Lors des élections au Parlement Européen qui se sont récemment achevées, le parti d'extrême droite du Front National, qui a remporté près de 25% des voix en France, est devenu la plus grande formation politique française au Parlement Européen. Les deux autres partis traditionnels du pays, l'UMP et le Parti Socialiste, n'ont recueilli respectivement que 21% et 14 % des votes. Un résultat pareil, qui va sans doute créer une forte onde de choc dans la politique française, aura des répercussions durables.
Pour le Parti Socialiste au pouvoir (PS), les résultats des élections au Parlement Européen constituent un désaveu cinglant, à tel point que, dans l'arène politique, certains ont d'emblée affiché leur scepticisme quant aux capacités de François Hollande à gouverner, invitant même celui-ci à démissionner. Depuis 2012, quand celui-ci a accédé à la présidence, la France n'a guère fait de progrès significatifs en matière de réformes économiques ; en 2013, sa croissance n'a été que de 0,3% seulement. Et le taux de chômage est encore particulièrement élevé : selon les dernières statistiques du Ministère français du Travail, le nombre de chômeurs en France a atteint 3,36 millions en avril de cette année. Sur ce sujet, la réponse de François Hollande consiste à continuer à promouvoir les réformes du gouvernement et les changements à une économie française dont la situation est figée.
Cependant, en ce domaine, il y a loin de la coupe aux lèvres. Une partie de la politique du Gouvernement socialiste au pouvoir, en particulier les plans de coupures massives adoptées pour les dépenses publiques 2015-2017 ont suscité un mécontentement chez certains, qui exigent des changements. À cet égard, hier, le Premier Ministre Manuel Valls, qui s'est exprimé devant l'Assemblée nationale, a souligné que les principes déterminés précédemment ne changeront pas : l'objectif reste toujours d'améliorer la compétitivité, d'accroître les profits et de réduire le chômage, mais il faut également faire baisser les déficits et la dette. Face à cette crise de confiance, l'attitude de Manuel Valls consiste à affronter la réalité et apporter des réponses efficaces.
Quant à la deuxième plus grande force politique de la France, l'UMP, elle est aussi plongée dans une crise de confiance. Depuis quelque temps, la direction du parti fait face à des problèmes de désunion et, plus récemment, un scandale financier a éclaté. Les résultats pour le moins mitigés des élections au Parlement Européen ont été, pour les membres du parti, une nouvelle occasion de manifester leur mécontentement. Sous la pression, Jean-François Copé, son président, vient de déclarer qu'il s'apprêtait à démissionner de la tête du parti à compter du 15 juin.
Le parti d'extrême droite du Front national connait pour sa part actuellement ses moments les plus heureux. Son pourcentage élevé de votes recueillis lors des élections au Parlement Européen non seulement va lui permettre d'améliorer son image en France, mais aussi contribuer à renforcer la puissance des « Eurosceptiques » au Parlement européen. Le Front National est en fait un parti qui se base sur le rejet des immigrés et l'opposition à l'intégration européenne. Si un parti comme celui-ci devenait dominant en France, il est évident que cela aurait alors un impact négatif sur la stabilité sociale dans le pays et sur la construction européenne. Fait notable, lors de ces élections, il s'est avéré que beaucoup de partisans de syndicats ouvriers ont apporté leurs suffrages au Front National. Cela montre que le parti d'extrême droite a réussi son pari, à savoir attirer vers lui les ouvriers de l'industrie française.
La situation actuelle est préoccupante, parce que la France a toujours été considérée comme un promoteur actif de la construction européenne. Si les forces françaises d'extrême-droite continuent leur progression, cela pourrait entraver le processus d'intégration européenne.
La croissance du Front National en France peut aussi changer le paysage politique traditionnel, si sa position en tant que troisième plus grand parti politique de France continue à se renforcer. Certains analystes estiment déjà que sa patronne, la fougueuse Marine Le Pen, a d'ores et déjà pour objectif les élections présidentielles de 2017. En effet, les réformes économiques menées par le Parti Socialiste n'ont pour l'heure pas enregistré de progrès significatifs, et l'agitation interne qui règne au sein de l'UMP va se poursuivre pendant un certain temps encore. Et il est aussi bien difficile de prévoir l'évolution future de la situation lors de la période qui nous sépare des prochaines élections présidentielles, qui auront lieu dans trois ans.
Mais nous croyons d'abord que l'UE ne s'effondrera absolument pas, et qu'ensuite aucune tentative de retour en arrière ne réussira. En ce qui concerne la France, le peuple français doit rester vigilant pour se prémunir contre la montée des idéologies populistes et xénophobes. Cette chose, si éloignée de la tradition française de liberté et d'égalité, est liée à l'évolution future de la France et du processus d'intégration en Europe. Face à la gravité de la situation, le Gouvernement français doit agir.
Par Ren Yaqiu