'influence. Il assure que son seul "crime" est "d'avoir été l'ami depuis trente ans d'un avocat général à la Cour de cassation, un des plus fameux juristes de France, à qui il a demandé des avis sur la meilleure stratégie de défense pour son client", c'est-à-dire Sarkozy. L'avocat général à la Cour de Cassation n'est autre que Gilbert Azibert. Les extraits d'écoutes révélés par Mediapart indiquent que Me Herzog fait savoir à plusieurs reprises à l'ex-Président qu'il obtient des informations via Azibert sur les avancées de l'affaire Bettencourt.
Dans un communiqué, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault s'est insurgé jeudi soir contre les attaques, portées par Nicolas Sarkozy, contre le gouvernement et la justice.
"Mettre en cause l'honneur de la justice et de la police est une grave faute morale", écrit Jean-Marc Ayrault.
"Dans un Etat de droit, les juges sont indépendants, et la police agit dans le cadre des lois. Le gouvernement y veille scrupuleusement. La comparaison entre la République française et l'Allemagne de l'Est est insupportable", a estimé le Premier ministre français.
Dans "Le Parisien", le ministre de l'Intérieur Manuel Valls dénonce un propos "infamant pour les magistrats et les policiers de notre pays".