Les élections du 25 mai 2014 en Belgique, dont les résultats officiels ne sont connus que ce lundi après un retard de publication dû à un important bug électronique qui a perturbé le dépouillement, démontrent une fois de plus que le fossé entre les deux principales communautés, est en train de se creuser.
L'Alliance néo-flamande (N-VA) avait mis la barre à 30% qu'il lui serait nécessaire d'atteindre pour être incontournable à la formation d'un gouvernement pour participer à la gestion du pays, tant au fédéral qu'au niveau de la région. Bien que les sondages lui prédisaient un échec et un score de 28 à 29%, le parti dirigé par Bart De Wever a atteint les 33%, ce qui veut dire qu'un flamand sur 3 lui fait confiance.
Pendant ce temps, le Parti socialiste (PS), formation dont est issus le Premier ministre sortant, Elio Di Rupo, déclarait aussi vouloir atteindre 30% de votes dans la communauté francophone pour continuer à participer à tous les niveaux de pouvoir et revendiquer de garder le poste de Premier ministre. Pari réussi, même si les résultats du PS sont un peu inférieurs à ceux de 2009.
Le problème est que la N-VA a déclaré qu'en temps de victoire, elle ne gouvernerait pas avec le PS, celui-ci tenant le même langage et de déclarer qu'il souhaitait continuer à exercer le pouvoir mais à aucun prix avec la N-VA.
Comme on le voit, on se dirige à nouveau vers un blocage et pour de nombreux observateurs le spectre de 2009 plane. Nombreux sont ceux qui craignent que se répète le scénario de 2009 quand la Belgique est restée 541 jours sans gouvernement.
Comme l'a déclaré hier soir, Bart De Wever, "il y a 2 démocraties différentes, entre lesquelles il y a un fossé de plus en plus grand". Il y a un point sur lequel les deux hommes forts du pays sont d'accord, à savoir, aller vite pour former un gouvernement.
Selon la tradition, le Roi des Belges doit désigner comme candidat à la formation du gouvernement, le leader de la plus importante formation du pays. Bart De Wever et Elio Di Rupo se sont déclarés être chacun leader de la formation politique la plus importante du Royaume.
Isabel Albers, du Tijd, relève que Bart De Wever ne s'est jamais exprimé de manière aussi modérée que dimanche soir après son succès. Cela traduit, selon elle, l'évidence que le roi Philippe va laisser l'initiative au chef de file de la N-VA. Elle estime que les partis francophones feraient mieux de considérer sérieusement le signal fort donné par les électeurs flamands. "Ils devraient se rendre compte que, de façon assez paradoxale, afin de sauver la Belgique, ils feraient mieux de donner toutes les chances à la N-VA pour former un gouvernement".